Avis Film : Prey (2022)

Titre original : Prey
Genre : Horreur, Action, Historique, Science-Fiction          
Réalisateur : Dan Trachtenberg
Scénario : Patrick Aison
Musique : Sarah Schachner
Société(s) de production : Davis Entertainment et 20th Century Studios
Société de distribution : Hulu (États-Unis), Disney+ Star (monde)
Acteurs : Amber Midthunder, Michelle Thrush, Dakota Beavers, Dane DiLiegro …
Pays de production : États-Unis
Date de sortie : 05 août 2022
Durée : 100 minutes     
Budget : +- 98M$

Résumé :

Il y a trois siècles sur le territoire des Comanches, Naru, une farouche et brillante guerrière, se fait désormais un devoir de protéger sa tribu dès qu’un danger la menace. Elle découvre que la proie qu’elle traque en ce moment n’est autre qu’un prédateur extraterrestre particulièrement évolué doté d’un arsenal de pointe des plus sophistiqués. Une confrontation aussi perverse que terrifiante s’engage bientôt entre les deux adversaires…

Mon avis :

Après l’étron intersidéral « The Predator » de Shane Black et l’arrivée de la licence « Predator » dans dans les valises de Disney laissaient présager le pire pour cette nouvelle tentative de relancer notre chasseur extraterrestre préféré sur le haut de l’affiche. Mais peut-on encore espérer quelque chose de la licence ? N’a-t-elle pas, comme beaucoup d’autres, déjà donné tout ce dont elle avait à offrir ? Il est vrai qu’après « The Predator », je n’avais plus grand espoir tellement j’ai trouvé ce dernier film mauvais. Je n’ai même pas compris pourquoi on a accepté de le diffuser en fait et dans mon esprit, si le cinéma de demain ressemblait à ce film, nous courrions tout droit vers la fermeture express de nos salles sombres. Du coup, que vaut le dernier né des chasseurs de trophées, le cinquième volet officiel de la saga fraîchement sortit sur Disney + ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que la surprise fut au rendez-vous !

Nous allons suivre Naru, une jeune femme de la tribu des comanches, qui souhaite faire partie des chasseurs et non se cantonner au rôle qui est généralement réservé aux femmes. Malgré les réticences de ses proches, son frère (Taabe) lui fait comprendre que si elle souhaite chasser un animal qui la considérera comme sa proie comme rite guerrier, elle ne pourra pas faire marche arrière. Alors qu’un guerrier de la tribu a été gravement blessé par un lion des montagnes, les connaissances du terrain et de la médecine seront d’un grand secours pour Naru, toujours accompagnée de son fidèle chien. Cependant, ses connaissances ne sont pas reconnues à leur juste valeur et lorsqu’elle découvre qu’un serpent à sonnette a été écorché vif juste à côté d’une trace de pas gigantesque, on ne la prend pas beaucoup plus au sérieux lorsqu’elle dévoile les preuves évidentes que quelque chose de terrible est arrivé sur leurs terres. Prête à tout pour protéger son frère, elle va se retrouver à devoir affronter le lion des montagnes. Une occasion pour elle de prouver sa valeur à la tribu. Mais après ?

Voilà, je n’irai pas beaucoup plus loin dans le déroulé des événements mais ce qui est sûr c’est que le film prend son temps pour poser les bases, qu’il s’agisse de Naru ou du Predator qui débarque dans la région par vaisseau et doit découvrir le monde dans lequel il vient d’atterrir. Un parallèle sympa entre les deux protagonistes se met en place, chacun devant passer les épreuves qui lui seront imposées, les deux ayant le même but : devenir un chasseur respecté.

Alors franchement, il s’agit d’un très bon film, qui rattrape assez bien le plantage du film de 2018 qui semblait ancrer la saga dans un gouffre de nanaritude sans fond pour les années à venir. Dan Trachtenberg (réalisateur de « 10 Cloverfield Lane ») aura réussi son pari de proposer quelque chose qui parlait aux nostalgiques mais qui arrivait malgré tout à se démarquer du film original. Le titre va dans ce sens où l’on décide de retirer l’éternel « Predator » pour mettre « Prey » (proie en français), nom de film Ô combien utilisé mais qui dans ce contexte fonctionne parfaitement. Ce long-métrage propose également une version plus intimiste avec l’héroïne où l’on découvre son peuple et les activités de la vie quotidienne, ses aspirations, les obstacles auxquels elle doit faire face, les relations entre les membres de la tribu et leurs rites… Il est également à souligné qu’il s’agit là du premier et seul film traduit en comanche, la langue du peuple amérindien qui est porté à l’écran. En parlant d’écran, il est dommage qu’un film comme celui-là ne soit porté que sur des plateformes (Hulu, dont je n’avais jamais entendu parler avant Prey, et Disney +) alors qu’on a accepté de mettre au cinéma l’étron de Shane Black alors que tout le monde savait que ce qui allait être montré au public allait être mauvais…

