Interview Auteur (6) — AD Martel

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Mesdames, messieurs, j’ai l’immense joie de vous annoncer une nouvelle interview Imaginafrite sur le Blog (mais manque de bol, on a toujours pas trouvé de frites dans un salon littéraire belge… je… les mots me manquent).

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas le concept, c’est tout simplement une interview d’un auteur, d’un éditeur ou d’un organisateur d’événement, en tête à tête, avec un enregistreur et surtout (si possible plutôt) avec une bonne frite et une bière belge pour la convivialité. Certains d’entre vous ont signalé préférer une interview vidéo et l’idée est à l’étude mais voilà, il faudra attendre encore un moment.

La victime de cette interview se nomme AD Martel (nom de plume bien évidemment). Publiée dans plusieurs anthologies de nouvelles, elle a sorti récemment son premier roman en auto-publication, un élément qui manquait dans la diversité qu’essaie de proposer le Blog à tous ses lecteurs.

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Ce qui frappe aux premiers abords c’est ce petit brin de fille, à la voix aiguë, presque enfantine, mais surtout qui déborde d’une gentillesse rarement vue. Mais ne vous y trompez pas, derrière ce visage d’adorable adolescente qui n’en n’est pas une, se cache une mère de famille à la détermination implacable, dopée d’une motivation qui en saisirait plus d’un et débordant d’une envie pressante de partager son univers à un lectorat de plus en plus nombreux et conquis. Personnellement, dans le numéro 13 de la revue de l’Imaginaire Étherval, j’avais été complètement conquis par sa nouvelle « Une question de point de vue« , jouant habillement avec la chance et la malchance d’un chevalier improbables. 

Je vous laisse à présent découvrir l’univers d’AD Martel que je remercie encore une fois chaleureusement pour s’être prêtée au jeu des questions/réponses et pour sa disponibilité. J’espère que vous en apprendrez pas mal sur cette autrice talentueuse ainsi que sur le monde de l’auto-édition.

Bonne lecture à vous !

  • Bonjour ! Peux-tu te présenter brièvement pour les lecteurs qui ne te connaîtraient pas et pourquoi ce pseudonyme ?

Bonjour ! Alors, je m’appelle AD Martel. Ce pseudonyme est un mélange entre mon prénom et mon nom de famille, d’où les initiales « AD ». Martel est tout simplement le nom de famille de ma grand-mère, que je n’ai malheureusement jamais connue et qui est décédée. C’était donc un moyen pour moi de lui rendre hommage. Mais sinon, dans la vie de tous les jours, je m’appelle Aurore. Pour l’autre initiale, je laisse le lecteur mener sa petite enquête, ce n’est pas un secret, il y a moyen de trouver en cherchant bien.

  • Qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’écrire ?

Mmh, ça va paraître assez cliché mais en fait j’ai toujours eu envie d’écrire. Déjà en primaire j’écrivais des histoires. En y repensant, c’était quand même très drôle parce que je donnais le nom de mes copines à mes personnages. Au fur et à mesure que je changeais de classe et de copines, je changeais le nom de mes héroïnes. J’ai toujours adoré la lecture également, c’était ma passion ! 

  • Quels étaient les œuvres ou les auteurs t’ayant fait aimer la littérature et pourquoi ?

Quand j’étais enfant, j’ai eu un véritable coup de cœur pour Philip Pullman avec « À la Croisée des Mondes ». J’ai adoré et dévoré ce livre. J’étais scotchée à l’héroïne que j’adorais mais que je détestais en même temps car elle a vraiment un sale caractère ! Mais voilà, cette saga m’a emmenée dans de telles émotions que c’est resté gravé en moi, et encore aujourd’hui je le relis. Bon maintenant, je le lis différemment car je ne suis plus une enfant, mais il m’a définitivement marquée.  

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  • Une fois que tu as l’idée pour écrire, comment t’y prends-tu  ? Quelle est ta méthode ?

Alors, je ne suis ni architecte ni jardinière, pour reprendre l’expression de G.R.R. Martin (avec un accent anglais INCROYABLE !). En fait, je me laisse guider par mes rêves. Donc généralement ça commence par une relation entre deux personnages qui finalement évolue d’elle-même. En parallèle, j’écoute beaucoup de musique donc je me laisse vraiment emporter. Une fois que j’ai le concept du roman, j’écris un scénario, assez basique, parce que je fantasme beaucoup sur mes personnages. Une fois le scénario écrit je me lance.  

