Interview Auteur (1) — Frédéric Livyns

Première interview du Blog ! Et l’on peut affirmer que j’ai choisi du local pour ce dépucelage.

Plus local que lui, y a pas. Ou alors il s’agit de mon voisin, mais il n’est pas écrivain. J’ai découvert Frédéric Livyns il y a peu et me suis rendu compte qu’il habitait à moins de deux kilomètres de chez moi. Donc en plus de proposer une interview de « terroir », le Blog vous propose une interview d’un auteur local (région du tournaisis, en bordure de Lille Métropole). Que demande le peuple ? Quoi ? L’interview ? Ok, ça vient !

Attends, tu ne connais pas Frédéric Livyns ? Didju ! T’es une guerre en retard tizote ! Cet auteur n’est sur le circuit que depuis 1998 et plus d’une trentaine de romans à son actif (les Contes d’Amy, prix Masterton 2012 rien que ça, Sutures, Le Miroir du Damné coécrit avec J.B. Leblanc,…). Et tu ne le connais pas ? Pas grave, je ne l’ai découvert qu’il y a quelques jours donc t’es à moitié pardonné ❤

Une belle rencontre que ce fut, avec de franches rigolades, des moments d’explications intenses sur les hauts et les bas de sa carrière, des trucs et astuces dans le monde de la littérature (en plus de savoir que, comme ailleurs, c’est un monde de requin pour ceux qui croient que le milieu littéraire est peuplé d’Elfes et de Fées), et j’en passe et des bons moments, sans oublier les frites et la bière. Je suis très fier qu’il soit le premier auteur questionné sur Évasion Imaginaire !

Vous trouverez ci-dessous l’intégralité de l’interview Imaginafrite, en espérant que vous prendrez plaisir à lire jusqu’au bout 😉

 

  • Peux-tu te présenter brièvement, entre deux frites, pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas et dans quel genre littéraire t’inscris-tu ?

Alors, je suis un auteur belge spécialisé dans le Fantastique pour adultes et maintenant pour enfants aussi depuis deux ans. Je vis en Belgique (Espierres) avec mon épouse et mes trois enfants.

  • Pourquoi avoir choisi ce genre littéraire en particulier ?

C’est lui qui m’a choisi ! Vers l’âge de douze ans j’ai découvert Serge Brussolo et Graham Masterton. J’ai eu le coup de foudre et j’ai voulu faire éprouver aux lecteurs les mêmes sensations que j’avais éprouvé en tant que lecteur.

  • À quel moment as-tu commencé et quel type de texte écrivais-tu ?

Vers douze ans. Mon premier texte était un poème qui s’intitulait « Ode au Canal » par rapport au canal où j’allais toujours lire en été. Un texte qui n’avait rien de fantastique. J’ai fait plein de petites histoires fantastiques par la suite et de fil en aiguille j’en suis venu à écrire des romans. 

  • Quels étaient les œuvres ou les auteurs t’ayant le plus inspiré ?

Graham Masterton, Serge Brussolo, Jean Ray, Thomas Owen pour le versant belge (principalement Jean Ray d’ailleurs) et puis plein d’autres comme King ou Lovecraft. Il y a du classique aussi ou de la philosophie avec Kierkegaard par exemple. Je me nourris d’un peu de tout en fait. 

  • As-tu un rituel avant d’écrire ? Dans quel cadre écris-tu ?

J’écris un peu partout. Je peux écrire dans le bureau, dans le train, au travail,… La condition sine qua non pour écrire c’est que j’ai de la musique. Je n’écoute que du métal. Il me faut toujours un mur de son pour pouvoir m’isoler complètement du monde extérieur pour pouvoir coucher mes histoires. Par contre pour les corrections, il faut le silence total.

  • Alors, ces frites ?

Excellentes ! Comme d’habitude. Il faut dire que JPM c’est une très bonne friterie. (rires)

  • Le moment qui t’as le plus ému dans ta carrière d’auteur ? Le moment le plus embarrassant ?

