Avis Lecture : De fièvre et de sang (Cédric Sire)

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Informations :

  • Édition : Pocket/Pré aux Clercs/Audible/France Loisirs
  • Parution : 2010
  • Nombre de pages :  entre 440 et 560 pages (selon les éditions)
  • ISBN : Dépend de l’édition
  • Prix : Dépend de l’édition

Résumé :

Une jeune fille se réveille entièrement nue et entravée sur un matelas couvert de sang. Elle sait qu’elle va mourir, toute tentative de fuite semble inutile. La douleur n’est rien en comparaison de la peur panique qui s’est emparée d’elle…
Le commandant Vauvert mène l’enquête en compagnie d’une profileuse albinos, Eva Svärta. Personnage excentrique et hors-norme, Eva a un véritable sixième sens qui fait d’elle une redoutable traqueuse de l’ombre. Ensemble, ils vont tenter de remonter la piste d’un tueur en série qu’ils croyaient mort et qui a pour habitude de vider entièrement ses victimes de leur sang. S’agit-il d’une réincarnation, d’un spectre, d’un homme, d’une femme, d’une créature d’un autre monde ?

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Cédric Sire

« – Pourquoi crois-tu qu’on m’a fait quelque chose ?
– Parce que tu n’as pas simplement neutralisé ce fils de pute. Tu lui as vidé ton chargeur dans la tête. Je suis flic depuis quinze ans, tu sais. Des comportements de stress, ou de panique, j’en ai vu défiler. Mais pas dans ton cas. Tu n’as pas perdu ton sang-froid une seule seconde. Ce que tu es venue faire ici, ce n’était pas un boulot. C’était mener une croisade.
– Tu as déjà pensé à devenir profileur, Vauvert ? »

Attention, coup de coeur ❤

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Mes impressions, un thriller horrifique au régime sanguin équilibré

On ne présente plus Cédric Sire (qui écrivait auparavant sous le nom de plume de Sire Cédric) pour qui les thrillers horrifiques sont des succès à quasi chaque nouvelle publication. Affublé de la lourde mais néanmoins flatteuse étiquette de « Stephen King » français, l’auteur originaire de l’Aveyron est sans doute l’un des écrivains francophone qui fait le plus fureur en salon partout où il passe. Les dizaines et dizaines de mètres de files d’attente pour des dédicaces qui s’enchaînent sans interruption sont la plus belle preuve de son succès, qu’il soit en tournée en France ou en Belgique. En plus d’une plume qui a su séduire un très large public, l’humain derrière l’auteur est d’une accessibilité rare, n’hésitant jamais à prendre le temps de discuter avec chaque personne malgré une file interminable et se levant à chaque fois pour taper la pose pour une photo. Dit comme ça, on pourrait croire que c’est que normal, mais faites-le toute la journée avec seulement votre petite pause de midi pour vous reposer…

Mais passons au récit proprement dit qui, comme vous pouvez vous en douter, m’a mis d’accord avec l’avis général sur la qualité des textes de Cédric Sire.

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Le récit :
L’inspecteur Vauvert et la profileuse albinos, Eva Svarta, se trouvent à la ferme des frères Salaville pour y retrouver une fille enlevée. Le problème, c’est qu’ils y trouveront bien plus que cette jeune fille. Ils entreront dans la bouche de l’Enfer.

Bon ok, dit ainsi, on peut raisonnablement se dire que c’est un peu exagéré. Sauf que pas du tout. Rarement impressionnable lorsqu’il s’agit de films ou de livres horrifiques, je dois bien avouer que cette lecture m’a…comment dire… tendu du début à la fin. Les premiers chapitres vous plongent directement dans l’ambiance. Des sceaux de sang, une ferme lugubre et aux allures abandonnées, des objets de torture,… et des loups ! Des foutus loups sortis tout droit du ventre du Diable ! Encore une fois, je suis rarement impressionnable, mais Cédric Sire a cette capacité d’écriture qui vous amène à vous immerger tout entier dans son texte, pour que vous viviez ce que ses personnages vivent, c’est déroutant, c’est prenant. Puis le flip quoi ! Imaginez-vous, seul, avec votre seul collègue, dans une ferme immense où l’on retrouve des litres de sang, ne sachant pas si vous êtes le chasseur ou la proie dans un jeu de cache-cache surnaturel et pourtant qui semble si réaliste. Bref, c’est ce que j’ai adoré, le stress, la tension, et ça dès les premiers chapitres !

