Avis Lecture : La Saga de l’Antevers, tome 1 : Le chevalier à la canne à pêche (Guilhem)

Le Chevalier à la Canne à pêche

Résumé :

Avec Le chevalier à la canne à pêche, nous sommes au cœur de la littérature fantasy. Le monde est peuplé de formes de vies diverses : des fées, des harpies, des gnomes, des farfadets, un dieu, des géants, des morts-vivants, des revenants cycliques, des anges, des humains, des gorgones et un tas d’autres figures indéfinies. Tous ces « gens » coexistent pour le meilleur et le bien pire. Et c’est le grand conflit intercontinental. Un puissant archange œuvre avec ses fantassins et ses angelots kamikazes à envahir le continent sur lequel notre œil se pose. Un Oracle œuvre à le défendre. Un groupe d’hirsutes compagnons et compagnes sont en quête. Et roule le tonnerre de la vie et du cycle de la guerre, ni bons ni méchants, juste… étants.

Auteur, quand Terry Pratchett s’incruste dans le corps d’un enseignant français aux goûts douteux

La rencontre entre l’auteur et le lecteur s’est faite grâce à un concours Babelio Masse critique où l’on pouvait gagner un livre gratuitement par tirage au sort en échange d’une critique dans un intervalle d’un mois après réception. Il s’agissait à l’époque de la Plante Verte et suite à l’envoi d’une mauvaise version du récit, j’allais entrer en contact avec l’auteur. S’ensuivit plusieurs discussions avec celui-ci, la découverte de ses projets et l’évolution de sa nouvelle carrière d’auteur en herbe. Aujourd’hui, je suis fier de dédier ce premier article de blog à Guilhem, qui mérite amplement d’être plus reconnu dans le milieu de la littérature SFFF. Il est évident que si le contact avec l’écrivain et vous passe bien, le voyage dans son univers n’en sera que meilleur.

Acquisition du livre, quand le hasard fait bien les choses

Acquérir un livre fait aussi partie du processus d’évasion, donnera à votre lecture une autre dimension en fonction de comment vous l’avez acheté, reçu,… Dans ce cas présent, je rencontrais pour la première fois Guilhem, après plusieurs mois de discussion via les réseaux sociaux, sur un stand de Troll&Légendes. Quand le hasard (ou le destin, c’est selon) s’en mêle, il vous guide toujours là où il faut. Car je n’avais pas la moindre idée de où il pouvait se trouver. Après de longues recherches, je découvris le maître et nous mangeâmes une frite mayo bien belge et échangeâmes longuement. Une preuve que Guilhem accorde du temps à ses lecteurs, chose devenu trop rare dans un monde où vitesse et productivité sont des mots d’ordre. Bref, après une dédicace, aussi douteuse que l’homme, à l’encre d’or, je repartis avec un exemplaire d’une pépite que j’avais hâte de lire, ne doutant pas de la qualité de l’ouvrage que je possédais.

Titre, couverture et quatrième de couverture, quand une truite sur fond bleu suffit à enclencher la magie.

Certains penseront que mes points de vue ne sont pas vraiment objectifs suite à ce que j’ai détaillé plus haut. Mais c’est ce qui fait la beauté du voyage, il est propre à chacun. Mais même sans connaître l’auteur, j’aurais critiqué positivement cette couverture avec autant de verve.
Autant l’on pouvait discuter de la qualité de l’ouvrage de « La plante verte », autant ELP Edition (éditeur Canadien)a vraiment fait un effort sur celui-ci, que cela soit au niveau des couleurs, de la disposition des éléments graphiques et de la qualité de l’objet/livre avec un carton plus résistant. J’ai l’image de la couverture et de la quatrième de couverture en fond d’écran, et je peux vous assurer que le rendu est top. La truite est sobre et efficace et les reflets de l’eau et la clarté de la lune offrent une note magique à l’ensemble. Le titre, tout comme la plante verte, semble sortit tout droit d’un mauvais film porno des années quatre-vingt, mais ne vous y fiez pas. Le titre est clair, il y aura bien un chevalier assortit d’une canne à pêche. Et quelle canne à pêche ! Bref, la couverture n’est pas mensongère, ni le titre, comme c’est parfois le cas dans certains ouvrages (le titre n’est pas en accord avec l’histoire ou la couverture n’a rien à voir avec ce qu’il peut se passer dans le récit).
Le seul point négatif est la quatrième de couverture. Je trouve personnellement qu’elle ne met pas assez en valeur son contenu. Après, l’auteur est soumis à des restrictions et doit faire un choix mais j’ai l’intime conviction qu’un meilleur résumé derrière le livre inciterait encore plus de personnes à acheter l’ouvrage.

