Avis Lecture : À l’heure où je succombe (J.-P. Favard)

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Informations :

  • Édition : Séma Éditions
  • Parution : 27 mai 2018
  • Nombre de pages : 170 pages
  • ISBN : 978-2-930880-44-0

Résumé :

« Ils pensaient passer quelques jours loin du monde et des ennuis, mais ils vont devoir faire face au passé… et à bien plus. Apparitions inquiétantes, disparitions inexpliquées et phénomènes étranges vont les pousser à revoir leurs certitudes. Peu à peu, la forêt se referme sur eux, jusqu’à délivrer son terrible secret…

Entre nostalgie et angoisse, un retour aux sources qui s’avère bien plus dangereux qu’il n’y paraît. »

Auteur

« Jean-Pierre Favard est auteur de romans et de nouvelles essentiellement fantastiques où, très souvent, des éléments historiques et/ou ésotériques viennent nourrir une intrigue proche du thriller. Son roman Sex, drugs & Rock’n’Dole a reçu le prix coup de cœur de l’amicale de la Presse Jurassienne 2011. Un autre de ses romans, La nuit de la Vouivre, a, pour sa part, été récompensé par le Prix Masterton 2018 (catégorie meilleur roman francophone). Tous deux ont été publiés par les éditions la Clef d’Argent.

 Il est par ailleurs directeur de la collection LoKhaLe, aux éditions La Clef d’Argent, depuis 2015. » (Séma Éditions)

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Acquisition du livre

Je remercie chaleureusement Southeast Jones pour l’envoi du gros SP de Séma et d’autres auteurs. Découvrir et faire découvrir tout ceci sera un vrai plaisir pour moi. De fait, je suis devenu partenaire officiel de Séma Éditions pour chroniquer leurs bébés. Joie !

« Nous devions chacun vivre avec notre part de responsabilité, de culpabilité. Comme si ton absence ne nous suffisait pas. Comme s’il fallait encore en rajouter. »

Mes impressions, suspens et histoire s’entremêlent

Je lis rarement des thrillers fantastiques, et pour le coup, je suis content de l’avoir fait. Tout d’abord, soulignons le superbe travail de mise en valeur du livre grâce à la couverture du fameux Christophe Huet/Floating Fantask qui avait déjà réalisé de magnifiques illustrations pour le compte du recueil de nouvelles de « Dark Gates of Terror«  de l’ami Frédéric Lyvins.

Cette histoire a déjà existé par le passé sous d’autres noms –> sous le titre « La seconde mort de Camille Millien » (éditions Le Panier d’Orties, 2009) puis au sein du recueil « Le destin des morts » (éditions Lokomodo, 2012). Le récit fait peau neuve en débarquant dans la collection Séma’lsain chez l’éditeur belge Séma.

Le début a des allures de déjà vu : quatre jeunes fêtes la fin de leurs examens dans une vieille maison abandonnée qui appartient à l’un des quatre (Julien). Ce dernier leur cache un secret qui sera à moment donné trop lourd à porter et des phénomènes inexpliqués vont faire leur apparition tout au long du récit. Direct, je me suis dit que l’on partait dans un trip à la Evil Dead (maison abandonnée, quatre personnes (deux hommes et deux femmes) se rendant dans un endroit isolé, phénomènes étranges,…), bref, c’était bien parti. Finalement, on est loin du délire d’Evil Dead.

Le suspens est au rendez-vous, pour ça il n’y a rien à dire. L’auteur à même réussi à me faire douter. Je sortais tranquillement les poubelles la nuit (j’avais lu une partie du livre avant) et j’ai commencé à regarder autour de moi pour être sûr qu’il n’y avait rien ni personne. Loin d’être un froussard (encore moins en matière de lecture), l’auteur aura au moins réussi cela ^^

Le récit est parsemé de légendes locales et l’on va de découverte en découverte sur le fameux secret de Julien, qui revient sur les lieux dix ans après les faits qui l’avaient tenu à l’écart tout ce temps. Tout ceci est super entraînant, avec un rythme soutenu et, comme de nombreux lecteurs le soulignent, il est difficile de lâcher l’affaire une fois entré de plein pieds dans l’histoire. Par contre, j’ai eu du mal avec le dernier quart du livre (notamment avec l’arrivée de Didier). Un gros Bad-trip, une explication historique longue et dont ne voit pas le rapport (sur le moment), une fin qui tombe là, comme ça, avec sa révélation ultime assez bizarre et soudaine.

Pour celles et ceux qui ont du mal avec la violence, les meurtres et le sang, rassurez-vous, il n’y a rien de gore, pas de trippes ou de têtes arrachées, aucun animal n’a été maltraité durant le récit, donc allez-y 😉

« Dans mon esprit, l’ignorance constituait une sorte de refuge, tandis que la connaissance livrait mon âme aux affres terribles des enfers les plus noirs. »

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Les personnages, Julien, ce pauvre gars…

Julien est une victime d’un bout à l’autre de l’histoire. Tout d’abord pour ce qui lui est arrivé étant petit (et à sa sœur surtout, mais vous comprendre en lisant), ensuite parce qu’il est avec une petite amie, Valérie (à qui on a juste envie de lui mettre une bonne paire de claques), qui le rabaisse sans cesse, et parce qu’il va subir les événements tout du long. Sorte de coquille vide qui essaie d’avoir sa place dans ce petit groupe où il y a également Thomas, son meilleur ami, et Lou, la petite amie de Thomas, dont Julien va avoir une attirance de plus en plus prononcée au fil de l’histoire.

