
Titre original : Jurassic World Dominion
Genre : Science-Fiction, Action
Réalisateur : Colin Trevorrow
Scénario : Emily Carmichael, Derek Connolly
Musique : Michael Giacchino
Société(s) de production : Universal Pictures, Amblin Entertainment
Acteurs : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum
Pays d’origine : États-Unis
Date de sortie : Juin 2022
Durée : 146 minutes
Budget : +- 150M$$
Résumé :
Quatre ans après la destruction de Isla Nublar. Les dinosaures font désormais partie du quotidien de l’humanité entière. Un équilibre fragile qui va remettre en question la domination de l’espèce humaine maintenant qu’elle doit partager son espace avec les créatures les plus féroces que l’histoire ait jamais connues.

Mon avis :
Un film que tout fan de lézard géant attendait avec la plus grande impatience. Un film où enfin les dinosaures étaient lâchés dans la nature sans restriction pour côtoyer les Hommes. Un film dont l’attente était finalement si grande, qu’il ne pouvait que décevoir les amateurs de la franchise. Oui, la chute est violente. Oui, tels des ptérodactyles, l’ensemble de la critique des « spécialistes » a fondu sur la réalisation de Colin Trevorrow (auteur du premier Jurassic World et de ce troisième opus) pour le déchiqueter de toutes parts et pour qu’il ne reste que des restes d’une franchise dont il ne restait déjà plus grand-chose à sauver. Mais suis-je du même avis que la majorité de la critique concernant ce dernier bébé de la série Jurassic World ? C’est ce que nous verrons plus bas.
Quelques années après les faits ayant eu lieu dans Fallen Kingdom, les dinosaures font désormais partie intégrante du monde moderne. Naturellement, entre menaces constantes pour les humains, les tentatives d’une approche éthique ou, au contraire, la mise en place d’un nouveau marché noir mondial, toutes les dérives sont possibles et envisageables. Il est impressionnant de voir comment, en quelques années seulement, une cinquantaine d’animaux échappés (dans l’opus précédent) ont pu se multiplier aussi rapidement et à travers le monde en causant autant de dégâts sans que les forces armées des différentes nations n’aient tenté quoi que ce soit. Et c’est peut-être là que le premier point noir se dessine avec cette prolifération extrêmement rapide et l’apparition dans le monde d’espèces dont il n’était même pas question dans les deux premiers films (comme l’immense Quetzalcoaltus, ce géant volant dont on apprécie la présence mais dont on ignore d’où il sort). Pour la taille adulte des dinosaures, on sait dans l’univers étendu que le Professeur Wu a inclus des gênes d’accélérateur de croissance pour que les animaux deviennent plus vite adultes (pour les besoins du parc à l’époque).

Pendant que le monde part en sucette, Owen (le dresseur de raptor) et Claire (ancienne directrice de Jurassic World) jouent au papa et à la maman et vivent en famille avec Maisie Lockwood (la clone de Charlotte Lockwood) dans un chalet au milieu des montagnes pour que cette dernière ne soit pas retrouvée par les grandes puissances de ce monde vu que son ADN est unique (première clone humaine, tu m’étonnes que tout le monde veuille la retrouver, qu’ils sont égoïstes les 2 là). Non loin de là, Blue, la Raptor survivante des deux autres opus, a eut un petit par parthénogénèse (elle a fait un bébé toute seule grâce à ses gênes de varan) et l’entraîne à vivre dans son nouvel environnement (la petite s’appelle Bêta, pourquoi ?… Parce que… Voilà…). Leur loisir ? Chasser le loup, le renard et la belette. Mais bizarrement, pas d’humain… Et comme on peut le voir dans la bande annonce, Bêta sera capturée par des mercenaires, tout comme Maisie (fallait bien que ça arrive), des hommes à la solde de Biosin, l’entreprise qui remplace Ingen au rayon des superpuissances qui ont les supers meilleures mauvaises idées du siècle cachées derrière les vraies bonnes idées jamais imaginées (et qui ne seront jamais appliquées…). Autre point négatif, c’est que le scénario est téléphoné dès le début. Pas de surprise au menu dans une grande partie du film. L’autre point qui m’a dérangé, c’est Blue, qui est pourtant un chasseur terrifiant mais qui, à l’instar de Rexy/Roberta (la T-Rex du 1er Jurassic Parc qu’on retrouve dans les 2 autres films de Jurassic World), ne fait plus peur, le raptor qui nous donnait des cauchemars dans les trois films de la saga originale n’est plus entouré de cette aura de terreur qui caractérisait son espèce, et c’est dommage.