Il y a une polémique qui tourne depuis la sortie du long-métrage avec de nombreuses personnes qui se plaignent que dans l’original avec Shwarzi, un commando suréquipé et surentraîné n’a pas été capable de vaincre la créature et qu’ici, des amérindiens armés d’arcs et de lances arrivent à tenir tête à la bête (Disney faisant par la même occasion du wokisme dérivé pour faire accepter à nos esprits qu’une autre forme de héros (féminin surtout) est possible et que les gros bourrins débordant de testostérone des années 80 ce n’est plus la norme aujourd’hui… où va le monde, je vous le demande). J’ai envie de vous dire que la situation est toute autre, le contexte est différent, le monstre est différent et vouloir sans cesse comparer Prey à l’original n’a que peu d’intérêt ou alors il faut le faire intelligemment. Parlons du monstre de Prey justement, il est assez différent des propositions précédentes. Il garde son aspect massif, ses mandibules, ses rastas trop stylées mais le visage est différent, on le voit finalement assez peu de face et souvent dans l’obscurité, comme-ci on voulait garder une forme de mystère le concernant. Son équipement et son casque qui ressemble à un crâne en os sont assez différents également. La bête est montrée de manière beaucoup plus primitive dans son design, ce qui montre qu’entre le film original et Prey, il y a eu une évolution et que l’on garde l’idée des films précédents (surtout « Predators » que j’avais plutôt apprécié) à savoir que lorsque l’un des leurs meurt, ils vont analyser le pourquoi de leur défaite et adapter leur équipement et leur façon de chasser pour s’améliorer et devenir les chasseurs ultimes de l’univers. C’est notamment flagrant avec l’idée du casque en os qui sera remplacé dans le film de Shwarzi par un casque en métal recouvrant l’ensemble du visage. Ce que je reproche cependant à notre antagoniste, c’est qu’il semble invincible et totalement insensible à la douleur. Le gars se fait percer et mutiler de toutes parts et il ne semble jamais ennuyé dans ses mouvements et du coup j’ai trouvé ça vraiment dommage pour la cohérence. On remarquera également que l’eau ne déverrouille pas le camouflage mais que les éléments comme le vent avec les feuilles et toutes interactions physiques viennent « brouiller » cette technologie (le rendu est d’ailleurs vachement stylé). On appréciera également la mise en situation du Yautja (nom de la race des Predators) avec la faune locale et un combat avec l’ours bien plus impactant que ce que nous laissait croire la bande-annonce. Par contre, les CGI des animaux ce n’était vraiment pas ouf. On appréciera l’arsenal de l’alien qui, même s’il est plus archaïque que dans les films précédents, montre une panoplie aussi sympa que destructrice, une mention spéciale au bouclier qui rappellera à de nombreux gamers celui du jeu « God of War ». Bonne mention également pour les morts qui sont généralement stylées, on ne cache pas le sang, c’est violent comme on le souhaite pour un film de cette saga et les scènes d’action sont nerveuses, chorégraphiques et fluides.

Concernant les personnages, la prestation de Naru est intéressante dans sa façon de vouloir s’affranchir de la place qui lui est assignée par défaut, la peur qui la fait hésiter lors de sa première chasse et sa façon d’observer le monstre à chacune de ses interventions pour l’étudier et tenter de mettre au point une stratégie pour l’abattre, là où sa connaissance du terrain et de la médecine lui seront également d’un grand secours. Son image et ses caractéristiques tranchent très franchement avec le commando de mort du film original ou même de « Predators ». On retiendra également son frère qui oscille entre la volonté d’élever sa sœur au rang des chasseurs mais également avec la volonté de la protéger du danger. Son personnage est intéressant et bien interprété. Par contre, tout le reste du casting est oubliable et n’a rien apporté de plus, pas un supplément d’âme, que dalle si ce n’est plus de morts pour mettre en valeur la chasse du Yautja. La plus grande blague étant le chef du village comanche qui ne sert absolument à rien et les Blancs qui sont dépeint comme des monstres sans cervelle avec 4 mots de vocabulaires qui se battent en duel. Petite mention spéciale à l’Easter Egg avec le pistolet à silex que reçoit Naru et qui se trouve être celui qui est offert au policier dans « Predator 2 ».

Il est également à souligné que les décors sont magnifiques et que la musique et les bruitages de la bête sont aussi bien travaillés que réussis.

