La Ferme des Animaux (George Orwell), tout est bon dans le cochon, enfin presque…

Informations :

  • Édition : Gallimard (Folio)
  • Parution : 04/01/1984
  • Nombre de pages : 160 pages
  • ISBN : 9782070375165

Résumé :

« Un certain 21 juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Boule de Neige et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement:
“Tout deuxpattes est un ennemi. Tout quatrepattes ou tout volatile, un ami. Nul animal ne portera de vêtements. Nul animal ne dormira dans un lit. Nul animal ne boira d’alcool. Nul animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux.”
Le temps passe. La pluie efface les commandements. L’âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer :
“Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres.” »

Auteur 

« Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Motihari, Inde , le 25/06/1903
Mort(e) à : Londres , le 21/01/1950
Biographie :

George Orwell, de son vrai nom Eric Arthur Blair, est un écrivain anglais.
Fils d’un fonctionnaire de l’administration des Indes chargé de la Régie de l’opium, il obtient une bourse au Collège d’Eton, la plus réputée des public schools, où il étudie de 1917 à 1921. En 1922, il choisit une carrière militaire afin de repartir en Orient mais son expérience de sergent en Birmanie va le confronter à la bestialité de l’impérialisme britannique et il démissionne en 1927. Il décide alors de se dévouer à l’écriture.

Il vit de petits métiers, à Londres et à Paris (1928), sa santé se dégrade suite à une pneumonie mais il parvient à publier quelques romans dont un livre autobiographique « Dans la dèche à Paris et à Londres » (1933). C’est à cette occasion qu’il prend le pseudonyme de George Orwell.

En 1935, il rencontre Eileen O’Shaughnessy, qu’il épouse en juin 1936. La même année, Orwell, avec sa femme, part en Espagne, avec l’idée d’écrire sur la guerre civile mais aussi de prendre part aux combats contre Franco. Blessé par balle à la gorge, il retourne à Londres et publie « Hommage à la Catalogne » (« Homage to Catalonia », 1938), témoignage de son engagement dans les rangs du POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste), liquidé par les Staliniens.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient producteur à la BBC (1941-1943), puis directeur des pages littéraires de l’hebdomadaire de la gauche travailliste « The Tribune » et se lance dans l’écriture de « La Ferme des animaux » (Animal Farm, 1945), fable satirique qui dénonce le stalinisme. En 1945 toujours, Orwell, qui a démissionné de son poste au Tribune, devient envoyé spécial de « The Observer » en France et en Allemagne, où il est chargé de commenter la vie politique. Il est à Cologne, en mars, lorsqu’il apprend que sa femme, atteinte d’un cancer, vient de mourir.

Il rentre à Londres et entame la rédaction de ce qui va devenir son œuvre la plus célèbre : « 1984 ». En parallèle, à partir d’août 1945, il devient vice-président du « Freedom Defense Committee ».

En 1949, il publie « 1984 », qu’il a achevé à la fin de l’année précédente. Il épouse en secondes noces Sonia Brownell le 13 octobre, alors que, gravement malade de la tuberculose, il ait admis le mois précédent à l’University College Hospital de Londres.

Richard Blair (1944), son fils adoptif est héritier des droits d’auteur de « 1984 ». En janvier 2008, le Times classe Orwell deuxième dans sa liste des « 50 plus grands écrivains britanniques ». » (Babelio)

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« L’Homme est la seule créature qui consomme sans produire. Il ne donne pas de lait, il ne pond pas d’oeufs, il est trop débile pour pousser la charrue, bien trop lent pout attraper un lapin. Pourtant le voici suzerain de tous les animaux. Il distribue les tâches entre eux, mais ne leur donne en retour que la maigre pitance qui les maintient en vie. Puis il garde pour lui les surplus. Qui laboure le sol ? Nous ! Qui le féconde ? Notre fumier ! Et pourtant pas un parmi nous qui n’ait que sa peau pour tout bien. »

Mes impressions, à quoi sert la lutte ?

Ce court roman écrit par le fameux Georges Orwell (que l’on connait peut-être plus grâce à son livre « 1984 ») est une satire de la Révolution russe de 1917 et une critique sur le régime soviétique, ainsi que sur le totalitarisme et même la tyrannie. Il s’agit également d’une dystopie (dans le monde imaginaire décrit par Orwell, l’on tend d’abord vers une utopie puis les événements qui vont suivre vont faire basculer le texte vers la dystopie).

Un peu à la « Jean de la Fontaine », on retrouve ce grand classique qu’est d’utiliser des animaux pour décrire, dénoncer la réalité, des faits et des personnages (contemporains pour l’auteur) pour qu’une moral en découle. Si l’on a fait un peu d’Histoire et que l’on a bonne mémoire, une bonne dose de perspicacité (personnellement je remercie Internet pour m’avoir rafraîchi mes légères connaissances sur ce sujet) permet de distinguer quel animal représente quel personnage historique ou quel groupe politique ou social (Staline, Trotsky, le peuple, les émigrants, le Clergé,…).