Le moment qui m’a le plus ému c’est lorsque mon premier bouquin est paru en 1998, parce que c’était la première fois qu’un éditeur croyait en moi donc voilà, c’est émouvant, c’est ton premier bébé. Même si chaque livre publié est émouvant, le premier a une saveur spécifique. 
Et le plus embarrassant, c’est comme ce que je t’expliquais tantôt avec le lecteur qui vient le dimanche pour demander à se faire rembourser le livre parce qu’il ne l’a pas aimé. 

  • Arrives-tu à concilier facilement vie d’auteur et vie privée/professionnelle ?

C’est un numéro permanent d’équilibriste. J’ai une épouse qui est chanteuse et part tous les vendredis en répétitions. On trouve toujours l’équilibre entre nos deux passions, entre la vie de famille, la vie professionnelle à tous les deux. On s’arrange toujours. C’est difficile mais on y arrive.

  • Qu’est-ce qui te fascine dans l’univers de la littérature de l’imaginaire, pourquoi est-ce un genre mal-aimé selon toi ?

Ce qui me fascine le plus c’est l’infinitude des possibilités. C’est l’évasion sous tous les angles. Y aucune limite dans l’imaginaire et c’est ça que j’adore !
Un genre mal-aimé ? Je trouve que c’est la société un peu hypocrite dans laquelle on vit. C’est considéré comme un sous-genre littéraire alors qu’il y a énormément de Blockbusters au cinéma qui attirent les foules. Donc un sous genre littéraire, je trouve que c’est un faux débat. Je connais beaucoup de pseudo grandes œuvres littéraires qui sont à vomir et de belles œuvres de l’imaginaire qui sont vraiment bien stylisées, bien écrites, riches, profondes, avec de la réflexion,… Faut pas forcément faire de la littérature dite blanche pour avoir quelque chose d’intéressant à lire. On peut faire passer un message dans tous les genres de littérature. 

  • Penses-tu que la place de l’auteur dans la société actuelle est bien évaluée, ou, au contraire, dévaluée ? Et que changerais-tu ?

(Moment de réflexion) C’est quelque chose qui évolue. Je crois qu’il n’y a jamais vraiment eu de place attitrée pour les auteurs, dont certains que l’on considère comme géniaux, comme par exemple Lovecraft dont tu parles sur ton Blog qui est mort dans la misère avec un nombre très réduit de lecteurs. Je veux dire, c’est tellement aléatoire, tellement de facteurs qui rentrent en ligne de compte. Pour moi, un auteur doit d’abord se contenter d’écrire, essayer de faire rêver les personnes qui le lisent, et sa place viendra toute seule, en espérant que cela ne soit pas forcément à titre posthume. (rires) 
Que faire pour y changer ? Il n’y a rien à faire. Nous sommes dans un système d’édition mercantile, dans un système d’édition où les mêmes têtes de gondole reviennent souvent dans le but de faire du fric, où on essaie très rarement d’apporter du sang neuf. Donc tant qu’on reste dans un système basé sur le capitalisme, y a rien qui changera. 

  • Si je te dis « l’imaginaire est un lieu, l’évasion en est le voyage » (devise du Blog), cette citation s’inscrirait-elle à travers tes romans ?

Oui, tout à fait. Oui parce que c’est l’inspiration qui t’aide à façonner des univers, donc à partir de là tu permets à des personnes d’y entrer, et une fois qu’on y est entré on peut voyager partout où l’on veut. C’est tout à fait vrai.

  • Quels sont tes projets littéraires dans les semaines, mois qui viennent ?