Mes impressions, lorsque c’est encore mieux que prévu 

Si j’étais un teignome, je réagirais de la sorte : « PUTAIN, GUILHEM ! J’AI LES BOULES AU CUL ! POURQUOI T’AS MIS UNE FIN à CE LIVRE BORDEL DE MEEEERDE ??? AVEC QUOI JE VAIS BIEN POUVOIR ME TORCHER LE CUL AUX CHIOTTES MAINTENANT HIN ??? »
Voilà. J’en suis pas vraiment fier. Mais si vous lisez ce livre, vous comprendrez cette soudaine animosité.
J’avais besoin d’une histoire légère car je nageais à l’époque en plein doute. L’ami Guilhem et son Chevalier à la canne à pêche m’attendaient sur ma bibliothèque. Confiant dans sa qualité, j’ai tenté l’aventure de la saga de l’Antévers et en est ressorti ragaillardi, retrouvant la foi dans la Fantasy. Là où j’ai échoué en essayant de lire le maître Pratchett, j’ai adhéré bien plus vite au style de Guilhem. Le récit n’est pas tout lisse. Vous l’adorerez comme vous pouvez le détester (ce dont j’en doute fort). L’auteur joue ici avec les codes de la Fantasy pour offrir un renouveau du genre, une bouffée d’oxygène dans un style surexploité et stéréotypé. Rien que pour ça, pour l’humour distillé à la grosse louche et pour le background solide de l’intrigue, il faut avoir lu ce texte abouti.

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Les personnages, une palette allant du teignome aux anges, en passant par la truite-garou et les revenants

Guilhem touche à de nombreuses « races » et créatures peuplant les différents univers de l’imaginaire. Il en invente de nouveaux aussi, se rapproprie des clichés de Fantasy pour les détourner et en faire quelque chose d’assez énorme en terme d’originalité. Les Elfes, les Humains et les Anges sont un peu les méchants de l’histoire. Mais personne n’est entièrement blanc ou noir, chacun ayant des motivations propre qui donnent du relief à chaque personnalité. La profondeur des personnages est admirablement travaillée et l’on s’attache aisément au petit groupe que forment Sthéna (une gorgone), Prof (un ours super intelligent), At Coum (le teignome), Geungshi (le mort-vivant), Anorin (le revenant) et Sélène (l’héroïne malgré elle). L’évolution des relations dans le groupe, les intrigues à la cour de l’Archange, les péripéties que vivent chacun des protagonistes, modelant leurs personnalités au fil des expériences, sont de vrais points forts, tout en restant light et terriblement humain. Les revenances d’Anorin et son parlé en Alexandrin en fond un personnage unique et drôle, mais l’on pourrait faire cette allusion à chaque personnage du petit groupe entourant Sélène. Big up au chapitre seize avec l’apparition somme toute rapide mais efficace du « pêcheur » qui fut, pour moi, un moment assez hilarant.

Ce que j’ai aimé 

Comme mentionné plus haut, la modélisation des codes de la Fantasy par Guilhem, avec un travail sur la psychologie des personnages remarquable. La solidité du background avec des intrigues, des aventures,… tout ce qui fait normalement un bon livre de Fantasy. On décèle également des pointes d’autres genres comme la SF par exemple. J’ai également fort apprécié la bataille finale (un rajout de dernière minute selon l’auteur). On rit beaucoup, même parfois sans le vouloir. C’est la magie de s’immerger totalement dans l’histoire, une partie de l’évasion qui fait qu’on pourrait presque participer aux événements avec les protagonistes. Et quand c’est bien écrit, on est d’autant plus immergé. Et malgré ces moments où l’on rigole si bêtement que votre compagne (ou compagnon) se demande si elle ne doit pas acheter une camisole, il y a ces moments d’émotions, de tendresse, de peine parfois. Oui, l’ouvrage est très complet pour un tome 1 et même s’il respecte les bases de la mise en place d’un monde et d’une situation qui sera amenée à évoluer dans les prochains tomes, on peut déjà affirmer que ce tome 1, loin d’être ennuyeux, est très aboutit et pourrait presque être un One Shot si la fin n’était pas aussi ouverte.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

