Avis Série : Maradona en Sinaloa

Titre original : Maradona en Sinaloa
Genre : Documentaire sportif, mini-série
Directeur : Angus MacQueen
Date de sortie : Novembre 2019
Musique générique : Evolucion Quattro
Chaîne d’origine : Netflix
Nb. de saisons : 1
Nb. d’épisodes : 7
Durée : 28–38 minutes

Résumé :

« Dans ce docu-série, la légende du foot Diego Maradona vole au secours de l’équipe locale de Culiacan, fief d’El Chapo. Peut-être se sauvera-t-il lui-même dans la foulée. » (Sens Critique)

Mon avis :

Superbe mini-série du passage de la star mondiale Diego Maradona au Mexique. Dans le club local de la ville de Culiacan, les Dorados de Sinaloa, on touche le fond. Dans les dernières places du classement de deuxième division mexicaine, lâchés de toute part par les sponsors, la ville traînant comme un sac de plomb son passif avec El Chapo, le baron de la drogue au Mexique, le décor est planté et l’avenir semble bien terne pour ce club qui aura pourtant vu des joueurs tels que Cuauhtémoc Blanco (et son fameux « coup du crapaud ») ou encore Pep Guardiola (sur sa fin de carrière).

Aux grands maux les grands remèdes et lorsqu’un homme susurre à l’oreille du président que parier sur une carte aussi risquée que celle d’El Pibe de Oro, l’homme fort du club n’hésite pas longtemps. Pire qu’une simple polémique, ce choix soulève de nombreux questionnements, à commencer par l’état de forme aussi bien physique que mental de l’ancien champion du monde argentin qui aura brillé par ses frasques et son comportement lors de la Coupe du monde 2018 en Russie, où les caméras étaient plus braquées sur lui que sur l’équipe de l’Albiceleste. Connu pour ses nombreuses addictions, notamment la poudre blanche, certains voyaient  son arrivée comme une façon de terminer sa vie à Sinaloa, plaque tournante de la cocaïne, la substance qui aurait de toute façon fini par le tuer, et que le côté « sportif » n’était finalement qu’une façade.

Je ne vous spoilerai pas le documentaire mais j’ai vraiment été embarqué par cette mini-série, aussi bien par les images (le Mexique, ça dépayse quelque peu), l’ambiance (les chants, la ferveur, les tambours dans les stades), le club et les émotions de tous ceux qui y travaillent, mais surtout j’ai été transporté par la personnalité de Maradona. Mon avis sur ses travers n’a que peu d’intérêt, mais de pouvoir constater comment le rayonnement, la légende qui le suit à chacun de ses déplacements et le charisme de cet homme transcendent ceux avec qui il travail, c’est une expérience rare.  Diego avait remporté une Coupe du Monde, il est celui qui a marqué grâce à « la Main de Dieu », pour beaucoup il était considéré comme le meilleur joueur de tous les temps, il a acquis et mérité le statut de « Légende » du football lorsqu’il était joueur. Ses enjambées et dribbles balle au pieds n’avaient d’égale que ses pas de danse avec les femmes et son caractère et son authenticité était le reflet de tout un peuple. Sa carrière d’entraîneur n’a malheureusement pas reçu le même succès que lorsqu’il était joueur.

Sa carrière en tant qu’entraîneur de l’Albiceleste en 2010, où l’homme était au sommet du swag, L’expérience finira mal. avec une correction reçue par l’Allemagne en quart de finale. Il ne perdra jamais sa volonté d’un jour reprendre les rênes de l’équipe nationale d’Argentine.

La bêtise humaine m’a pas mal secoué, notamment au niveau des journalistes locaux mais également de la presse argentine lorsque Diego est opéré (environs au milieu de la mini-série) et accumule du retard pour reprendre les rênes de l’équipe des Dorados qui l’attend de pieds ferme pour démarrer leur nouvelle saison. Ou tout simplement lorsque son équipe perd un match sous sa houlette. Tout le monde se retourne contre lui, tout le monde rappelle sans cesse son passé, tout le monde le pointe du doigt et j’ai trouvé ces moments aberrants, surtout lorsque l’on sait que l’homme en question essaie de faire le maximum pour se débarrasser de ses vieux démons et de réparer son corps qui subit les conséquences de ses actes passés. Mais la presse et les critiques font également partie du football en général. La vérité d’aujourd’hui n’est certainement pas celle du lendemain et tout ce beau monde est là, au tournant, pour le rappeler à qui veut l’entendre.

