Avis Lecture : La saga de l’Antévers, tome 2 : L’annihilatrice à couettes

Informations :

  • Édition : ÉLP Éditeur
  • Parution : Décembre 2020
  • Nombre de pages : 326 pages
  • ISBN : 9782924550588
  • Prix : 4,99€ (Ebook)

Résumé :

Le grand conflit intercontinental continue. Dans le premier tome (Le chevalier à la canne à pêche), un puissant Archange œuvra avec ses fantassins et ses angelots kamikazes à envahir le continent sur lequel notre œil se pose. Un Oracle œuvra à le défendre. Un groupe d’hirsutes compagnons et compagnes est en quête. Et roule le tonnerre de la vie et du cycle de la guerre, ni bon, ni méchant, juste… étant. Or, parmi ces hardis olibrius de choc figure une modeste adolescente avec des couettes, Sélène… C’est elle, l’Annihilatrice, qui confère son titre à ce second volume de la Saga de l’Antévers et dont l’intrigue se déroule autour de cette roussette de douze ans, vivant, au cœur de la tourmente guerrière, au milieu de ses hardis compagnons et compagnes éclectiques, grognards et dépareillés.

Apparaît alors un nouveau venu du nom de Pierre, digne représentant du peuple des pierres qui vit un grave schisme dont Sélène est l’involontaire épicentre. Une faction de ce peuple minéral considère que la jeune adolescente aux couettes est l’Annihilatrice et cette phalange, hautement remontée, entend en découdre avec la frêle demoiselle, avant que son action destructrice ne s’engage dans le torrent des mondes. Mais Pierre se portera à la défense de Sélène, d’où fracture au sein de la gent caillouteuse.

Annihilatrice ou salvatrice, Sélène est engagée dans la tourmente d’un vaste enjeu magique qui lui échappe… car elle aspire plutôt à retrouver Lupin, le chevalier (un petit peu déchu, dans les coins) à la canne à pêche, son grand objet d’amour… Mais ça n’empêche pas le tumulte de la guerre des mondes, l’épique conflit intercontinental qui fait rage, avec ses héros et ses lâches aux couleurs variées.

 » (Pierre, un caillou)- Je t’expliquerai plus tard. Le consensus a été perdu parmi mon peuple. Des factions s’opposent. En fait, il y a toujours eu des divisions. Te rappelles-tu avoir parfois trébuché sur des pierres lorsque tu vivais dans la Réserve ?
(Sélène)- Pas qu’un peu…
(Pierre) – Il s’agissait d’extrémistes, de terroristes qui tentaient d’attenter à tes jours bien que nous n’étions sûrs de rien te concernant. Ils espéraient faire passer ta mort pour un banal accident et surtout se débarrasser de la menace que tu représentais à leurs yeux. »

Mes impressions

Suite de la série « La Saga de l’Antévers » dont le tome 1 fut la première chronique rédigée sur ce Blog 4 ans auparavant, et autant dire que ce livre avait été un vrai coup de cœur pour moi ! Donc, en plus de l’aspect émotionnel, j’attendais ce tome 2 au tournant et j’en espérais beaucoup. 

Nous retrouvons nos personnages là où nous les avions laissés. Lupin, celui qui peut se transformer en truite-garou et qui était lors du tome 1 le « Chevalier à la canne à pêche », se retrouve, après la grande bataille entre l’Archange et l’Oracle, sur le bateau de celui qui lui avait justement offert la dite canne, « Pêcheur ». À son réveil, Lupin apprend que Pêcheur l’entraîne dans ce qui serait probablement sa dernière sortie en mer. Son objectif ultime ? Pêcher le Dieu des mers, rien de moins. Pendant ce temps, l’autre groupe qui a débarqué sur le continent d’Asia après la défaite des Tatars sur Europé, constitué de Sthéna la gorgone sans émotion, Prof l’Ours nandi hyper intelligent, At Coum le teignome vulgaire comme jamais, Geungshi le mort-vivant suicidaire, Anorin le revenant imprévisible et alors Sélène la petite humaine aux pouvoirs bien étranges, cherche après des fragments pour reconstituer un artefact qui pourrait bien mettre fin à la guerre millénaire entre l’Archange et le Magistère. L’Archange justement, qui savoure sa victoire totale sur le continent d’Europé en massacrant les dernières poches de dissidents tatars, va user d’un fabuleux pouvoir pour accroitre la force de son armée et se prépare à envahir le continent d’Asia à l’aide du Stratomancien, un homme aux pouvoirs étranges qui arrive à ressortir de l’ambre des profondeurs des armes jusque-là inconnues et issues d’un autre monde.