Ailleurs, l’on retrouve le Professeur Satler qui enquête sur un phénomène qui risque d’amener le monde plus vite à sa perte que le retour des dinosaures sur Terre, c’est la prolifération de sauterelles de la taille d’un Jack Russell qui bouffe absolument toutes les récoltes aux Etats-Unis. Et quels sont les champs céréaliers qui ne sont pas touchés par l’essaim ? Surprise, surprise, ceux de chez Biosin ! Ah ben on ne l’avait pas vu venir non plus celle-là. Satler décide d’aller voir son ancien amant et ami de toujours, Allan Grant, toujours perdu au milieu des fossiles et face à des jeunes plus intéressés par leur portable que par le discours du renommé paléontologue. Et pour boucler la boucle, qui vont-ils retrouver un peu plus tard ? L’ami Ian Malcolm qui s’amuse à discourir de sa bonne vieille « Théorie du Chaos » chez… je vous laisse deviner… tadaaa ! Chez Biosin bien sûr.

Bon, je ne vais pas aller plus loin dans l’explication du pitch qui, à première lecture, semble ne pas recueillir mon suffrage d’adhésion, et pourtant. Loin de remporter la palme de l’originalité dans sa mise en place, on ne peut nier que le retour du trio qui a fait la réussite de la saga originale est le coup de boost dont le film avait besoin. Le début est long mais il permet de réellement poser les bases du problème, d’en apprendre sur les historiques de chaque personnage et quels seront les tenants et aboutissants des actions qu’ils vont entreprendre. Le jeu d’acteur des 3 anciens n’a rien perdu de sa qualité, tandis qu’Owen et Claire font du Owen et Claire, ils ne sont pas transcendants mais font le boulot et sont mis en avant par des scènes d’action qui les mettent en valeur (et non l’inverse, ce qui est dommage). Après la mise en place du scénario, le film va monter crescendo en intensité pour ne presque plus redescendre et c’est tant mieux. Le film fait également étalage d’une critique sociétale forte, pointant du doigt le fait que dès qu’une nouveauté arrive, même s’il s’agit d’être vivants, l’être humain réussira toujours à l’exploiter de la plus moche des manières. Côté dinosaures, nous sommes servis également. Le nombre de nouvelles espèces est vraiment sympa avec des bestioles que beaucoup de fans attendaient comme le Therizinosaurus (il fait vraiment plaisir celui-là) ou encore le Quetzalcoaltus cité plus haut ou le Dimétrodon, mais également des variantes raptors comme le Pyroraptor et ses plumes. Ce dernier élément qui vient justement apporter de la crédibilité aux dinosaures, ou le fait que les dinosaures ne soient pas gênés par la neige, sont des ajouts suite aux différentes découvertes scientifiques faites ces dernières années, Jurassic Park ayant été justement flingué pour le non-respect des découvertes paléontologiques, induisant par la même occasion le grand public en erreur sur de nombreux points concernant les lézards géants. On a également un comeback qu’on n’attendait pas comme celui du Dilophosaure avec pas mal de clins d’œil à la première saga. Le retour des animatroniques fait également plaisir et même si certains font old school, on ne peut s’empêcher de repenser à la terreur que nous avaient inspirés le T-Rex ou les Raptors sans effets numériques du premier film. On notera également au casting l’ajout de la mercenaire Kayla Watts (DeWanda Wise) qui fait le job, sans crever l’écran, mais qui, tout comme Ramsey Cole (Mamoudou Athie), apporte de la fraîcheur et de la maturité dans son rôle, ce que Franklin Webb (Justice Smith) et Zia Rodriguez (Daniella Pineda), que l’on revoit brièvement, n’ont pas réussi à faire dans Fallen Kingdom. On n’a également plus d’histoire d’hybrides survitaminés comme dans les 2 opus précédents (la série « La colo du Crétacé » s’est chargée de rajouter le Scorpios Rex mais le temps d’une saison) et le film le dit lui-même que parfois, rester sur les originaux ça vaut mieux que se fier à du trafiqué. Bien que les hybrides endossaient vraiment leur rôle de méchant, ils étaient trop intelligents et la saga aurait pu partir à la dérive comme jamais si elle avait continué dans cette direction, et c’est sans doute mieux ainsi.