Oh punaise, t’as une heure devant toi ? (Rires)
Actuellement, nous sommes occupé sur un roman à quatre mains avec Anthelme Hauchecorne basé sur le Nécrophobe de Thomas Edison. 
On jette les bases d’un nouveau roman avec J.B. Leblanc qui est le coauteur du « Miroir du Damné ». 
On est bien avancé dans un roman avec un autre auteur qui s’appelle Jess Kaan, qui est un roman assez dingue, où le mot d’ordre est NO LIMIT. 
Il y a un roman écrit avec Sébastien Prudhomme-Asnar qui a été envoyé en soumission à une maison d’édition. 
Il y a un autre recueil de nouvelles fantastiques qui a été envoyé à une autre maison d’édition.
Il y a un recueil de nouvelles qui est en cours de rédaction pour une maison d’édition qui me l’a demandé et dont la parution est prévue pour septembre donc j’ai intérêt à ma dépêcher un peu. 
Il y a les « Petites histoires à faire peur, 2 » qui devrait normalement paraître en novembre 2018. 
Il y a « Sang du passé » qui paraîtra dans le dernier trimestre 2018 aux éditions du Petit Caveau, je vais bientôt commencer les corrections.
(Reprend son souffle)
Et il y a le film basé sur la nouvelle « L’Ami » qui sera en tournage courant de l’année. 
Bref, je ne chôme jamais. 

  • Si tu ne devais sauver qu’un seul de tes livres, lequel serait-ce ? Pourquoi ?

(Rires) Ah la question vache ! Allez, un seul de mes livres, je dirai : « Les petites histoires à faire peur ». Parce que même si c’est pour les enfants, c’est justement les histoires écrites pour les miens donc forcément. 

  • Comment essaies-tu de convaincre une personne d’acheter ton livre en salon ? Quels arguments utilises-tu ?

Je parle simplement de mon livre, de ce que je mets dedans et du genre que la personne va trouver dedans. Je parle honnêtement au lecteur, je n’essaie pas de vendre le livre, je PARLE du livre. Si le livre parle au lecteur, le lecteur l’achètera. S’il ne lui parle pas, peut-être que ce ne sera qu’un coup reporté, peut-être que ça ne se fera pas, ce n’est pas grave. 

  • Est-ce difficile d’avoir de la visibilité en salon au milieu de tous les autres auteurs et d’accrocher le lecteur potentiel ?

Ce n’est pas ce qui est le plus facile. Moi je me contente de rester debout (parfois assis quand je commence à fatiguer), je souris aux gens, je leur dit bonjour, ils regardent mes couvertures (la couverture c’est le premier contact que tu as avec le lecteur). Donc si la couverture plaît et que la personne s’arrête, tu leur dis que s’ils souhaitent des explications tu es là. Si elle en veut, tu lui donnes, tu crées un lien ou pas, et si elle en veut pas ben voilà, c’est tout. C’est pas quelque chose d’évident. 

  • Quel salon préfères-tu et pourquoi ? Lequel tu souhaiterais absolument faire ?

Il y a les Halliennales à Hallennes-lez-Haubourdin, le salon du Polar à Noeux-les-Mines il est génial aussi, il y a Trolls&Légendes qui est un incontournable.
Lequel je rêve de faire ? Bonne question. Ce serait dans une énorme convention mais ça ce sera quand je serai traduit en Anglais dans 250 ans. (Rires)

  • Quel conseil souhaites-tu donner aux jeunes auteurs en herbe qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’écriture et de l’édition ?

Tout simplement, comme je le disais tantôt, écrire. Tout le temps, dès que vous en avez l’occasion. Écrire c’est une gymnastique, ce n’est pas qu’un don inné, cela se travail. Lire énormément également pour continuer à se nourrir. Pour pouvoir bien écrire, il faut lire beaucoup. Et l’autre conseil aussi c’est avoir de la patience. Le milieu de la littérature n’est pas un milieu Bling-Bling où l’on réussit du jour au lendemain en sortant un Single qui casse la baraque. Donc il faut avoir de la patience, et surtout de la remise en question. Accepter le regard des autres et prendre du recul. Ce n’est pas toujours évident pour des passionnés mais il faut travailler là-dessus. 

  • Frites belges ou françaises ? Avec ou sans mayo ?

Bah, mayo et frites belges hein, y a pas photo ! (Rires)

  • Quelle bière belge ?