Outre ces quatre personnages, l’on vit dans une sorte de huit-clos, donc les personnages secondaires ne sont pas légion. Notons tout de même la sœur de Julien (Camille), Dider (l’amoureux secret de Camille), Thibault (l’amoureux de base de Camille), les gendarmes inutiles et la vieille qui tient son échoppe en ville. Quelques mentions aux parents de Julien mais rien de plus. Bien que le personnage de Lou soit vraiment intriguant, comme je l’ai mentionné, Julien subit les choses. Thomas est un buveur d’alcool et fumeur de joints invétéré et Valérie est le prototype même de la femme aigrie avant l’âge et qu’il faut abattre avant qu’elle n’empoisonne ceux qui l’entourent…Ahem…pardon…

Dans un texte relativement court (un peu plus de 160 pages) dans lequel l’on accorde pas mal d’importance aux légendes des lieux et où il faut essayer d’expliquer certains événements qui sont, de fait, inexplicables, les personnages sont relativement peu développés dans leur psychologie. Outre la torture mentale de Julien et le côté mystérieux de Lou, les deux autres sont des clichés vivants, et le reste n’est pas suffisamment présent pour être développé plus en profondeur.

« Nous étions dans une sorte de fort inexpugnable. À bord d’un navire cinglant vers le grand large. Héroïques aventuriers aux panaches multicolores. Vies rêvées d’enfants au quotidien si bien protégé. Mais tu avais grandi. Je t’avais vue m’échapper. Devenir une femme alors que moi je demeurais un enfant, à mille lieues de tes nouvelles préoccupations. De tes désirs. De tes amours. »

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Ce que j’ai aimé

  • Une écriture fluide, efficace, visuelle et transmettant à merveille les émotions et les sensations des personnages.
  • Le suspens, certainement LE point fort de ce livre. Très réaliste et immersif.
  • Difficile de lâcher l’histoire une fois prise en main. Elle est prenante et on souhaite vivement savoir ce qui se passe après chaque découverte.
  • On en apprend plus sur les légendes locales et notamment sur les druides de l’époque gauloise (l’histoire se situe non loin de là où Vercingétorix a livré l’ultime bataille des Gaulois face aux Romains).
  • Au-delà du suspens et du côté historique, c’est le côté vieux film d’horreur vintage qui fait plaisir et qui transpire à travers la lecture.
  • Une histoire horrifique qui peut plaire aux personnes qui ne sont pas fan de morts tragiques et de boucheries de tueurs en série. Il est accessible à tous.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • La taille relativement courte du récit est l’un de ses plus gros défaut dans le sens où l’auteur doit aller à l’essentiel et ne développe qu’assez peu les personnages (hormis Julien et Lou).
  • Personnellement déçu que l’histoire ne soit pas un peu plus « horrifique » mais cela n’engage que moi. Amateur de grands frissons, d’actions et d’écriture nerveuse, je n’ai pas eu mon comptant de sang. Je souligne dans les + son accessibilité et, je ne nie pas, cela est sympa d’avoir quelque chose de plus « léger » dans une histoire Fantastique. Mais pour moi il manquait ce côté horreur avec meurtre ou décès de façon inexplicable et violente.
  • Ce dernier quart quoi…un Bad-trip, une longue explication historique et enfin le dénouement qui tombe un peu de nulle part. Autant j’ai été convaincu par les 3/4 du livre pour les raisons citées plus haut, autant ce Ending m’a laissé sur ma faim. D’autres crieront très certainement au génie et auront adoré ce dénouement. Personnellement, j’aurai peut-être bien vu ça dans un film, mais à la lecture je n’ai pas adhéré (ou en tout cas pas à 100% car le Bad trip était encore cool).

Conclusion

L’un des derniers bébés de la maison d’édition belge Séma Éditions est porteur d’une promesse claire –> le suspens jusqu’au bout. Un petit livre d’angoisse qui rappellera aux nostalgiques les bons vieux films d’horreur avec maison abandonnée au milieu des bois et phénomènes inexplicables. Le tout porté par les mythologies du Morvan et la plume acérée de l’auteur qui sont de vrais plus dans ce récit. J’aurai pu être entièrement conquis si je n’avais pas été déçu de cette fin un peu étrange et que, au final, l’histoire se révèle moins horrifique que la couverture et le résumé ne le laissaient présager. Goûts personnels oblige, mais pour ceux qui sont friands d’histoires à suspens, teinté de fantastique et d’histoires locales, sans hémoglobine et tripotée de meurtres aussi créatifs les uns que les autres, alors n’hésitez pas, ce livre vous promet un bon moment de lecture.

Note

7,5/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

D’autres avis d’experts, c’est par ici –> Véronique, Mélissa, Aurore Noël,…

8 réflexions au sujet de « Avis Lecture : À l’heure où je succombe (J.-P. Favard) »

    1. Haha, je n’ai pas changé mes habitudes pour autant 😀 vous avez parfaitement raison d’assumer et comme je le souligne, d’autres auront certainement adoré la fin et je le souhaite en tout cas 🙂 Et j’espère un jour avoir la chance de lire la Vouivre (félicitations pour le Prix Masterton au passage 🙂 )

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