
Titre original : 지금 우리 학교는
Titre international : All of Us Are Dead
Pays de production : Corée du Sud
Langue originale : coréen
Réalisation : Kim Nam-soo et Lee Jae-gyoo
Scénario : Cheon Seong-il
Acteurs principaux : Yoon Chan-young, Park Ji-hoo, Cho Yi-hyun, Park Solomon…
Sociétés de production : JTBC Studios et Film Monster
Diffusion : Netflix
Genre : Horreur – Survival – Drama
Durée : 53−71 minutes
Date de sortie : 28 janvier 2022 sur Netflix
Résumé :
Les étudiants du lycée Hyosan se trouvent coincés dans le campus, ravagé par les zombies. Les derniers élèves survivants à cette catastrophe doivent trouver tant bien que mal un moyen de s’échapper du lycée puis de la ville, alors que les autorités ont déclaré la loi martiale et bloqué tous les accès à la ville. Ils risquent à leur tour de devenir des zombies.

Mon avis :
C’est à nouveau une série coréenne qui anime les passions en ce premier trimestre 2022 et bien qu’elle ait eu moins d’impact comme ce fut le cas pour Squid Game quelques mois plus tôt, la nouvelle série de zombies issue du « Pays du matin frais » aura eu le droit à sa tournée des réseaux sociaux et à se classer parmi les séries les plus vues sur la plateforme au « N » rouge pendant plusieurs semaines.
Le pitch, somme toute classique pour une production audiovisuelle orientée zombie, nous propose de suivre un groupe d’écoliers qui devront faire face à une épidémie terrifiante et qui se transmet extrêmement vite. Pensant d’abord que les zombies ne se cantonnent qu’au niveau de l’école, ils découvriront qu’en réalité, c’est toute la ville qui est menacée. Ils devront se serrer les coudes, combattre ensemble et, surtout, espérer que les militaires ou les secours viendront les récupérer. Entre deux fuites et péripéties qui leur coute en énergie et en membres du groupe, des éléments troublants viennent assombrir un peu plus leur horizon (ATTENTION : SPOILER) comme la découverte de membres de l’école qui ont été infectés et qui semblent se transformer en « hombies », comprenez la contraction entre homme et zombie, c’est-à-dire qu’ils gardent les traits humains et l’esprit clair (en grande partie du moins), mais deviennent plus forts, sentent les odeurs très loin et semblent être immortels. Cette nouvelle donnée va considérablement modifier l’approche du gouvernement et la vision du groupe d’amis face à cette hybridation qui devient une nouvelle menace.

Cette nouvelle série provient, à l’instar de Sweet Home, d’un webtoon nommé « Now at our school » (2009) et s’inscrit dans cette nouvelle mouvance que semble prendre la Corée en matière de zombies depuis le fameux long-métrage « Dernier train pour Busan » et la série médiévale « Kingdom » (chroniqué il y a quelques mois sur le Blog) qui ont réussi à devenir des références dans un genre qui manquait cruellement de souffle. All of Us Are Dead marque en partie ce renouveau ou en tout cas, s’inscrit dans la continuité de ce que la Corée propose depuis quelques années maintenant.
L’histoire, bien que connue, nous offre l’occasion de vivre un huis-clos intense, ponctué ça et là de moments hors de l’école où l’on prend connaissance de ce qui se passe dans la ville, des prises de décisions militaires, de ce que d’autres personnes (souvent des proches des élèves coincés à l’école) sont en train de vivre pendant cette prolifération ou encore des flashbacks de la genèse du virus avec le professeur qui l’a mis au point.

En effet, à la base tout part d’un élément marquant, à savoir le harcèlement scolaire dont était victime le fils du professeur en question, et deviendra l’une des clés de voute pour l’entrée en matière de la série. Le harcèlement scolaire n’est pas nouveau mais a malheureusement pris une autre dimension depuis l’apparition des réseaux sociaux et en Corée comme au Japon, ce phénomène semble être un véritable problème national en plus de la pression sociale qui fait de nombreuses victimes chaque année (je rappelle que la Corée du Sud est dans le top 5 des pays où le taux de suicide est le plus élevé, Squid Game l’avait soulevé très fortement également). L’explication du virus, bien qu’un peu farfelue de prime abord, reste intéressante et sort des habituels virus de labos gouvernementaux s’échappant par accident ou par trahison. Un virus artisanal fait maison donc, dans le but de venger et protéger (c’est selon le point de vue) mais pour ne pas tout spoiler je n’irai pas plus loin dans les détails. Sachez surtout qu’il est très virulent, se transmet par voie orale (par morsure donc) ou sanguine (il y aura un bel exemple tout bonnement sournois et pervers pour mettre cette théorie en avant). Le huis-clos qui suit le déferlement de contaminés est anxiogène et nous amène à réfléchir sur certains problèmes souvent éludés dans ce type de scénario comme par exemple faire ses besoins, tout simplement. La constitution d’un groupe de survivants se fait souvent dans des conditions de précipitation et les intervenants sont généralement très différents dans leur façon d’appréhender le danger. La cohésion du groupe sera primordiale mais au-delà de la survie face au manque d’alimentation ou aux morsures, c’est bien le gouvernement et son inaction qui va surtout perturber les jeunes (le sentiment d’abandon, mettre dans la balance sagesse et espoir et lequel est sacrifiable, la perte de confiance de la jeunesse face aux adultes, ce dernier point me rappelle le début du film japonais « Battle Royal » qui opposait la jeunesse au monde des adultes). Beaucoup de questionnements tandis que les organismes et les humeurs sont mises à rude épreuve à chaque prise de décision.

