Avis Lecture : La Mélodie (Emilie Ansciaux/Chris Weyer)

Informations :

  • Édition : Livr’S Éditions
  • Parution : 10 Juillet 2020
  • Nombre de pages : 89 pages
  • Prix : 10,00€ (papier), 1,99€ (Ebook)
  • ISBN : 978-2-930839-80-6

Résumé :

La coutume veut que la première nuit dans une maison représente toujours un moment difficile à passer. Tous les bruits inhabituels se font alors entendre. Craquements, grincements et autres sons angoissants qui font travailler l’imagination et invitent à la psychose. Pour ma part, cette nuit-là s’est déroulée sans encombre, car j’ai un sommeil de plomb, rien ne me réveille, pas même le coq de mon voisin qui a, paraît-il, fêté le lever du soleil à 7h09. Non, la première nuit j’ai dormi comme un bébé. C’est seulement le lendemain que je l’ai entendue et que tout a commencé…

Emilie Ansciaux
Chris Weyer

« C’est le bruit de la destruction, qui m’apaise et m’indique que je me rapproche de mon but, il ne peut pas en être autrement. »

Mes impressions, de Poco a poco à Crescendo

Cela faisait un temps que je souhaitais découvrir la plume de l’éditrice de chez Livr’S Éditions, Émilie Ansciaux, digne représentante des maisons d’éditions de l’Imaginaire belge au même titre que Séma Éditions. Je voulais même réaliser une interview courant de l’année mais COVID est passé par-là. Ce n’est que partie remise.

Alors, nous voici avec un petit livre dans les mains qui n’a l’air de rien, qui ne fait même pas 100 pages et dont la couverture, bien que dans un style assez sobre, nous montre que sous les beaux aspects de la boîte à musique se cacherait un mal impalpable. De plus, dans ses remerciements, elle mentionne l’ami Geoffrey Claustriaux, digne représentant de la maison d’éditions, et son côté sombre de l’écriture. Les plus assidus d’entre vous se souviendront peut-être la chronique réalisée sur le petit livre « Kidnapping » que je vous invite à (re)lire pour les fans d’horreur, de nazisme et de piñata humaine ❤ Vous vous doutez donc bien que si elle s’est laissée inspirée par lui pour rédiger cette histoire, c’est qu’on n’est pas parti pour cueillir des cerises sur le chemin si vous voyez ce que je veux dire…

On démarre l’histoire sur un banal déménagement d’un appart à une villa dans un quartier sans histoire et où le narrateur, dont on ignore le nom pour que vous vous immergiez encore plus en lui, va nous expliquer presque caisse par caisse sa nouvelle vie. Une musique vient de temps en temps perturber le déménagement machinal de l’homme, célibataire endurcit, qui croit d’abord à la musique d’un marchand de glace. L’autre événement venant titiller ses nouvelles habitudes est la réapparition de son ex, Justine, jolie brin de fille avec qui il a rompu parce qu’elle le trompait avec un collègue. Petit à petit, la folie fait son nid, et l’histoire d’horreur peut démarrer.

Il y a une vraie évolution dans l’histoire et dans les paliers de l’horreur. On ne s’attend pas du tout à ce genre d’écriture, tout d’abord en voyant le livre, ensuite en connaissant un peu le parcours bibliographique de l’autrice (ah il est loin « Doudou, le Petit Dragon qui voulait lire », ah il s’est envolé far away le petit reptile…). Autant, lorsque j’ai lu le livre très trash écrit par Fred Livyns et Graham Masterton, The Dark Gates of Madness, les horreurs que j’ai pu y lire ne m’ont pas choqués outre-mesure car je m’y attendais, autant là, de savoir que c’est une femme qui est capable de jolies histoires pour enfants qui a pondu cela, ça m’a un peu mis mal à l’aise. Pas par rapport à l’autrice, mais bien par rapport aux éléments qui y sont décrits. J’imagine qu’être père a joué un rôle également sur le malaise que j’ai pu ressentir à la lecture d’un chapitre bien particulier, tandis que le reste, bah le trash à l’état brut et sans sentiment, mais pas gratuit non plus.