En parlant de grand méchant, celui du film est un Giganotosaurus. Menaçant par sa taille, il échoue pitoyablement dans sa tentative d’être un monstre épique et mémorable. Je vous laisse le soin de regarder le film pour comprendre pourquoi mais là où le Spinosaure avait réussi, dans un film Ô combien critiqué, à devenir un pilier de la saga en terrassant un T-Rex et en étant un danger permanent dans le film, le Giganotosaurus est complètement passé à côté de son sujet. La menace des sauterelles semble être plus dangereuse que lui, aussi bien dans le fond de l’histoire que sur la forme lorsque les héros lui font face. Autre point noir avec notre ami « le plus grand carnivore que la Terre ait porté », le combat final. On a finalement une sorte de remake de réalisation façon combat final du premier Jurassic World avec une caméra braquée sur les héros avec un combat en arrière-plan qu’on ne distingue qu’assez peu et un finish plus que décevant. Les dernières images nous laissent présager d’éventuelles suites et ne semblent pas vraiment conclure une saga qui l’annonce pourtant ainsi. La dernière saison de la Colo du Crétacé sur Netflix sera peut-être la conclusion des 6 films. À voir.
Voyons ensemble les éléments positifs et négatifs de ce dernier opus censé clôturer la saga :

Les + :
- Que veut le peuple ? Des dinosaures. Et il y en a. Il y en a beaucoup même. Un retour sympa façon clin d’œil au premier film et des nouvelles espèces qui font vraiment plaisir comme le Therizinosaurus ou encore le Quetzalcoaltus.
- Ah visuellement, ça envoie du lourd (heureusement, vu le budget), mais certaines scènes resteront mémorables comme la réserve naturelle (extérieure et intérieure) de Biosin ou encore la place à Malte avec l’attaque des dinosaures.
- Le retour des animatroniques pour certaines scènes qui, même si sur certains plans ce n’est pas top, apportent malgré tout cette touche d’authenticité que n’arrive pas à amener la CGI.
- La « mise à jour » des dinosaures à plumes (les anciens ne pouvant être modifiés sans que le public ne crient au scandale) ou qui font face au froid et à la neige, histoire d’atténuer les erreurs du passé et respecter le travail des paléontologues.
- La menace des sauterelles. Bien qu’ici fictive, elle est pourtant bien réelle en Afrique et dans certaines autres régions du globe et si ces espèces s’adaptent à nos régions, on court droit à une pénurie mondiale de nourriture. Le film nous met en garde contre ces essaims qui semblent lointains pour nous, européens, mais sont des menaces bien réelles pour d’autres personnes dans le monde.
- Une critique sociétale sur la dualité de l’être humain, entre son besoin de protéger à tout prix ce qui peut l’être, ou à l’exploiter de la pire des manières possible dès que l’on peut parler de business. Cette facette m’a rappelé à quel point l’être humain était cupide et profondément méchant quand il en a l’opportunité.
- Le retour du trio original, avec un background entre les 2 sagas intéressants et des jeux d’acteurs qui n’ont rien perdu de leur efficacité (j’ai trouvé Satler particulièrement mise en avant et très bien jouée), un vrai boost pour le film. Là où certains retours sont ratés, celui-là a clairement rempli son office, à savoir mettre une baffe de nostalgie et un apport de qualité dans le scénario.
- Les nouveaux acteurs viennent apporter de la fraîcheur et de la maturité, ce que Fallen Kingdom n’avait pas réussi à maîtriser avec ses nouveaux personnages.
- Fin de l’ère des hybrides. Bien que les précédents étaient très sympas, ils étaient tellement dopés que la dérive aurait facilement pu faire basculer la saga dans un grand n’importe quoi et heureusement que Colin Trevorrow ait choisi (si c’est bien lui qui a choisi) de revenir aux fondamentaux.
- Le scénario, bien que convenu, prend le temps de poser les bases du problème, de présenter les personnages et leurs liens et ce qu’ils sont devenus… même si ce que l’on souhaite c’est LA BAGUARRE !!! (ahem… désolé) on ne crache pas sur un peu de mise en place sans quoi on dira encore que le background a été sacrifié pour ne mettre que de la surenchère d’action sans intérêt. Du coup, ce n’est pas le cas ici et c’est tant mieux.