  • L’auto-édition, pourquoi ce choix ?

L’auto-édition, c’est un challenge que je me lance personnellement. Y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, j’ai publié des nouvelles mais j’ai également suivi des cours d’édition à l’université. Par conséquent, l’idée de gérer la création, de l’écriture, de la recherche de correctrices en passant par la couverture et à la communication, ça me parlait. Je voulais me lancer dans un métier qui me plaisait vraiment du début à la fin car j’ai mal vécu mes emplois précédents. Ce choix est un moyen de m’épanouir, c’est pour ça que j’ai décidé de me lancer à 100% dedans.  

  • Comment est né ton premier roman publié « Les Larmes de Saël ?

Les Larmes de Saël est né d’un pari que j’ai fait avec moi-même. Un certain nombre d’auteurs ont un roman qui les hante, qu’ils réécrivent depuis des années sans en être satisfaits. Et, pour cause, il y a tellement d’affects, tellement de trames et d’aventures qui évoluent au fur et à mesure des années, qu’il devient impossible de l’écrire.
J’en ai eu assez de réécrire pour la centième fois cette histoire et me suis dit : cette fois, je fonce sur une nouvelle intrigue et je ne m’arrête pas en cours de chemin. Je vous ai dit que tout naissait d’une relation. Ici, il s’agit de celle d’Arcana et d’Ashkan. Dans des temps très anciens, de vieilles coutumes (des lois si vous préférez) disaient qu’une femme pouvait sauver un homme condamné à mort en l’épousant. Ce fait historique m’a inspiré l’histoire de ces deux êtres, pourtant foncièrement si différents. J’y ai ajouté des choses qui comptaient beaucoup à mes yeux, comme la tolérance envers l’autre et la dénonciation de la surconsommation. Il ne restait plus qu’à peaufiner le monde, le scénario et laisser Arcana faire le reste (vu son caractère, il ne m’a pas été très difficile d’enchaîner les péripéties). Le Nanowrimo de 2018 a été le point de départ de l’écriture. Pour ceux qui ne connaissent pas, le Nanowrimo est un challenge annuel qui a lieu en novembre. Les auteurs du monde entier se réunissent et se soutiennent pour écrire 50 000 mots. Challenge relevé ! Puis, le temps me manquant, j’ai dû attendre la fin de mon contrat pour terminer le roman. Vous connaissez la suite.

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  • Maintenant que tu as fait ce choix, comment gères-tu ton temps ?

Ce n’est pas du tout évident parce qu’en plus je suis maman d’un petit garçon en bas âge. Finalement, je me fais un emploi du temps qui est assez strict avec un « temps de rattrapage », pour ne pas devenir folle. À la maison, un grand tableau blanc reprend toutes les petites tâches du jour et, chose importante, je barre tout mais je n’efface rien. Ce n’est qu’en fin de journée que je supprime tout. J’y vois deux avantages : concevoir ce qui a été accompli sur la journée et éviter le découragement en se disant « Oh lala, il y a encore tout ça ! ». Lorsqu’on efface les tâches progressivement, on ne voit pas tout ce qui a été fait sur une journée. 

  • Après un bon mois quels enseignements retires-tu de ce choix et quelles sont les retombées ?

Eh bien en fait j’ai été extrêmement surprise parce que cela fonctionne très bien. Des lecteurs m’ont écrit des messages qui m’ont vraiment fait chaud au cœur, je ne m’y attendais pas ! Le roman est, depuis un mois, au top des ventes de sa catégorie et je n’arrête pas de recevoir des retours donc c’est fabuleux et j’ai un peu du mal à y croire. Après, je ne me repose pas sur mes lauriers, je bosse vraiment dur sur l’écriture et la parution du prochain roman qui, j’espère, arriverait pour la fin du mois de décembre voire début janvier. Je me considère vraiment aujourd’hui comme autrice professionnelle, ce n’est donc pas juste une passion, c’est-à-dire que je ne passe pas une journée sans écrire. Je ne me dis pas que je dois passer l’aspirateur ou répondre à tel ou tel courrier, j’écris. C’est mon métier.  

  • Comment cela se passe pour les partenariats avec les librairies

Pour le moment, je démarche moi-même les librairies. Les résultats sont mitigés. Certaines m’ont tout de suite répondu qu’elles n’acceptaient pas les autoédités, d’autres qu’elles se limitaient aux ouvrages de leurs distributeurs (ce qui revient un peu au même^^). Heureusement, des libraires indépendants m’ont laissé ma chance, et je les remercie sincèrement !

