
Informations :
- Édition : ActuSF
- Parution : 2010
- Nombre de pages : 160 pages
- ISBN : Différentes collections
- Prix : 9,10€ (Papier)
Résumé :
Les légendes parlent d’une race d’extraterrestres fabuleuse parcourant lentement l’espace, aux manettes de gigantesques vaisseaux à l’apparence de cités d’ombre…
Moi, Karoly d’Branin, je leur ai voué ma vie, et mes inlassables recherches m’ont enfin permis de les localiser. Avec mon équipe, nous avons embarqué à bord de l’Armageddon, vaisseau du commandant Royd Eris. Et dans peu de temps, les volcryns seront enfin à notre portée.
Mais en attendant, l’ambiance est de plus en plus pesante entre nous… Royd Eris refuse d’apparaître physiquement, préférant user d’hologrammes et de communicateurs muraux … Et Thale Lasamer, notre télépathe, fait état d’une menace sourde et mystérieuse…
Peu importe ! Mes volcryns sont tout proches, et je ne les laisserai pas filer !
Mon avis
Bien avant le succès de « Game of Thrones » ou plus récemment « House of The Dragon » comme nous le connaissons aujourd’hui, Georges R. R. Martin avait plusieurs livres à son actif, dans des registres bien différents, comme « Skin Trade« , « Armageddon rag« , « Riverdream« , et bien d’autres. Celui qui nous intéresse aujourd’hui se nomme « Le Volcryn », petit roman de SF d’un peu plus de 150 pages et datant des années 80, Prix Locus en 1981 et qui aura eu le droit à son adaptation en film (en 1987 si je ne dis pas de bêtises) et plus récemment en série en 2018 sur Netflix, les deux productions portant le nom de l’œuvre originale, à savoir : Nightflyers.

Dans un univers où les hommes ont colonisé de nombreuses planètes, ont découvert de nombreuses races aliens et continuent de repousser les limites de la science et de la technologie, un petit groupe de scientifiques va se réunir pour partir à la recherche des Volcryns, immenses vaisseaux mythiques repérés à plusieurs endroits de l’univers mais dont personne n’a encore réussi à observer de façon concrète. Karoly d’Branin, un cherche de l’Académie, a réuni toutes les informations concernant ce fameux vaisseau auprès de différents systèmes, entrecroisé les superstitions et les légendes les concernant, démêlé le vrai du faux et réussi à acquérir des fonds pour mettre en place une expédition pour aller à leur rencontre. L’équipe se compose en tout de neuf personnes avec des compétences aussi différentes (télépathe, xénobiologiste…) que ne sont leurs caractères, ce qui promet d’être une véritable promenade de santé à bord du vaisseau cargo l’Armageddon dont le propriétaire, Royd Eris, ne se montre que lors des repas en hologramme et impose certaines règles à l’équipe comme le respect de son intimité par-dessus tout. Alors que les premiers jours tout semble se passer pour le mieux, peut-être trop, Thale Lasamer, le télépathe de haut rang (dont nombre de ses congénères du même rang sont devenus fous à cause de leur don trop sensible et puissant) ressent un danger diffus de plus en plus oppressant et en fait part à Karoly et au reste de l’équipe. En plus de ses affirmations de plus en plus véhémentes qui rendent mal à l’aise tout l’équipage, les autres membres commencent à se poser de plus en plus de questions quant à la nature véritable de leur ôte holographique, ce dernier voyant et entendant absolument tout sur le vaisseau à leur insu. Une tension qui s’accentue pendant que le vaisseau continue à se rapprocher du but de leur expédition : Les Volcryns.