Bref, rien que cette petite remise en bouche plus haut vous présente très sobrement le bordel dans lequel vous mettez les pieds. Inutile de vous dire que si vous n’avez pas lu le tome 1, oubliez le tome 2. En effet, le monde mis en place par Guilhem est assez complexe, entre les différentes factions, races, enjeux en place, le concept de l’Antévers, les différentes dimensions,… Vous voyez le tableau.

Le groupe de Sélène, à peine arrivé sur le continent Asia pour se remettre des émotions de la fin du 1er opus, rencontre un personnage peu commun : Pierre, du peuple des…pierres. Ce dernier les averti qu’une partie de ses congénères considère Sélène comme « l’ annihilatrice à couettes » de leur prophétie et veulent du coup la détruire coute que coute car elle apportera la fin des temps sur l’Antévers. Du côté des Tatars, le chef archi-démon, le Magistère, seul personnage aussi puissant que l’Archange, nous fait une crise de je-m’en-foutisme générale et son premier ministre, Panda, a bien du mal à faire prendre conscience que leur situation est désespérée. Pendant ce temps, Lupin, qui n’a de cesse de penser à retrouver sa bien-aimée Sélène, va aider Pêcheur dans sa dernière quête et découvrira que l’océan est plein de surprise (peau de baloches d’oursin pour les parachutes, des espèces de pieuvres buccales pour respirer sous l’eau, une forme revisitée de l’Atlantide,…).

Vous vous dites sans doute qu’il y a suffisamment d’éléments complexes dans ce que je viens de vous relater pour faire sauter la cervelle d’un être normalement constitué. Et vous n’auriez pas forcément tort. Cependant, c’est dans cette complexité et cette créativité que Guilhem déploie tout son talent (bien que ce talent doit certainement être exacerbé par quelque substance illicite dont lui seul a le secret).

Je maintien ce que j’avais souligné lors de ma lecture du premier tome, la plume de l’auteur est ce qui m’a sans doute le plus dérangé avec nombre de phrases compliquées ou tournées bizarrement, cassant en partie la fluidité qui aurait pu s’installer naturellement à la lecture. Autre point déjà souligné mais qui ne concerne naturellement que moi, c’est le concept même de l’Antévers et des différents univers, et plus particulièrement lorsque l’on aborde le personnage de Dieu et de son différend avec d’autres entités où j’ai eu beaucoup de mal à suivre. De plus, les histoires de différence temporelle en tout genre ne sont pas ma tasse de thé (dans cette œuvre ou dans d’autres) même si j’ai apprécié avoir un aperçu de ce qu’a pu être la tribu d’At Coum avant de pratiquement s’éteindre (et pourquoi). Autre point que j’ai boudé c’était l’humour qui était pourtant le point fort du tome 1 et qui ici a un peu manqué par moment ou était posé différemment (la nonchalance du Magistère m’énervait plus que ça ne me faisait rire, sauf à la fin lorsque l’Archange se méprend sur son attitude) et ne m’a peut-être pas forcément autant touché. À noter que la surprise ne faisait plus forcément effet après la lecture du tome 1, ce qui a pu modifier ma façon d’apprécier l’humour de ce deuxième tome.

Attention, je vous vois venir, il a naturellement des points positifs et comme je le mentionnais plus haut, il s’agit principalement de la créativité de l’auteur. Bien que j’ai du mal avec les délires multidimentionnels, nous pouvons citer les races, les personnages et autres quêtes farfelues comme autant de bonnes surprises et il est intéressant de voir le tout se combiner le temps d’un récit. J’ai bien aimé également le petit clin d’œil à l’Orc Utz, personnage récurrent de la série « Donjon Legacy », une websérie portée par le même auteur que la Saga de l’Antévers. Autre point que je souhaite souligner et qui était également un point fort dans le tome, c’est les scènes de batailles et notamment le dernier quart où ça part en semoule dans tous les sens, et ça on aime ! Les personnages, enfin, qui restent attachant quoi que j’aie été assez déçu de Pêcheur (il m’avait tant fait rire sur le tome 1) mais les liens qui se créent entre eux, plus forts qu’avant, les réincarnations d’Anorin, les envies suicidaires de Geungshi toujours aussi hilarantes quoique son personnage évolue drastiquement en cours de route, Sélène nous fait une crise d’adolescence (à 12 ans, oui, oui), At Coum est un peu moins présent pour la sauvegarde de notre santé mentale mais le peu qu’on lit sur lui est toujours très bon, Prof toujours plus pensif et Sthéna toujours de marbre (le pire, c’est que c’est très drôle). De nouveaux personnages sont présents mais j’aime bien cette équipe de bras cassés qui deviennent les héros incertains d’une histoire qui leur échappe complètement.