La série traite de divers sujets de société comme la plupart des productions coréennes. Comme je l’ai annoncé plus haut, le harcèlement sera le fer de lance qui amènera à d’autres questionnements comme le rapport entre les adultes et les jeunes, entre l’image de l’école et les problèmes des enfants, entre les riches et les « sangsues » (ceux qui vivent au crochet de la société), les créateurs de contenus pour les réseaux sociaux qui prennent des risques ou qui simulent les événements sans parler des réactions des internautes… La série prend le temps de mettre en avant ces parallèles (et d’autres plus subtiles) pour nous faire réfléchir et nous faire prendre conscience de ce qui est vraiment important lorsque le monde s’écroule autour de nous. On note également un bel esprit de groupe lorsque les éléments perturbateurs sont éliminés, cependant, je reste sans voix face à la débilité (oui, le mot est fort) des personnages lorsqu’il s’agit d’agir seul ou dans leurs décisions ou leurs réactions en solo. Le réalisateur voulait-il mettre l’accent sur « en groupe, on est plus fort » ? Je ne sais pas mais la différence entre l’esprit de groupe et les individus pris séparément est flagrante. De plus, l’acting coréen, avec certains personnages sans cesse en train de surjouer, n’aide pas à penser différemment. Attention cependant, mention spéciale pour le méchant qui, même si le personnage est détestable dès le début, fait un parfait antagoniste, flippant et implacable, qui mettra à rude épreuve le groupe à plusieurs reprises. Il transpire vraiment le danger et dans une série où les zombies sont la principale menace, lui arrive à passer un niveau au-dessus, et ça c’est fort.

La mise en scène et les images qualitatives avec une caméra nerveuse donne une dimension que l’on connaît peu dans les productions avec des zombies. Il y a beaucoup de mouvements, la photographie est belle et la quantité massive de figurants avec la présence de CGI, mais à petite dose, donne de l’authenticité à la série. Les monstres sont eux aussi super bien travaillés visuellement et leurs contorsions suivis de bruits de craquement d’os et sons gutturaux apportent ce côté malaisant et d’insécurité permanent dès que nous sommes en leur présence. Ce que j’ai beaucoup aimé aussi, et c’est ce que je regrette dans beaucoup de films d’horreur, c’est que tout le monde peut mourir. On a aucune certitude sur qui survivra ou non, ce qui ajoute une tension supplémentaire à tout ce décor anxiogène qui ne nous lâche pas d’une semelle. Il y a quelques éléments gores qui viennent souligner l’horreur et la férocité des événements et qui nous rappellent qu’on n’est pas en balade pour une œuvre caritative (vous savez mon amour pour les effusions de sang à gogo) mais là c’est sporadique et c’est tant mieux car cela doit rester accessible à un large public et ne pas se transformer en boucherie gratuite.
Par contre, 12 épisodes entre 53 minutes et 1h10, c’était vachement long et difficile à enchaîner. Alors certes, parfois on râle parce qu’une série ne prend pas assez le temps de poser les bases, ou ne prend pas assez le temps de développer ses personnages… mais là, on traîne parfois un peu trop en longueur sur des éléments qui parfois n’apportent rien. On aurait pu facilement réduire à 10 épisodes de 50min. chacun sans trop de souci. Mais on ne boude malgré tout pas notre plaisir et on y retourne avec enthousiasme à chaque épisode. La fin laisse présager une suite sans trop de difficulté, mais pour l’instant rien n’a encore filtré du côté de nos amis de chez Netflix.