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Remis de mes émotions du début, on va suivre les vies de nos deux enquêteurs, réunis pour les besoins de la première enquête mais qui ensuite mènent chacun leur vie, l’un dans le Sud, l’autre à Paris, mais nous allons également suivre les derniers instants des futures victimes, victimes qui rouvrirons l’enquête bien malgré eux, nous faisant voyager d’un bout à l’autre de la France avec des événements toujours plus glauques, toujours plus sanglants., dans des lieux parfois inédits comme des boîtes de nuits souterraines, des appartements ou des centres psychiatriques. Nous plongeons également dans l’Histoire avec une comtesse hongroise un peu timbrée du XVIIème siècle et la civilisation des Daces et ses cultes, ainsi que la place des miroirs et des loups dans les légendes et j’en passe. Niveau Timeline on va aussi voyager entre les moments cruciaux des victimes, de l’enquête et des flashbacks temporels concernant l’enfance de la profileuse Svarta. Bref, vous l’aurez compris, on n’a pas vraiment le temps de se reposer, d’autant plus que les chapitres sont relativement courts et accélèrent la cadence général du récit. Mais même si l’ambiance oppressante et l’urgence instillées par l’auteur pourraient nous faire reculer face au manque de pause, ne craignez rien car Cédric Sire sait comment rythmer une narration. En effet, tout est très bien équilibré en termes d’action, d’enquête, d’intrigue et de drama.

La force du livre vient surtout de l’intrigue, du côté mystérieux qui l’entoure, de la violence des meurtres et de la plume acérée de l’auteur, mais également de ses personnages bien ciselés et originaux. Une profileuse albinos, ça court pas les rues, et son passé ainsi que son présent lui donnent ce côté authentique, bien que je dois admettre que ses flashbacks étaient parfois un peu lourds car ils coupaient des moments importants de l’intrigue. L’inspecteur Vauvert, à la langue affûtée et au caractère bien trempé, fait partie de ces hommes qui n’hésitent pas à passer outre les règles pour faire avancer les choses. Des passages en force assez jubilatoires et un attachement particulier pour sa collègue qui nous fait sentir proche de lui dans ses ressentis. Son duo avec Leroy, un collège direct d’Eva, est par contre une déception car on a l’impression qu’avec ou sans Leroy, Vauvert y serait parvenu de toute façon, donc manque de consistance pour ce personnage secondaire pourtant sympathique. Mention spéciale aussi au personnage de Jean-Luc Deveraux qui est un sale type fini.

Une belle maîtrise de bout en bout qui m’a véritablement donné un coup de cœur. Cependant, certains points m’ont un peu gênés comme mentionné plus haut avec les flashbacks d’Eva, la relation Leroy-Vauvert et notamment quelques incompréhensions au niveau des scènes finales. Final qui, cela dit en passant, est un grand moment dont un passage qui m’a fait dresser les poils.

Difficile d’en dire beaucoup plus sans vous spoiler une bonne partie de l’intrigue, mais je vais essayer de vous résumer tous ces points comme je le fais à chaque fois.

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Eva Svarta ? (source : https://www.pinterest.com/pin/320459329705999457/)

« Même ici, au sein des marginaux, c’était elle la plus marginale. Ce n’était même pas ironique, c’était un constat, et il avait un goût de désespoir. »

