
Titre original : 65
Genre : Science-fiction, Action
Réalisateur : Scott Beck, Bryan Woods
Scénario : Scott Beck, Bryan Woods
Musique : Danny Elfman
Production: Sam Raimi, Zainab Azizi, Scott Beck, Deborah Liebling et Bryan Woods
Société(s) de production : Columbia Pictures, Raimi Productions et Beck/Woods
Acteurs : Adam Driver, Ariana Greenblatt
Pays de production : États-Unies
Date de sortie : 2023
Durée : 93 minutes
Budget : 45 M $
Résumé :
Après un terrible crash sur une planète inconnue, le pilote Mills découvre rapidement qu’il a en réalité échoué sur Terre…il y a 65 millions d’années. Pour réussir leur unique chance de sauvetage, Mills et Koa l’unique autre survivante du crash, doivent se frayer un chemin à travers des terres inconnues peuplées de dangereuses créatures préhistoriques dans un combat épique pour leur survie.

Mon avis :
Grand amateur de dinos, je ne pouvais pas passer à côté d’une super production hollywoodienne suffisamment qualitative pour ne pas être considérée comme un film de série B. Il est vrai qu’hormis les Jurassic Park et Jurassic World (dont j’avais effectué la critique du 3ème volet l’an dernier), on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent en termes de grands films avec pour protagonistes nos bestioles à sang froid préférées. Des jeux vidéo, oui. Des films à petits budgets avec des acteurs et des effets spéciaux douteux, en veux-tu en voilà, mais c’est à peu près tout. Et pourtant, il y aurait tant à faire, tant d’histoires à raconter, tant d’aventures à vivre si le dinosaure n’était finalement pas tombé dans une spirale nanardesque dont il semble ne pas savoir s’en dépêtrer. Mais est-ce que la dernière production de Sam Raimi (réalisateur de la trilogie « Evil Dead » ou encore de la première trilogie « Spiderman ») est un sérieux concurrent à nos amis de la saga Jurassic ? Voyons ça ensemble.
Sur une planète lointaine, où une forme de vie humaine en tout point semblable à la nôtre, Mills, un pilote de vaisseau de transport, se voit confier une mission de transport de colons pour une durée de deux ans. Il le fait pour sa fille malade, l’argent de la mission lui permettant de pouvoir payer les soins dont elle a besoin. Cependant, un champ d’astéroïdes non répertorié va venir briser le voyage ainsi que le vaisseau qui ira s’écraser sur une planète inconnue. Mills pense avoir perdu tous les passagers en même temps que ses espoirs de survie quand il découvre qu’une seule capsule est encore viable et que le colon est encore vivant, une petite fille du nom de Koa. Lorsque celle-ci se réveille, il découvre qu’elle ne parle pas la même langue que lui. Difficile donc de mettre en place une stratégie pour retrouver un vaisseau de secours et survivre sur une planète peuplée de créatures qui souhaitent vous avaler à la moindre occasion.

En vrai, même si le concept n’est pas nouveau, celui de mêler un transporteur avec une fille qui ne parlent pas la même langue et qui vont devoir survivre à deux au milieu des dinos, l’idée est assez sympa. Le problème c’est que l’on se retrouve vite à cours de dialogue. On ne va pas se mentir, les 45 millions de budget ne sont pas partis dans le casting. On compte quatre, voire cinq protagonistes en tout et pour tout. Personnellement, j’ai vraiment bien apprécié la prestation d’Adam Driver qui porte à lui seul le film et qui fait preuve de maturité et d’assurance dans sa course pour la survie (son rôle de Kylo Ren et celui du flic sans émotion dans « The Dead don’t Die » m’avaient vraiment peu convaincu à l’époque). Quant à la petite Ariana Greenblatt qui joue le rôle de Koa, elle essaie de s’en sortir honorablement mais c’est pas ça (attention, il faut savoir tourner, à son âge, devant des caméras et faire bonne figure, répondre aux attentes des studios et du public… c’est pas évident, mais voilà, c’est trop limité pour ce rôle). On ressent l’émotion, surtout chez Mills qui ne veut pas la perdre car elle est là pour lui éviter de péter les plombs, car elle est un eratz de la fille qu’il a laissée derrière lui. On ressent une émotion commune à la fin, mais l’alchimie ne prend pas avant, c’est dommage.
Concernant les dinos maintenant. On ne va pas se mentir, si on vient pour voir ce genre de film, c’est pas pour la petite moustache d’Adam. On veut voir du lézard géant, on veut voir du carnivore en action ! Alors, graphiquement, honnêtement, c’est superbe. On sent que la majorité du budget est tombé là-dedans. Concernant les dinos eux-mêmes, on ne sait pas ce que l’on voit. On ne sait pas s’il s’agit d’un T-Rex, si on est face à un raptor, on suppose, on devine, mais rien de bien précis (hormis l’oviraptor qui vit dans une grotte… pourquoi ?). Et pareil, les dinos à plumes ? Connaît pas. Essayer de se rapprocher des découvertes scientifiques ? Pourquoi faire ? Nous sommes à – 65 millions d’années, période où la fameuse météorite s’est écrasée sur Terre pour détruire la majeure partie du monde vivant. C’est-à-dire que l’on a, normalement, une idée bien précise des espèces présentent à cette période. Dommage qu’on ne puisse pas les reconnaître.