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  • Certaines personnes dans le monde de l’édition parlent d’aveu d’impuissance de réussir dans l’édition normale lorsque l’on s’autopublie. Quel est ton point de vue ?

Alors je peux tout à fait comprendre ce genre d’avis. Pour ma part cela n’a pas été le cas car j’ai de très bon contacts avec des éditeurs qui m’ont déjà parlé de publications. Je pense que l’autoédition fait peur dans le milieu de l’édition dite « traditionnelle ». D’une part parce qu’il s’agit d’un « concurrent », d’autre part parce que « n’importe qui peut le faire ». Maintenant, cela ne veut pas dire que tout est mauvais. Si on prend le temps, en amont, de se renseigner et de faire les choses de la bonne façon, je ne vois pas pourquoi un livre autoédité aurait moins de valeur qu’un livre édité par une maison d’édition. D’ailleurs, je connais de nombreux livres autoédités qui sont vraiment géniaux.  

  • Tu as eu la chance d’avoir différentes nouvelles publiées dans plusieurs maisons, que t’ont apprises ces expériences ?

Déjà cela m’a permis de tester le travail éditorial avec les retours que j’ai reçu sur mes textes et cela m’a aidé dans la manière d’envisager mes textes dans l’autoédition. Bien entendu, par rapport à des maisons d’édition, j’ai eu des déceptions. Des déceptions qui m’ont bien fait comprendre qu’il ne faut pas écrire pour être édité absolument. Il faut choisir avec attention la maison d’édition dans laquelle on veut être publié.
J’ai également acquis plus d’expériences dans les contrats. Si je devais négocier un contrat avec une maison d’édition dans le futur, je suis maintenant rodée. Du moins je l’espère ! En tout cas je me sens d’attaque pour négocier un contrat et ne pas me laisser faire juste parce que je suis heureuse qu’une maison d’édition se soit intéressée à l’un de mes textes. 

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  • Tu ne fermes donc pas à la porte à de futures publications dans l’édition traditionnelle. Tu veux quand même être publiée dans ce créneau-là ?

Vouloir, je ne sais pas. Si la perspective s’offre à moi, peut-être que je testerai un roman en maison d’édition. Actuellement, j’ai un texte qui se trouve chez trois gros éditeurs qui m’ont dit être intéressés. J’attends leurs réponses. 

  • Y a-t-il un genre littéraire que tu n’écriras jamais ?

Je ne sais pas. J’écris un roman quand j’en ai envie et peu importe le genre. En ce moment, j’ai des envies de Thriller, j’ai des idées d’Horreur, j’aime aussi le tout public et la Jeunesse, donc s’il faut vraiment choisir je dirai le roman pornographique peut-être. Le roman érotique ne me dérangerait pas mais pornographique… Après, la question est « quelle est la différence entre les deux ? ». Mais sinon c’est peut-être avec la littérature dite blanche que je me sens le moins à l’aise. Tout dépend des personnages qui s’imposent à moi.  

  • Littérature de l’Imaginaire rime souvent avec genre littéraire « mal-aimé », qu’en penses-tu ?

Personnellement, je pense que c’est faux. Après, bien sûr, il y a des personnes qui établissent une hiérarchie que je connais bien et avec lesquelles je ne suis pas du tout d’accord. Ce que je remarque c’est qu’il y a énormément de lecteurs qui ont commencé ou recommencé à lire justement grâce aux littératures de l’Imaginaire. J’ai lu il n’y a pas longtemps une interview d’un auteur, dont j’ai oublié le nom, qui expliquait tout le bonheur qu’il avait de voir des enfants qui venaient à sa rencontre. Il expliquait l’amour et l’espoir qu’il transmettait à travers ses romans et malgré cela il y avait un auteur de littérature blanche juste à côté de lui qui le regardait mal. Je trouve cela vraiment ridicule. Je pense, et c’est le cas pour moi, qu’il faut écrire pour ses lecteurs et j’espère susciter des émotions et des réflexions. Si cela fonctionne et qu’ils ressentent quelque chose au plus profond d’eux-mêmes, que cela change quelque chose dans leur vie en positif alors je serai heureuse. On se fiche bien du genre du roman en fait !

  • Autrice ou auteure ?

J’aime bien autrice. Juste pour casser les pieds à l’Académie française.

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  • Donc en tant qu’autrice, quel est l’importance de ce genre de salon (à savoir Mon’s Livre) et comment cela s’organise pour toi ? 