Ce que j’ai aimé

  • Quelle tension ! Dès les premières pages. La ferme des Salaville, quel foutoir sanglant. Les 12 premiers chapitres sont vraiment prenants. Je ne suis pas facilement impressionné ou j’ai rarement peur, que cela soit en film ou en littérature, mais je dois bien avouer que lors de ce premier acte, j’étais un peu tendu malgré tout. Cette tension ne redescendra que rarement tout au long de l’histoire.
  • De nombreux chapitres courts, qui donnent une véritable impression d’urgence par rapport aux événements. Mais cette cadence soutenue fait partie d’un équilibre très bien maîtrisé par l’auteur. Le texte est bien rythmé entre les enquêtes, terreur, suspens et action.
  • Les personnages. J’ai kiffé Alexandre Vauvert. Un gars nature, aussi bien dans son verbe que dans sa manière d’être. Sa façon de foncer dans le tas, d’aller au bout de ses idées, et le plus jubilatoire, c’est sa façon de passer outre les hiérarchies et les combines administratives pour faire ce qui est vraiment important, sauver les gens. Eva Svärta, belle profileuse albinos, m’a un peu moins plu dans le sens où elle est rongée par un passé qu’elle tente de fuir et qui essaie de la rattraper à chaque coin de rue. Lorsque son passé est révélé, il est quelque peu prévisible. Mais attention, ce n’est pas parce que je l’ai un peu moins appréciée qu’elle n’est pas intéressante. Justement. Elle a une mentalité complexe et gère sa différence physique de belle manière.
  • Le travail historique réalisé par l’auteur. Les cérémonies daces, la noble hongroise Bathory surnommée la « Comtesse sanglante », la place mythologique et spirituelle des miroirs et des loups,… un gros travail de fond réalisé et très appréciable apportant force précision pour nous aider à comprendre les rituels,…
  • Le terrible destin d’Eloïse Lombard. Son final était juste, rha j’ai pas les mots. C’est énorme et en même temps passé tellement dans l’indifférence que ça en est drôle et terrifiant.
  • Les loups. Ah qu’ils sont flippants ces bestioles dans ce livre. J’avoue que ce sont eux qui m’ont tendus le plus. La plupart des passages où ils sont présents sont très réussis et apporte ce côté angoissant et terrifiant. Leur lien avec les miroirs est particulier et intéressant.
  • L’auteur m’a parlé de vampires. Alors oui, on en fait mention, mais l’idée est apportée de façon totalement différente à ce que j’aurai pu croire. Surprenant.
  • On a du sang, on a de l’action, on a une enquête bien construite avec des recherches approfondies, du mystère et du fantastique. Que demande le peuple ? On pourrait presque parfois parler de gore mais c’est en aucun cas des descriptions gratuites car il y a à chaque fois un but bien précis à tous ces bains de sang.
  • Le style de l’auteur, particulièrement immersif, est affûté et le verbe est soutenu juste ce qu’il faut, mêlant habilement descriptions des lieux avec des dialogues forts et marquants. Cédric Sire a également pour habitude d’instiller des musiques dont il a été marqué, le plus souvent dans le genre Hard Rock ou Metal, comme dans la boîte de nuit souterraine, le « Hells Bells », où l’on ressent presque la moiteur des gens et les vibrations des instruments. Une véritable invitation au voyage mental et à l’imprégnation de l’environnement imaginaire.
  • Ce livre, c’est aussi un auteur. N’apprenant son existence et sa renommée que peu de temps avant le salon Troll&Légendes 2017 à Mons en Belgique, je ne savais pas vraiment à quel type d’auteur j’allais avoir affaire. Un livre peut être excellent, mais si l’auteur ne considère pas son lecteur, la magie s’estompe et le lien avec son oeuvre est compliqué à se tisser. Cédric Sire a vraiment été top avec moi lorsque je suis arrivé devant lui. Il y avait bien une vingtaine de personnes derrière moi, il venait de converser avec une centaine d’autres avant, et il a malgré tout pris le temps de discuter avec moi pendant près de 10-15 minutes en me conseillant sur l’écriture, en expliquant ses ouvrages, son évolution,… J’étais surpris et en même temps heureux comme un gosse. Donc merci à lui pour sa disponibilité.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • Les couvertures des différentes éditions ne m’accrochent pas des masses. J’ai vu une couverture polonaise du même livre qui envoyait grave et je regrette que ça ne soit pas le cas des versions françaises.
  • Les délires psychologiques de Svarta, ses flashbacks, bien que nécessaires, cassaient parfois le rythme et j’étais moins fan de ces parties. Après son passé lui revient en pleine figure et c’est très réussi, mais voilà, c’est trop parasitaire à mon goût.
  • La fin nous laisse un peu dubitatif sur quelques points, des questions qui restent un peu sans réponse. Rien de grave mais on aurait aimé savoir.
  • L’entente Leroy et Vauvert. Ils ont passé beaucoup de temps ensemble mais n’ont presque pas parlé sauf de boulot. Pas de confidence entre les deux hommes qui en avait pourtant toute l’opportunité entre leurs différents voyages. Leroy justement, que je trouve assez inconsistant par instants. Parfois j’avais l’impression que Vauvert pouvait continuer la mission sans lui que ça n’aurait rien changé.

Conclusion

Un thriller horrifique palpitant. Le premier d’une trilogie qui comprend également les titres « Premier sang » et « La mort en tête » où l’on retrouvera l’inspecteur Vauvert ainsi que la profileuse albinos Eva Svarta. Des filles qui disparaissent, des rituels de sang horribles, une enquête qui vous portera à travers une grande partie de la France ainsi que dans l’Histoire, jusqu’au XVIIème siècle, des loups monstrueux et des miroirs terrifiants. Une revisite de la légende des vampires originale, des personnages forts et marquants, une écriture incisive, un rythme bien balancé entre suspens et action, entre enquête en moments sanglants. On a tous les ingrédients (surtout de l’hémoglobine à profusion) pour un excellent livre. L’auteur, considéré comme le « Stephen King » français, vaut également le détour de par sa gentillesse, sa disponibilité pour son public et pour ses conseils avisés. Quelques petits points négatifs viennent légèrement égratigner la toile mais ils ne pèsent pas lourd dans la balance et il est facile de prendre son pied avec ce récit si l’on est en quête de frisson. Un livre qui mériterait un traitement cinématographique de qualité, un film qui aurait un succès certain ! Bref, si vous ne connaissez pas encore Cédric Sire, ce livre saura vous transporter dans l’univers qui a fait son succès.

Note

9,5/10 ❤ 

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

D’autres avis d’experts, c’est par ici –> Stelphique, Les pages qui tournent, Aelinel, eTemporel, Fais-moi peur, Althéa,…

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10 réflexions au sujet de « Avis Lecture : De fièvre et de sang (Cédric Sire) »

      1. Bah de toute façon t’as le droit d’être enthousiaste sur un roman qui n’enthousiasmen pas tout le monde 😊 on ressent bien à quel point tu as aimé dans ta chronique et c’est cool !

        Aimé par 1 personne

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