Je m’attendais à un texte plus compliqué et moins accessible et pourtant, comme me l’avait vendu le Senseï Apophis il y a déjà quelques années, il n’en n’est rien. Il se lit vite et bien et est à la portée de qui veut se lancer dans la SF horrifique sans que ça ne soit trop SF et sans que ça ne soit trop horrifique. En effet, il y a un bon mélange des deux genres et même si le côté SF est naturellement dominant, il n’est pas inaccessible et n’est pas redondant à la lecture à enchaîner les termes techniques et improbables que l’on retrouve dans moult autres œuvres. Quant au côté horrifique, il se manifeste petit à petit et prend son temps pour s’installer pour finalement prendre le pas en fin de récit. Bien que j’aie pu être déçu de l’antagoniste, je trouve que la façon dont Martin amène à le découvrir est vraiment bonne et donne une saveur particulière lorsque l’on comprend, bien qu’un indice nous est fourni plus tôt dans le livre et qu’avec un peu de réflexion, on peut le découvrir sans trop de surprise quel est le danger qui guette les passagers.
« C’est… commença-t-il. Et son crâne explosa. Avec une violence terrifiante. Projetant partout sang, cervelle, éclats d’os, lambeaux de chair. Des artères rompues de son cou, le sang giclait en spasmes cramoisis. Son corps se tordit frénétiquement sur la table, ses membres entamèrent une horrible danse macabre. Sa tête avait cessé d’exister, mais son corps refusait encore de s’immobiliser. »
On se rend compte que le penchant de G.R.R. Martin pour le sang et le sexe ne datent pas de Game of Thrones, mais de bien avant. En effet, sans s’épancher sur les relations charnelles, on se rend compte qu’un groupe confiné pendant plusieurs semaines dans un vaisseau doit assouvir des besoins, disons, primaires. Quant au sang, le menu est sympa : entre explosions joyeuses, membres tranchés après accident et morceaux de corps mutilés qui s’éparpillent avec délicatesse en apesanteur, faites votre choix. Le tout sans que ça ne devienne gore et indigeste pour les plus fragiles. L’ambiance à huis-clos est anxiogène, surtout lorsque le danger se précise et que les premières victimes commencent à tomber, le tout sans réelle possibilité de faire machine arrière. Certains personnages vont également être mis à rude épreuve dans leurs certitudes, qu’il s’agisse de d’Branin (mais en dire plus serait un spoil) mais surtout de Melantha Jhirl, être humain génétiquement modifié, physiquement et psychiquement supérieur aux autres de son espèce, qui se targuera de toujours avoir deux coups d’avance sur les autres mais comprendra, parfois trop tard, que deux coups ne sont pas toujours suffisants face à des forces qui dépassent l’entendement. Au final, le concept de Volcryn semble être un peu relégué sur le banc alors qu’on pensait qu’il serait le sujet principal, bien qu’il le reste mais en arrière-plan. Et si l’on découvre finalement ce qu’est réellement le Volcryn à la fin, on se demande finalement à quoi tout cela a bien pu servir et surtout, pourquoi personne avant d’Branin n’a tenté l’expérience avec les moyens technologiques dont disposait déjà l’humanité ? La fin ne m’a ni satisfait ni déçu, ce qui m’a laissé avec un goût étrange de neutralité lorsque j’ai fermé le livre… mais au final, le plus important n’était sans doute pas la finalité, mais plutôt le voyage qui fut proposé.

Voyons plus bas les points positifs et négatifs de cette lecture SF horrifique :
Les + :
- Mélange de SF et d’horrifique, un bon mix sans que cela ne soit trop technique ou trop sanguinaire, accessible à tous. Un juste équilibre avec une montée en puissance pour l’horrifique dans la seconde moitié, qui fut appréciable.
- Un petit roman qui se lit bien, vite, avec une écriture agréable et une structure qui permet de faire monter la pression efficacement au fur et à mesure des pages.
- Un huis-clos oppressant efficace où les possibilités de faire machine arrière sont quasiment inexistantes. La tension est au rendez-vous.
- Le halo de mystère qui enrobe le vaisseau et son propriétaire cristallise toutes les attentions et comme le groupe scientifique, on n’attend qu’une chose, connaître la véritable nature de tout ceci et surtout, savoir ce qu’est réellement un Volcryn.
- Les relations entre les personnages pourraient être plus accentuées mais en un peu plus de 150 pages, même si l’on ne ressent pas d’empathie pour tous, l’on va malgré tout se sentir proche de Melantha Jhirl, de d’Branin ou encore de Royd Eris et l’on sera particulièrement attentif à leur sort et à leurs réflexions.
Les – :
- Le Volcryn, bien qu’étant le titre et le sujet principal de fond, n’est finalement que très peu présent. De plus, sa nature m’a un peu laissé de marbre, je dois bien l’avouer. Il y avait un tel mystère qui l’entourait que sa découverte m’a un peu déçu.
- Une fin qui ne m’a pas plus convaincu que cela. Mais pouvait-il en être autrement ?
Conclusion
Le Volcryn nous propose un petit voyage dans l’espace, durant une cent cinquantaine de pages (une novella donc), où l’on suivra les aventures d’un petit groupe de scientifiques monté à la hâte dans le but de découvrir un des mystères non résolu de l’univers, les Volcryns. Cependant, l’homme qui les accueille à son bord ne semble pas vouloir se montrer physiquement, ce qui semble agacer tout le monde. Rajoutez à ça un télépathe de haut rang qui commence à paniquer sans que personne ne comprenne pourquoi, et vous avez là un bon début pour créer une salade d’angoisse aux confins de l’univers. Mêlant SF et horrifique accessible à tous, même aux plus fragiles, ce petit roman se laisse lire sans difficulté et saura vous conquérir par son écriture et la pression qui s’intensifie à chaque page tournée. Hors de sa série phare qu’est Game of Thrones, Georges R.R. Martin s’est distingué dans les années 80 en SF et ce livre est une belle illustration de ses talents narratifs. Bien que le concept même du Volcryn ne m’ait pas titillé plus que ça et que la fin m’a laissé un goût de neutralité assez déroutant, j’ai tout de même hâte de découvrir la série sur Netflix (The Nightflyers) et ainsi contempler l’interprétation qui en a été faite (mais d’après ce que j’ai pu lire, on est assez loin du matériau original). Un petit livre de SF que je vous recommande sans hésitation.
NOTE
8/10
Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂
D’autres avis d’experts, c’est par ici –> Xapur, Orion, Cave Trolls, Apophis…
3 réflexions au sujet de « Avis Lecture : Le Volcryn (G.R.R. Martin) »