Je tenais à remercier Ombrebones qui, grâce à sa chronique, m’avait donné très envie de découvrir cette novella Fantastico-horrifique. Vous connaissez mon goût pour le sang à profusion, nul besoin de vous dire qu’ici, j’ai été servi. Donc inutile de préciser que ce livre n’est pas conseillé à tout le monde, public avertit seulement.

« Comme il est doux de se bercer d’illusions pour éviter de réfléchir à ce qui nous fait peur. »

Ce que j’ai aimé

  • La couverture, réalisée par Chris Weyer, est sobre mais nous annonce bien la couleur sur la bivalence du texte. On appréciera le coup de crayon et l’effet d’ombre.
  • Un texte évolutif, où l’on part d’un schéma que l’on qualifiera simpliste, pour passer vers des stades de plus en plus horribles. Cette montée en puissance est un peu comme une montée d’adrénaline. Cette montée est presque palpable tellement elle est forte et bien maîtrisée dans son rythme.
  • De la violence crue, des moments malsains, ce que l’homme est capable de pire en quelques pages. Mon côté sadique fut satisfait.
  • Livre de moins de 100 pages qui peut se lire très rapidement et sa fluidité permet la lecture d’une traite.
  • Une belle écriture, fluide et simple, adaptée à toutes et tous sans être dénuée d’une musicalité entraînante.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • Quelques facilités scénaristiques pour ma part quand à la prise de pouvoir du narrateur sur un corps dans la dernière partie du livre. Je n’ai pas bien saisi comment l’esprit pouvait influer sur le physique. Il faut avoir lu pour comprendre ma remarque mais voilà, je trouvais l’impact de l’esprit dans le monde réel un peu « facile ».
  • En tant que père, un chapitre m’a particulièrement dérangé, ce qui prouve que le passage a été bien écrit et fait appel à nos émotions primaires comme la protection de notre progéniture face au mal. Ce seul chapitre est suffisant pour que cette histoire n’atterrisse pas entre toutes les mains et je vous conseille fortement de vous renseigner avant achat pour ne pas dire que « vous n’étiez pas au courant ».
  • Je suis grand friand d’épilogues et j’avoue avoir ressenti une certaine frustration de ne pas savoir à la fin ce qui se passe pour chacun des protagonistes une fois l’histoire terminée.

Conclusion

Petit par la taille, la plus grande erreur que vous feriez c’est de sous-estimer son contenu. Peut-être ce qui marque le plus dans ce récit c’est la montée Crescendo dans l’horreur, le gore et le sadisme. Loin de pouvoir être mis entre toutes les mains, on ne s’attend vraiment pas à lire ce genre de scènes sanglantes et franchement dérangeantes, surtout lorsque l’on lit les premières pages qui semblent d’un ennui mortel et d’une simplicité déroutante. Mais que nenni mes amis. Encore plus lorsque l’on connaît l’autrice et sa bibliographie. Un texte si court ne permet pas un grand épanchement de ma part pour ne pas trop en dévoiler mais si vous aimer le sang, la folie, que les scènes de viols ne vous font pas pleurer comme on découperait un oignon, peut-être y trouverez-vous un certain…disons…plaisir dans ces scènes particulièrement fortes. Attention que l’horreur n’est pas gratuite et sert un but particulier dans divers scènes bien précises, mais il faut néanmoins avoir l’estomac accroché. Encore une fois, renseignez-vous avant achat car sa lecture n’est pas pour toutes les âmes. Toute l’horreur de l’humanité y est intégré, à vos risques et périls.

Note

8/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

D’autres avis d’experts, c’est par ici –> OmbreBones, Recto-Verso,…

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