Les + :
- Les zombies, c’est fini. Eh bien non, on en veut encore car le traitement ici de l’épidémie n’est pas sans nous rappeler les précédentes productions de « Dernier train pour Busan » ou encore la série médiévale « Kingdom », avec des zombies très vifs, avec leurs particularités et ce danger constant qu’ils représentent. Comme pour les deux éléments précités, on fait face à une production de qualité et jouissif à regarder dans les moments d’action.
- Une série qui alterne entre moments d’action très nerveux et moments de calme pour reprendre son souffle et réfléchir à un plan, sans pour autant enlever cette pression, cette urgence qui semble nous accompagner à chaque instant.
- La photographie est sublime, le maquillage des zombies est réussi et bien flippant et l’ajout de CGI (rarement frontale) est faite à petite dose, rendant le tout très réaliste et authentique, renforçant le côté horrifique. Les mouvements contorsionnés avec les craquements d’os, les cris et les effets gores sont autant d’éléments qui nous amènent encore un peu plus vers le chaos et la peur.
- Chaque personnage, même si je ne suis pas fan de l’acting coréen prônant souvent la surenchère, a sa personnalité et est bien développé et l’on passe suffisamment de temps avec eux pour ressentir de l’empathie face à leur situation.
- Beaucoup de thèmes abordés comme le harcèlement scolaire, l’utilisation inadéquat des réseaux sociaux pendant cette crise, les choix des militaires (même si on a essayé de les humaniser un peu plus par moment), les différences sociales qui n’arrivent pas à passer au-dessus des difficultés mortelles entourant les protagonistes… Comme Squid Game, on essaie de sensibiliser le public à divers problèmes sociétaux.
- L’antagoniste principal, outre les zombies, réussi à nous mettre mal à l’aise pour les personnages. Une pression constante de sa part et un mental hyper sadique nous fait craindre le pire à chacune de ses interventions.
- Le concept de « Hombies », mi-humains mi-zombies, est une nouvelle corde à l’arc scénaristique et va rebattre les cartes dans la façon de gérer la crise. Ils marquent également la possibilité d’une suite dans cet univers où l’on espère que Netflix signera des deux mains pour ne pas nous laisser dans l’inconnu.
Les – :
- Les personnages dans leurs prises de décisions individuelles ou leur acting parfois surjoué propre aux productions asiatiques. La différence entre prise de décision de groupe et individuelle est flagrante.
- La durée des épisodes, parfois plus d’une heure pour peu d’avancée, c’est trop long. Alors oui, il faut planter le décor, mettre en avant les relations entre personnages et installer leur background, faire des retours en arrière pour expliquer telle ou telle chose, montrer ce qui se passe en dehors de l’école… mais le tout aurait pu être réduit d’1/5ème sans que cela ne porte préjudice (après, je ne suis ni scénariste ni producteur, mais c’est un argument sur lequel tout le monde semble s’accorder). Ça se regarde petit à petit, et pas d’un coup, pour éviter toute forme d’indigestion (sans mauvais jeux de mots).
- Dommage que certaine scènes ne soient pas montrées comme le combat entre les troupes des forces de l’ordre et la horde, une scène qui aurait pu être formidable si on avait osé aller plus loin que la simple suggestion.
CONCLUSION :
Une nouvelle série de zombies made in Korea où l’on va s’intéresser principalement à des étudiants qui vont tout faire pour tenter de survivre à une invasion dans leur école, mais pas que. Suite au « Dernier train pour Busan » ou bien l’excellente série « Kingdom », les producteurs coréens continuent leur marche en avant dans l’adaptation de webtoons horrifiques et avec une certaine qualité, voire une qualité certaine. Là où nos amis américains font du second degré (cfr : « Army of the dead » ou « The dead don’t die ») ou perpétuer une recette maintenant usée (« The Walking Dead » et ses dérivés), les coréens veulent aller plus loin dans le drama et le chaos façon morts-vivants. Sous couvert de messages et thèmes forts (harcèlements, mauvais usage des réseaux sociaux…), la série nous plonge dans un huis-clos asphyxiant qui contrastera avec le chaos qui se passe hors des murs. La maladie se propage à vitesse grand V, des proches meurent, le groupe doit faire face aux différences de chacun et à accepter la perte des membres touchés par l’infection et un méchant semble doucement mais surement prendre la place d’antagoniste principal sans compter la horde de zombies qui ne fait que grandir. Beaucoup de qualités, notamment visuelles, avec un côté très réaliste qui accentue l’effet horrifique, avec des zombies bien dégueulasses sur certains plans et des scènes d’action épiques, le tout ponctué par une approche de mi-humains mi-zombies qui va twister le tout et nous offrir une promesse de suite que l’on espère sans trop s’enflammer (car avec Netflix, on ne sait jamais). Les épisodes parfois trop longs et les choix individuels des protagonistes à la limite du ridicule sont sans doute les éléments les plus ennuyants de cette série mais on passera facilement outre vu le plaisir que l’on a à regarder chaque épisode. Si vous aimez les zombies, cette série risque très certainement de vous plaire sans forcer. Pour ma part, j’ai hâte de voir la suite. Je recommande !
NOTE
9/10
BANDE-ANNONCE
J’ai fini de regarder la série pendant mes vacances, et tout pareil^^ J’ai eu du mal à aller jusqu’au bout, même si la série est très intéressante et très bonne en terme de tension, je trouve que le rythme s’essouffle vite. Des épisodes moins longs et peut-être moins de 10 épisodes, ça aurait suffi.
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Non je n’ai pas spécialement eu du mal mais à enchaîner oui car faut savoir digérer à chaque fois plus d’une heure par épisode surtout quand c’est parfois répétitif. Oui 10 épisodes étaient suffisants. Maintenant j’espère une saison 2 pour voir comment ils vont exploiter leurs idées concernant les mi-hommes mi-zombies 🙂
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