Si vous n’avez pas lu le tome 1, je vous invite à aller sur Youtube, les acteurs de « Donjon Legacy » se sont réunis pour lire le texte en audio pour toute personne souhaitant découvrir cet univers. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=LbS0jW9G4yo&t=111s

Voyons plus bas les + et les – de cette lecture :

« Le teignome, pour la onzième partie en onze jours, renversa le plateau de jeu.

– RHAAAA ! MERDE ! J’VEUX JOUER À UN VRAI JEU ! J’EN AI MARRE DE CE PAYS DE CONS ! LÀ, FAUT RÉFLÉCHIR POUR GAGNER ! C’ESR CHIANT !
– De fait, tu triomphes aux jeux où le hasard/Est une composante qui supplante tes tares.
– HEIN ? QU’EST-CE QUE TU BARAGOUINES ? C’EST TOI LE TÉTARD, GROS BÂTARD ! »

Ce que j’ai aimé

  • Les personnages, toujours aussi attachants et qui pour certains évoluent de façon totalement inattendue. Les liens sont plus forts et tous ne ressortiront pas indemne de cette expérience.
  • La créativité, mainte fois saluée tout au long de cette chronique, de l’auteur et de cet univers à part qu’il a su mettre en place. Au-delà des thèmes de mutlivers auxquels je n’ai que peu adhéré, c’est surtout le côté « No Limit » de l’imagination de l’auteur que je souhaite saluer.
  • Le petit clin d’œil à la websérie avec un personnage (Utz), je vous invite à la découvrir pour vous imprégner de l’humour et de l’univers que l’auteur a voulu mettre en place.
  • La fin totalement épique où ça part dans tous les sens. L’un ou l’autre moment d’action intense mérite également d’être souligné comme le combat entre Pêcheur et le Roi des mers ou quand Sélène et At Coum font face à une tueuse sans pitié.
  • Un retour dans le temps nous permet d’avoir un aperçu de ce qu’a pu être la tribu d’At Coum et d’en savoir plus sur le passé de Sthéna. Des éléments qui nous permettent d’un peu mieux cerner les deux personnages et d’en apprendre plus sur l’extinction de la race des Nains.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • La surprise du tome 1 est passée, les traits d’humour ne font plus autant mouche qu’avant, ou peut-être est-il différent, mais quoi qu’il en soit, j’ai moins ris que dans le tome précédent.
  • La couverture du tome 1 dont j’avais fait l’éloge a été remplacé et les tome 2 est plus ou moins dans la même veine. Je ne suis pas fan de ce changement de cap.
  • Le multivers, notamment dans la création de l’Antévers, m’a un peu perdu. Je ne suis pas grand amateur de l’idée de base (dans ce texte ou dans d’autres), et quand on y ajoute la folle imagination de l’auteur, je vous laisse imaginer…
  • La plume de Guilhem qui reste à mon sens un point faible dans le sens où les phrases se veulent parfois trop compliquées, on manque de fluidité dans les syntaxes.

Conclusion

Le tome 1 de la Saga de l’Antévers m’avait tellement marqué que j’en attendais beaucoup de ce tome 2, sans doute un peu trop. Du coup, un brin de déception me cueilli à la fin de ma lecture. Guilhem reprend pourtant une grande partie des ingrédients qui avaient fait merveille dans le tome 1 : humour, imagination sans limite, quête initiatique, combats épiques, bref, tout ce qu’on aime. Mais après la réussite du 1er volet, difficile de surprendre à nouveau le lecteur exigeant que je suis devenu depuis la lecture du tome 1. Un humour qui m’a moins touché (je crois que Pêcheur qui m’a tant fait rire dans le Chevalier à la canne à pêche et le « je m’en foutisme » extrême du Magistère n’ont pas aidé), une écriture peu fluide et un concept de multivers qui m’a laissé sur le côté, des éléments (hormis l’humour) que j’avais déjà souligné dans ma lecture du tome 1. Mais heureusement, le sel de cette histoire n’est autre que ses personnages, tous plus colorés les uns que les autres et ayant tissé des liens depuis leur première rencontre. Les idées totalement farfelues de l’auteur nous rassurent en nous faisant dire que tout est possible dans l’écriture, que l’imagination n’a de limite que celles que l’on s’impose à soi-même, et ensuite les combats de qualité aux allures épiques viennent relever le tout. Même si ma lecture me laisse un goût légèrement amer et nostalgique du 1er volet (ce sentiment résulte peut-être du fait que je ne l’ai pas lu dans les meilleures dispositions), je reste amateur de la proposition de Guilhem et de son répertoire mental totalement décalé. Le twist final est très inattendu et on se demande dans quelle mouise les protagonistes se sont fourrés et quel sera leur sort dans la suite.

Note

7/10  

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

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