La Moinette, car c’est près de Tourpes, là où j’ai grandi donc voilà. 

  • Une autre spécialité belge ? Laquelle tu préfères ?

Le stoemp ! Et les boulettes à la liégeoise ! C’est bon ça !

  • Une devise ?

Tout vient à point à qui sait attendre. 

  • Où peut-on te retrouver prochainement en dédicace ? Les salons belges te tentent-ils ?

Je fais autant de salon belges que français, ce n’est pas la situation géographique qui fait la qualité d’un salon. C’est l’ouverture du public, des organisateurs et des auteurs qui font la qualité d’un salon. En Belgique il n’y a pas forcément moins de moyens qu’en France, regarde La Foire du Livre de Bruxelles, Mon’s Livre, Trolls&Légendes, Les Anthinoises, il y a de très beaux salons en Belgique. 
Pour les dédicaces, je serai le 23 et 24 février la Foire du livre de Bruxelles, le 26 mars je serai en conférence à la librairie Papyrus à Namur, je serai le 4, 5, 6 et 15 avril au BIFFF (Festival international du film fantastique de Bruxelles). Il y en a d’autres mais se sont les plus proches. 

  • Une différence entre le public littéraire belge et français ?

Oh mon Dieu, les deux sont aussi ouverts. Y a beaucoup d’auteurs français qui disent que les belges sont plus accueillants. Beaucoup d’auteurs français disent ça. Pour moi personnellement, je ne vois pas de différence. Je reçois un bon accueil des deux côtés donc voilà. 

  • Un dernier mot pour les lecteurs ?

Un grand merci à toi pour les frites et la bière ! Et pour les lecteurs du Blog, je vous remercie d’avoir lu cet article et de porter un intérêt à mon univers. Merci beaucoup !

 

Si vous avez apprécié cet article (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous avez déjà lu des œuvres de l’auteur, partagez vos impressions !

À très bientôt pour une nouvelle interview Imaginafrite !

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23 réflexions au sujet de « Interview Auteur (1) — Frédéric Livyns »

    1. J’avoue que je ne comprends as comment il arrive à tout gérer et à tout rendre à temps avec son taf et ses 3 enfants. J’en ai qu’un et j’arrive à peine à trouver le temps de lire. Je n’ai même presque plus le temps d’écrire et lui il pond je sais pas combien d’ouvrages par an 😥 lol. Mais c’était un très chouette moment avec lui. Et dire qu’il habite à deux minutes de chez moi ! ^^
      Merci en tout cas 🙂

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  1. Super écrivain et eu la chance de le voir au salon les halliennales, une personne très chaleureuse, superbe découverte !! , tout comme Arnaud Codeville, très bon ( mais avec une petite préférence pour Frédéric lyvins 🙂 )

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    1. Merci ^^ oui beaucoup de recueils de nouvelles horrifiques et pas mal de projets à 4 mains qui ont l’air vraiment sympas. Le Miroir des damnés qu’il a coécrit avec Leblanc sera ma prochaine acquisition et les notes sur ce livre sont vraiment excellentes.

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  2. Southeast Jones avait ces mots pour me présenter Frédéric Livyns :
    « The dark gates of terror est un pur chef-d’œuvre, mais pour tout dire, tous ces livres valent la peine d’être découverts »
    Il m’avait allécher, ton interview fait le reste, la liseuse va bientôt avoir à manger !
    Comment fait-il pour mener à bien tous ses projets Ahurissant.
    J’ai vu sur Facebook que la presse commençait à parler de lui, et que les prix suivent

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    1. Oui j’avoue ne pas savoir comment Fred arrive à tout combiner mais il y arrive. J’avais réalisé la critique de Dark Gates of Terror, c’était un chouette recueil pour ceux qui aiment l’horrifique.
      Oui depuis le temps qu’il est sur le circuit il mérite enfin des prix et de la reconnaissance à travers la presse car je pense que son travail est de qualité. Demande à Southeast Jones il aura plusieurs livres de Livyns en liseuse en SP.

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