Avoir le tome 2, déjà. Mais bon. J’attends. Encore.
Plus sérieusement, j’ai eu un peu de mal sur deux points. D’abord sur la façon d’écrire, surtout dans le chapitre 2, où j’ai trouvé le rythme un peu inégal et difficile d’accès. Surtout quand tu entres dans un nouvel univers et où l’auteur incorpore des histoires de multidimentionnalités, et ça c’est le deuxième point. Les explications de Prof me laissaient vraiment perplexe par moment car cela manquait de clarté. Ces deux points ont finalement peu d’incidences sur la suite, la fluidité de l’écriture et la compréhension du Monde montant crescendo avec la suite du récit.
Les rôles et disparitions de certains acteurs. En effet, le pêcheur, le stratomancien, Tylsä et Dieu n’apparaissent plus du tout à certains moments. J’ai bon espoir de les retrouver dans le prochain tome mais j’avoue que je me posais des questions à leur sujet en refermant le livre.

Conclusion

On pourra toujours remettre en cause l’état d’ébriété de l’auteur lorsqu’il accoucha de cette idée de roman. Pour ma part, il peut continuer à se bourrer la gueule si c’est pour continuer un travail d’une telle qualité. La saga de l’Antévers découle de sa série de Bad Fantasy dénommée DonJon Legacy dont il est le scénariste (n’hésitez surtout pas à jeter un œil, les épisodes sont très courts et de qualité. Une saison 2 est en préparation).
Il ne manque pas grand chose pour que ce titre soit un excellent ouvrage littéraire SFFF. Peut-être quelques pages en plus, quelques explications ou attardements disséminés ça et là pour mieux expliquer certains faits, mieux décrire les créatures lors de la grande bataille, revoir le système des différentes dimensions. Je chipote mais, dans une autre maison d’édition avec un investissement marketing plus poussé, ce livre serait probablement une des grandes surprises littéraires de l’année. Je recommande à tous ce livre, pour qui souhaite une histoire légère mais cohérente et mature, un récit très humain au milieu des monstres, des codes bouleversés par une écriture fluide et hilarante, au final poignant et destiné aux amoureux de Fantasy, mais pas que.

Note

9/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

11 réflexions au sujet de « Avis Lecture : La Saga de l’Antevers, tome 1 : Le chevalier à la canne à pêche (Guilhem) »

  1. Tellement d’accord avec ce que tu dis sur les rencontres avec les auteurs et avec les livres 🙂 ! Pour le reste, je suis intriguée…moi je suis une Fan de Pratchett, du coup tu me recommandes cet ouvrage ou non ? C’est sûr que ta chronique donne envie d’y jeter un coup d’oeil…

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    1. Je ne peux que te le conseiller. Alors ça y ressemble un peu mais ce n’est pas non plus un copier/coller français de Pratchett. J’ai eu du mal à entrer chez Pratchett tellement c’était hors du commun mais je n’avais jamais lu cela auparavant, je retenterai ma chance un peu plus tard maintenant que j’ai plus d’expérience. Mais je trouve le Chevalier à la canne à pêche très drôle et plein de bon sens, avec tous les ingrédients qu’il faut pour une bonne Fantasy ^^ Normalement tu devrais aimer si tu as aimé Pratchett 😉

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      1. Ben écoute j’avais tenté la 8ème couleur mais j’avais pas du tout accroché pour le coup donc j’ai abandonné après deux/trois chapitres. Mais je vais retenter l’expérience prochainement. Merci, je prends note pour le livre ^^

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