Voyons ensemble les éléments positifs et négatifs de ce cinquième opus de la saga :

Les + :

  • Le titre qui tranche avec les opus précédents et met en avant la proie plutôt que le prédateur.
  • Enfin un film qui fait honneur à l’original, mais qui se démarque et offre sa proposition propre sans être un copier/coller.
  • Le film prend son temps pour démarrer, poser les bases, mettre en avant la culture amérindienne, les espoirs et attentes de Naru et son contexte de vie. Un parallèle est fait avec le monstre qui doit découvrir le monde dans lequel il vient d’atterrir et se familiariser avec ce qui l’entoure. Proposition plus intimiste avec l’héroïne et son quotidien.
  • Seul film avec traduction en comanche, langue du peuple amérindien porté à l’écran.
  • Le Yautja est retravaillé, possède un aspect plus primitif de visage mais également d’équipement, mettant en avant le côté évolutionnel de l’espèce vu qu’il s’agit d’un préquel aux autres films de la saga où les monstres sont plus évolués technologiquement.
  • La violence des combats n’est pas cachée, le sang coule à flot et les scènes d’action sont lisibles et très satisfaisantes.
  • Personnage principal convainquant dans son rôle, belle évolution tout au long du film et présence du chien pour que le spectateur se dise « Non surtout pas le chien, tout le monde sauf le chien ! ». Le frère est également un très bon personnage qui fait évoluer l’héroïne.
  • Décors et musiques, tout comme le bruitage d’ambiance ou les sons du Predator, tout ce rendu visuel et auditif sont de vrais plus dans ce film.

Les – :

  • Déjà, le film n’est pas sorti en salle alors qu’il le méritait tellement plus que le film de Shane Black de 2018.
  • Le monstre semble être invincible. Même quand il est troué de partout, le bonhomme ne semble pas gêné outre mesure dans sa chasse, ce qui est un peu dommage.
  • Les CGI des animaux sauvages sont pas forcément top (bon ok, le combat entre l’ours et le Yautja est stylé, très impactant, mais l’ours en lui-même ne fait pas réel pour un sou, le cougar non plus).
  • Les personnages secondaires sont là mais n’apportent pas grand-chose, ils ne sortent pas du lot, que ça soit eux ou d’autres personnes c’est la même chose en fait.

Conclusion

Depuis que la saga Predator fut traînée dans la boue avec son immonde « The Predator » en 2018, je n’avais que peu d’espoirs de revoir un jour un film de la saga avec un minimum de qualité. Le choix du réalisateur (je n’ai rien contre le gars attention, mais la saga Predator ne semblait, sur papier, pas forcément être son truc) et le rachat de la franchise par Disney n’allaient pas dans le sens pour me rassurer. Et pourtant… Pourtant il s’agit bien là, mesdames et messieurs, d’un long-métrage qui vaut enfin la peine d’être pris au sérieux. Un long-métrage qui aurait tellement mérité d’être en salle de cinéma. Les décors, la musique, l’ambiance, le contexte historique, beaucoup d’éléments auraient pu être sublimés dans nos salles obscures. Mais les producteurs ont joué la carte de la sécurité après les précédents bides de la saga et on ne pourra pas le leur reprocher. Au début des années 1700, Naru, jeune comanche, veut suivre une autre voie que celle qu’on veut lui imposer parce qu’elle est une femme. Elle souhaite devenir chasseur et gagner le respect de tous. Le Predator qui vient d’atterrir sur Terre, dans une vallée non loin de son village, lui donnera l’occasion de mettre à profit ses qualités. Le pitch est très sympa et le contexte historique laisse rêveur car tant de fans ont un jour fantasmé cette idée. Nous n’avons pas là un énième copier/coller du film original mais bien un long-métrage qui a su créer sa propre identité tout en rendant hommage au film de 1987 et aux suites. Le Yautja est retravaillé pour lui donner un aspect plus primitif, Naru apprend du monstre comme lui apprend des humains et du monde qui l’entoure, tout deux souhaitent devenir des chasseurs respectés, l’approche est plus intimiste avec l’héroïne où on va vraiment apprendre à la connaître ainsi que son peuple, les scènes d’action sont solides, lisibles et le sang n’est pas caché et ça, ça fait plaisir. On est face à une proposition sérieuse et même si certains éléments peuvent parasiter notre visionnage (persos secondaires au placard, CGI médiocre et monstre invincible), on ne boude vraiment pas notre plaisir et on se laisse surprendre à la fin du visionnage à espérer que d’autres films du genre viendront enrichir la saga, avec un traitement tout aussi sérieux.

NOTE

9/10 ❤

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2 réflexions au sujet de « Avis Film : Prey (2022) »

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