La déchéance d’une légende qui aura été à la hauteur de son talent footballistique, des scènes qui auront choqués la presse lors de la Coupe du Monde 2018 en Russie.

Il est vraiment intéressant de regarder et d’analyser l’ensemble des éléments qui entourent Diego et son arrivée chez les Dorados. De son arrivée en trombe avec une foule de journalistes, de l’intérêt nouveau des sponsors en contact avec le président, de ce que Diego essaie d’apporter à cette équipe en perdition pour remonter la pente, les pensées des joueurs, du staff et des supporters, voir des parties de match ainsi que les réactions de chacun au fur et à mesure que la saison avance. On vit le football et on apprend surtout que ce sport, ce n’est pas uniquement le terrain, le ballon et les strasses. Il y a toute une vie, une organisation (le problème des terrains était un bel exemple lors du retour de Diego après ses opérations), une ambiance (les supporters faisant des centaines de km pour soutenir l’équipe),… Beaucoup de facteurs qui entourent le monde du ballon rond sont mis en avant et on se rend compte que le match en lui-même n’est finalement qu’une petite partie visible du spectacle qu’est le sport le plus populaire du monde. Un peu comme lorsque qu’on prend le remonte-pente pendant 20 minutes pour seulement 2 minutes de glisse, on est dans la même idée et ça, trop peu de personnes s’en rendent compte.

Pour le gros joueur de Football Manager que je suis, cette mini-série aura vraiment éveillé en moi cette passion propre au jeu, c’est-à-dire prendre en main une équipe au fond du gouffre (parfois dans des pays exotiques), mettre en place sa stratégie, choisir son staff, gérer les conférences de presse, faire revenir le public dans le stade à force de bons résultats, gérer les transferts sans mettre le club dans le rouge, amener au sommet ce club qui sombrait, déjouer les pronostics et faire taire les critiques. Ce documentaire était, en quelque sorte, un condensé d’épisodes de Football Manager mais dans la vie réelle (c’est là qu’on regrette que le jeu n’apporte pas plus le côté lifestyle en plus de la gestion de son équipe, pour un côté un peu plus Real Player).

Notez également la bande-son, chantée par Evolucion Quattro (Diego Maradona Llego), vraiment entraînante qu’on prendra plaisir à réécouter à chaque nouvel épisode.

Conclusion

Une mini-série de 7 épisodes qui relate le passage de l’une des plus grandes légendes du football, Diego Maradona, dit El Pibe de Oro, dans le club en perdition des Dorados, situé dans la capitale du trafic de drogue. Fausse bonne idée de la part du président ? Simple façade pour cacher une addiction publique qui finira par le tuer pour le bon ? Rumeurs et polémiques grandissent tandis que l’homme fatigué essaiera de revivre personnellement et de faire revivre un club à l’agonie, un club qui n’est que son doux reflet finalement et qu’il espère guérir envers et contre tout. Voir Diego Maradona autrement que par ce que les médias ont montré de lui pendant la Coupe du Monde 2018 en Russie fut une vraie révélation. Le rayonnement de cet homme, sa connaissance du football, l’engouement qu’il attire à sa seule présence, son approche humaine et ses émotions décuplées par les événements font qu’on ne peut rester insensible. Il s’agit également d’une expérience footballistique exotique que ne renierait aucun fan du jeu Football Manager, le documentaire présentant l’expérience de Maradona comme une partie de ce jeu, mais avec tous les aspects humains qui entourent le rôle d’entraîneur et d’un club devenu soudainement le centre d’intérêt de tout une ville, voire d’un pays.

Bonus

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