Les – :
- Déjà, j’ai beaucoup de mal avec le fait que 50 dinosaures échappés d’un manoir aient pu en quelques années repeupler le monde comme ça, sans problème, avec des espèces qu’on ne voyait même pas dans les précédents opus. Tout ça pour qu’au final, la vedette de la menace la plus dangereuse du monde soit volée par des insectes dégueulasses qui mangent les récoltes. Quelle ironie…
- Pour le scénario, comme je le disais plus haut, il est convenu sur une bonne partie du film. Heureusement que certaines scènes à Malte ou chez Biosin viennent nous apporter plusieurs surprises en chemin. Je pense aussi que les bandes annonces n’ont malheureusement pas aidé en dévoilaient trop d’éléments.
- L’horrifique a déserté Jurassic World. La T-Rex des opus précédents et Blue ne font plus office de menace pour les héros et le grand méchant ne s’est pas imposé dans son rôle. Les jump-scares ont été dévolus aux Dimetrodons et aux Dilophosaures, les menaces sont apportées par d’autres mais on ne ressent plus vraiment de peur en regardant Jurassic World.
- Autant le trio des anciens m’a fait rêver, autant l’histoire de Maisie Lockwood m’a laissé de marbre. Je n’ai ni apprécié son histoire, ni l’interprétation de l’actrice, ni encore la voix française qui la doublait. C’est purement personnel et d’autres personnes auront sans doute apprécié sa performance, ce que je respecte parfaitement. Mais moi j’ai eu beaucoup de mal à chaque fois que je la voyais.
- Le méchant de chez Biosin. On ne comprend finalement pas très bien ses intentions. Le jeu de l’acteur est bon, ses tics son mis en avant mais ne sont pas expliqués. Un peu à l’image du méchant dinosaure, il se perd dans son rôle et le public ne le comprend pas et ne peut donc pas y adhérer.
- Trop d’heureuses coïncidences pour les raccourcis scénaristiques. Trop facile et si voyant qu’on en rigolerait presque en criant : « Comme par hasard ! »
- Le combat final. Une déception.
Conclusion
Jurassic World : Le Monde d’après ou « Dominion » a fait beaucoup parler de lui bien avant sa sortie en salle, les nombreux fans de la première heure ne sachant pas à quelle sauce serait mangée leur saga préférée. La critique l’a conspué, les « experts » Facebook ou Twitter l’ont démonté. Et pourtant… pourtant il n’est pas le navet que la presse ou les influenceurs ont voulu me faire croire. Comme quoi, il faut toujours constater par soi-même et faire sa propre expérience plutôt que de baser son avis sur ceux des autres. Loin d’être parfait et bourré d’éléments perturbateurs qui ont justement fait hurler la critique comme les raccourcis scénaristiques nombreux et frustrants, les grands méchants (humains comme dinos) qui n’assument pas leur statut et un scénario convenu, Dominion a cependant quelques atouts à faire valoir qui font que ce film n’est sans doute pas le pire de la saga. L’apport de nombreux nouveaux dinosaures, mis à jour avec les découvertes scientifiques faites récemment dans la vie réelle, un message sociétal assumé, une mise en place longue mais nécessaire pour mettre en avant les personnages et leur background, le retour providentiel du trio de la saga originale… Bref, ces points positifs viennent suffisamment équilibrer la balance pour éviter de qualifier ce dernier opus de navet intergalactique, ce que beaucoup de personnes ont malheureusement trop tendance à sortir pour tout et n’importe quoi de nos jours, à croire qu’ils ont oublié ce qu’est un vrai navet cinématographique. Encore une fois, loin d’être parfait, le film m’aurait finalement laissé une impression positive en ressortant de la salle, et c’est finalement ce que l’on attend d’un film au cinéma. Il sera intéressant de voir si, après la saison 5 de la Colo du Crétacé sensé clore le chapitre des Jurassic Park et World, des suites ou des films indépendants vont voir le jour pour approfondir encore plus l’univers étendu de la franchise.
NOTE
7/10
BANDE-ANNONCE
Une réflexion au sujet de « Avis Film : Jurassic World : Le Monde d’après »