Le côté Survival est bien mis en avant. L’on voit Mills se préparer à traverser la flore pour combattre la faune si besoin avec des gadgets venus d’ailleurs (on aurait peut-être voulu en voir plus à ce niveau-là). On sent que l’homme est préparé en cas de situation de crise. L’on a droit à quelques jumpscares bien sentis dont l’un ou l’autre qu’on ne voit absolument pas venir, bien joué (Sam Raimi maitrise le sujet). Quant à la photographie et aux décors, c’est beau, l’on voit et ressent bien les différents biomes, on voyage avec les personnages dans ce monde inconnu. Mais voilà, avec seulement deux personnages et quelques dinos, est-ce que cela suffit à faire un bon film ? Presque, car on aurait voulu en avoir plus pour notre argent. À titre de comparaison, l’on peu mettre côte à côte ce film et « After Hearth » (2013) qui avait surtout fait parler de lui pour la réunion de Will Smith avec son fils Jaden à l’écran pour la 1ère fois, et le constat était sans appel : un échec. Je n’irai pas jusqu’à dire que le film de Sam Raimi en est un également, car en ressortant de la salle j’étais tout de même relativement satisfait, mais on ne se dit pas qu’on vient de voir un truc dingue. Et le plus rageant, c’est qu’il y avait de la place pour justement faire un truc de dingue. Mais bon…

Voyons ensemble les éléments positifs et négatifs :
Les + :
- Adam Driver. Bien que peu fan de ses rôles précédents, celui-ci lui va comme un gant. Il porte à lui seul un film qui aurait mérité un meilleur traitement. Son background est expliqué, des éléments sont exposés petit à petit et son histoire avec sa fille est touchante.
- Les décors sont beaux, les biomes différents sont filmés en pleine nature et non en studio (en tout cas pour une grande partie), ce qui ajoute à l’authenticité du film.
- Les dinosaures, principale raison pour laquelle l’on vient voir le film, sont vraiment bien fait (surtout les gros). Les CGI sont de qualité et une grosse partie du budget est tombé là-dedans.
- On répond aux questions simples qui décrivent le film : qui ? quand ? pourquoi ? comment ? Quel but ? C’est simple (peut-être trop) et on peut regarder le film la tête plongée dans le popcorn.
- Des jumpscares sympas qui réveillent le spectateur dans les moments parfois plus lents.
Les – :
- L’on aurait souhaité qu’il y ait plus de survivants pour un vrai petit duel Humains – Dinos qui n’aura finalement pas tout à fait lieu vu qu’on file en mode Survival seul contre la nature. Dommage, il y avait moyen de faire un grand spectacle.
- Ariana Greenblatt, son personnage n’est pas des mieux interprété et on ne ressent rien pour elle à part un peu à la fin (et encore). Je ne vais pas dire que son personnage est inutile car il sert de corde de secours à Mills et est un eratz de sa fille, mais en vrai, elle est peut-être superflue, Mills aurait très bien pu s’en sortir sans elle (mais elle est la raison pour laquelle il n’a pas abandonné donc bon…).
- Les dinos, bien que très bien réalisés, ne ressemblent pas vraiment à ce que l’on aurait pu imaginer. On a fait des lézards méchants et bien foutus, mais on ne sait pas ce que c’est et au diable les connaissances scientifiques.
- Deux personnages, qui ne parlent pas la même langue, dix dinosaures, un vaisseau cassé en deux. Et voilà, c’est tout. Y avait surement moyen de faire tellement mieux, ou en tout cas plus.
Conclusion
Le pitch est cool : un vaisseau de colons d’une planète lointaine s’écrase sur la Terre d’il y a 65 millions d’années. Cela aurait pu être très cool. Mais non. On ne garde que le pilote Mills et une petite qui a miraculeusement survécu au crash. Pire, ils ne parlent pas la même langue. Donc faire un film dans ces conditions, c’est tout sauf évident. Heureusement, le talent d’Adam Driver fait le taf et prend sur lui l’entièreté du film. Un film qui ne pèse pas très lourd car il y avait des attentes malgré tout, le public espérait enfin un éventuel concurrent à la saga Jurassic, mais il se trouve qu’on est tombé sur un bon petit film qui sera diffusé tous les six mois sur les chaînes nationales pour un vendredi soir en famille, donc rien d’exceptionnel mais qui se laisse regarder. Les visuels sont superbes, Adam Driver joue très bien, le film n’est pas prise de tête et arrive à déposer des notes touchantes quant au passé du perso principal, et les quelques petits jumpscares viennent apporter leur petites doses de stress nécessaire pour rester aux aguets. Cependant, les dinos peu reconnaissables, seulement deux personnages qui ne dialoguent presque pas, une Ariana Greenblatt aux fraises dans son interprétation et la terrible sensation d’avoir un goût de trop peu font que ce Survival est sympa mais ne restera pas dans les mémoires des amateurs de lézards géants. Dommage car il y a avait la place pour un truc bien plus fou.