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Une vraie force de réflexion transpire de ce texte. L’on sent bien qu’Orwell était un contemporain des faits. Plusieurs idéologies se dégagent et surtout, de nombreuses constatations. Si l’on n’apprend pas à lire ou à écrire, nous serons dominés par plus intelligent que nous sans aucun moyen de nous défendre, le peuple suit les chefs forts même s’ils sont des pourritures, combattre le doute par la propagande, devenir ce que l’on avait promis de bannir, le temps efface les promesses… pour ne citer que ce qui me passe par la tête, là, tout de suite. Même si beaucoup de choses écrites dans ce livre datent d’il y a plus de 70 ans, certaines idées et certaines injustices peuvent encore être pointées du doigt à l’heure actuelle, surtout lorsque l’on parle de politique en général (que je ne citerai pas car ce Blog n’a aucune vocation politique n’est-ce pas ? 🙂 ).

Ce livre se lit rapidement, est composé de 10 chapitres et est à mon avis un Must de la littérature si l’on veut aborder les problèmes politiques et sociaux. Certains regarderont étrangement, mais le livre est classé comme étant de la SF pour son côté dystopique. Toutes les luttes gagnées ne mènent pas au bonheur, même si l’on essaie de vous faire croire le contraire.

Un livre poétique, extrêmement fluide, qui vous fera sourire comme il vous fera douter.

Le livre sera classé comme le 4e meilleur livre dans la liste des cent meilleurs romans de langue anglaise écrits de 1923 à 2005 par le magazine Time. (Wikipédia)

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« 1. Tout deuxpattes est un ennemi.
2. Tout quatrepattes ou tout volatile, un ami.
3. Nul animal ne portera de vêtements
4. Nul animal ne dormira dans un lit.
5. Nul animal ne boira d’alcool.
6. Nul animal ne tuera un autre animal.
7. Tous les animaux sont égaux. »

Les personnages, vive les cochons ! Enfin, méfiez-vous quand même 😉

Ah, les cochons, toute une histoire. Animaux les plus intelligents de la ferme, la révolution sera lancée par le plus vieux de tous, Sage l’Ancien, ou en tout cas, l’idée d’une rébellion viendra de lui .Il est difficile de parler des porcins sans spoiler l’histoire. Juste savoir qu’après la mort de Sage l’Ancien, quelques cochons se dégagent du lot pour mettre en oeuvre les idées du vieux verrat. L’on pense à Napoléon et Boule-de-Neige, fatalement, qui auront des idéologies tout à fait différentes, ou encore Brille-Babil qui sera la tête de pont de la propagande,…

Chaque animal représente un personnage historique ou une partie de la société d’époque. Là encore, difficile de vous expliquer qui est qui sans vous spoiler l’affaire. Mais quelques têtes sortent vraiment du lot comme Malabar le cheval qui donnera le meilleur de lui-même tout au long du récit, porté par sa maxime : « Je vais travailler plus dur« . D’autres encore arrivent à avoir une influence intéressante malgré un rôle moindre comme les moutons représentant le peuple (comme quoi, ça ne s’invente pas). Enfin, il y a l’âne Benjamin, cynique à mourir, qui n’est autre que la représentation personnelle de Georges Orwell.

Puis il y a les humains comme le propriétaire de la ferme, Mr. Jones, personnage sur lequel les animaux se rebelleront en premier. Les fermes voisines ou encore un humain intermédiaire entre la ferme et le monde extérieur vont avoir leur rôle à jouer même si cela paraît discret.

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« Les cochons, à vrai dire, ne travaillaient pas : ils distribuaient le travail et veillaient à sa bonne exécution. Avec leurs connaissances supérieures, il était naturel qu’ils prennent le commandement. »

Ce que j’ai aimé

  • La fluidité du texte, cela se lit très vite et à chaque fin de chapitre, on a envie de savoir ce qui se passe après, comment les choses vont évoluer dans la Ferme des Animaux, quelles décisions seront prises,…
  • La plume de l’auteur. Publié en 1945 après la deuxième Guerre Mondiale, l’on aurait pu croire que le style allait être lourd et parfois incompréhensible. Que néni, camarades. En plus d’un style fluide et d’un vocabulaire très accessible, la poésie des fables découle du texte et enrobe le tout pour lui procurer un véritable charme à la lecture.
  • L’utilisation des animaux pour faire passer une morale ou un message, un grand classique que l’on ne retrouve pratiquement plus sauf dans les BD ou les albums de jeunesse. Puis, bizarrement, on a plus d’empathie pour les animaux que pour les hommes.
  • Les messages véhiculés par le texte. On peut ne pas adhérer, mais l’on peut très bien lire ce livre sans à priori, revisiter une partie de l’Histoire et s’y intéresser, découvrir comment est né le Communisme, comment l’on peut facilement basculer d’une idée d’égalité à un régime totalitaire. Ce livre est une mise en garde.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • Il y a très peu de points négatifs de par le fait que le roman est très court. Ce qui m’a juste dérangé c’est la fin. On ne sait pas ce que chaque animal devient même si l’on peut se l’imaginer. J’ai trouvé, bien que la conclusion fut très bien trouvée, que la fin était trop brutale. Il manque un épilogue, à mon sens.
  • Certains critiqueront le parti prit d’Orwell et pour le côté trop à « gauche » de l’histoire. Ce n’est pas un point négatif en tant que tel, mais certains qui ont des idées politiques bien précises auront peut-être du mal (je ne sais pas, je suppose, mais il faut lire le livre pour apprécier le récit et ne pas tout mélanger, en tout cas c’est ainsi que je l’ai lu).