Déjà, le plus important pour moi dans ce type de salon est la rencontre avec le public et les éventuels futurs lecteurs. Lorsque l’on vend son livre sur internet on ne les croise pas forcément. Les échanges par mail c’est génial, mais pouvoir les rencontrer et éventuellement pouvoir aller boire un verre avec eux, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Pour l’organisation proprement dite, je n’avais pas pris assez d’avance dans ma demande pour avoir un stand en auto-édité et j’ai eu la chance que les maisons d’éditions dans lesquelles j’ai édité des nouvelles ont bien voulu m’accueillir sur leurs stands. Je dédicace donc à la fois des anthologies et mes bouquins en autoédition. C’est une véritable chance et je les remercie d’ailleurs pour cela !

  • Tes projets futurs ?

Eh bien je compte continuer à écrire, beaucoup, beaucoup, beaucoup et si possible des livres qui plairont aux lecteurs. Comme je le disais, j’écris ce qui me passe par la tête, donc je ne peux pas dire que ça sera dans le même style. Là il s’agit d’un roman post-apocalyptique, le prochain ce sera plutôt du médiéval Fantastique. Par après sans doute un peu plus Science-Fiction. Je pense rester pour l’instant dans les littératures de l’Imaginaire parce que j’ai énormément d’intrigues dans la tête. Je souhaite vraiment sortir un maximum de livres, continuer à écrire, proposer des ateliers d’écriture dans ma région. Dernièrement un éditeur m’a parlé d’un projet de BD… Donc voilà, je ne m’arrête pas là et je souhaite vraiment m’investir à fond dans l’écriture.

  • Quels conseils donnerais-tu à ceux qui hésitent de ce lancer que cela soit dans l’écriture ou dans la publication, éditoriale ou en autoédition ?

Je pense que la première chose à faire est de s’interroger sur soi-même. Pourquoi souhaite-ton écrire ? Est-ce que c’est juste pour soi ? Est-ce que c’est parce qu’on veut communiquer quelque chose aux autres ? Est-ce juste un hobby ? Veut-on en faire son métier ? Et après s’interroger aussi sur ses capacités parce que l’édition classique et l’autoédition sont deux choses complètement différentes. Dans l’édition on « se contente » d’écrire et d’adapter son récit en fonction des retours éditoriaux et la communication se fait via la maison d’édition. Mais dans l’autoédition il faut avoir les épaules assez solides pour mener un véritable projet d’entreprise. Donc s’interroger sur ce qu’on veut et sur ses capacités, en sachant que si on n’a pas les capacités on peut toujours se former. C’est ce que j’ai fait avant de me lancer. Je pense vraiment que c’est accessible à tout le monde. Il faut juste le vouloir.

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  • Où peut-on te retrouver prochainement ?

C’est une excellente question ! J’espère dans plusieurs salons en France en 2020 mais ça je dois encore investiguer de mon côté. 

  • Justement, en termes d’investigation, comment cela se passe pour participer à des salons lorsqu’on est seul pour faire les démarches ?

Pour commencer, il faut payer chaque présence sur un salon. Il est donc nécessaire de réfléchir en termes d’investissements car je ne peux compter que sur mes propres finances. Donc il faut bien faire attention à cet aspect car ce n’est pas toujours évident. Il y a également des endroits qui n’acceptent pas les autoédités. Mais je ne me décourage pas, j’irai là où on veut bien de moi et je ferai coucou à tous les lecteurs qui viendront à ces occasions. 

  • Un dernier mot pour les lecteurs du Blog ?

Déjà, merci beaucoup d’avoir lu l’interview jusqu’au bout ! Si vous avez des questions n’hésitez surtout pas à me contacter, j’aime beaucoup papoter ! Et si vous avez des projets, pas forcément dans l’écriture mais en règle générale, accrochez-vous. On a un problème dans notre société qui veut que l’être humain doit sans cesse travailler, travailler, mais qu’est-ce qui vous fait vibrer au fond de vous ? Je pense qu’il faut essayer de suivre ça. Tout le monde n’a pas l’opportunité de pouvoir arrêter son travail et de se lancer à 100% mais consacrez à votre passion au moins une heure (le mail au réveil ou le soir avant de dormir par exemple). Consacrez du temps à ce que vous aimez. Vous ne pourrez qu’en ressortir heureux.

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Si vous avez apprécié cet article (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous avez déjà lu des œuvres de l’auteur, partagez vos impressions !

À très bientôt pour une nouvelle interview Imaginafrite !

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