Conclusion

Sans réels points faibles, cette satire politique qui tire sur la dystopie est une « fable » de l’époque de la révolution communiste de 1917. Les animaux remplacent les personnalités, les hommes n’ont que peu de place et si vous pensez vous battre pour une bonne cause, prenez soin de vous demander si ce qui suivra ne sera pas pire que ce que vous avez combattu. Un Must Have littéraire, facile à lire, accessible et fluide, avec de réelles réflexions sur le communisme et les dérives totalitaires. La description de comment l’on passe d’un rêve utopique à une situation pire que ce que l’on a pu connaître est extrêmement intéressante. Attention aux prises de position politique et ne pas tout mélanger. Lisez ce livre pour ce qu’il est, et appréciez avant tout l’histoire qui vous est proposée.

Note

8,5/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

D’autres avis d’experts, c’est par ici –> Lilitherature, Aelinel,…

26 réflexions au sujet de « La Ferme des Animaux (George Orwell), tout est bon dans le cochon, enfin presque… »

  1. Cela fait très longtemps que je l’ai lu, j’en garde un très bon souvenir, mais ne me rappelle plus de grand chose. Ta chronique me dit de m’y replonger sans tarder.
    De l’auteur, j’avais beaucoup apprécié Hommage à la Catalogne, mais ici, plus de roman, la dure réalité de la guerre d’Espagne. Et un point de vue virulent sur la politique. Ces romans sont très politique, mais Orwell ne ménage aucun camp, je dirai même que la gauche en prend souvent pour son grade. Plus un auteur engagé dans ses idées, que dans un parti.

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    1. Ah ce qui est sûr, c’est qu’Orwell est engagé (je ne pensais pas à ce point d’ailleurs). Il manque des personnes comme lui et au final, il relève un point important, c’est qu’aucun système n’est à l’abri de la tyrannie. Mais oui, replonge-toi dans ce petit bouquin, il est rapide et sympa à lire 🙂

      J’aime

  2. C’est le deuxième livre que j’ai lu de George Orwell (après le classique 1984) et j’aime beaucoup le fait que ce soit des récits qui font réfléchir et font prendre du recul sur beaucoup de choses. Il faudrait que je jette un oeil à ses autres romans, pour voir si je les aimerais tout autant 🙂

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    1. Dans la même veine, il y a fahrenheit 451 de Bardbury que j’ai chroniqué il y a quelques temps qui apporte une réelle réflexion sur le monde et ses dérives. Les deux auteurs sont souvent associés lorsqu’il faut citer des auteurs qui font passer un message de mise en garde sur notre mode de fonctionnement.

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      1. Yes, je l’ai lu mais il m’a moins emballé que 1984, j’ai même été assez déçue … En revanche, j’ai adoré Chroniques Martiennes de Bradbury ! Mais c’est vrai que ces deux livres sont souvent cités avec Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley 🙂

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  3. j’avais lu 1984 bien trop jeune pour saisir vraiment l’intérêt du bouquin, et je ne me suis jamais replongée dans un titre de Orwell. Les classiques font parfois vraiment peur, ou la question n’est pas « vais-je aimer » mais plutôt « serai-je à la hauteur ».

    Toujours est-il que j’ai décidé de relire ces 2 monuments. Un de ces jours!

    Belle critique.

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    1. La Ferme des Animaux est facile à lire, rapide et accessible. Tu ne dois pas te bloquer (sur ce livre en tout cas) à cause d’une mauvaise expérience (mais je comprends). Surtout que le thème est totalement différent. Puis comme je dis, il faut lire le livre pour la lecture proprement dite et apprécier ce que l’auteur propose sans chercher trop loin ^^

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  4. Je me fis depuis une éternité qu’il faudrait que je lise ce classique, sans me lancer, mais je n’avais jamais réalisé avant de lire ton avis lecture les animaux étaient « utilisés » étaient de façon aussi littérale et originale. Ça donne vraiment envie du coup.

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