Sorceleur, Tome 1 : Le Dernier Vœu (Andrzej Sapkowksi), le début d’une saga historique !

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Informations :

  • Édition : Milady/Bragelonne
  • Parution : 1986 (Pologne), 2003 (France)
  • Nombre de pages :  entre 300 et 400 pages en fonction de l’édition
  • ISBN : Dépend de l’édition
  • Prix : Dépend de l’édition

Résumé :

Geralt de Riv est un personnage étrange, une bizarrerie de la nature, un mutant qui, grâce à la magie et à un long entraînement, mais aussi grâce à un mystérieux élixir, est devenu un meurtrier parfait. Ses cheveux blancs, ses yeux nyctalopes et son manteau noir effrayent et fascinent. Il parcourt des contrées pittoresques en gagnant sa vie comme chasseur de monstres. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur. Car Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un Sorceleur. Il est unique.Au cours de ses aventures, il rencontrera une autoritaire mais généreuse prêtresse, un troubadour paillard au grand cœur, et une magicienne capricieuse aux charmes vénéneux. Amis d un jour, amours dune nuit. Mais au bout de sa quête, peut-être pourra-t-il prononcer son dernier vœu : retrouver son humanité perdue…

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Andrzej Sapkowski

« Les gens aiment bien inventer des monstres et des monstruosités. Ça leur donne l’impression d’être moins monstrueux eux-mêmes. Quand ils boivent comme des trous, qu’ils escroquent les gens, les volent, qu’ils cognent leurs femmes à coups de rennes, laissent crever de faim la vieille grand-mère, qu’ils assènent un coup de hache à un renard pris dans un panneau ou criblent de flèches la dernière licorne qui subsiste sur terre, ils aiment se dire que la Moire qui entre dans les chaumières au point du jour est plus monstrueuse qu’eux. Alors ils se sentent le cœur plus léger. Et ils ont moins de mal à vivre. »

Mes impressions, les débuts de Geralt de Riv, héros à part entière

Couverture :
Il en existe plusieurs. En effet, l’oeuvre n’est plus toute jeune et de nombreuses rééditions ont été faites du côté de chez Bragelonne. Surtout ces dernières années avec la collection Starz, puis le changement de l’édition et le remplacement de la lettre M par celle du B de Bragelonne, puis une belle réédition avec nouvelle couverture et ensuite une ultime réédition pour la sortie de la série. Cela fait beaucoup en peu de temps je trouve mais que voulez-vous ? Il faut accrocher le train quand il passe et maintenant que la série est sortie, c’est l’éditeur qui doit être content de ce coup marketing.

Les personnages :
Tous les textes regroupés dans ce livre, car c’est bien un recueil de textes mais avec une ligne directrice bien précise, mettent en scène un seul et même personnage : Geralt de Riv. Mutant créé pour chasser les monstres contre de l’argent, Geralt est un sorceleur, un humain coincé entre deux mondes, celui des Hommes et celui des non-humains. Remercié par certains, détesté par beaucoup d’autres, il y aura un combat perpétuel entre vouloir agir pour le bien commun ou ne pas intervenir dans la vie d’autrui même si la vie de personnes innocentes en dépend. Ne souhaitant prendre parti pour personne, il sera confronté à des choix qui auront leurs conséquences, que cela soit aux yeux des autres ou vis-à-vis de lui-même. D’ordinaire sombre, il est doté d’un humour particulièrement cynique et doté d’une vivacité d’esprit très développée et affûtée comme son adresse à l’épée, son expérience le sortant souvent de situations particulièrement délicates, qu’il s’agisse des traquenards des cours royales ou des pièges tendus par les monstres qu’il chasse. Le nombre décroissant des sorceleurs et des monstres à tuer ainsi que l’agressivité toujours plus aiguisée des habitants à son encontre rendent Geralt particulièrement désabusé et ce dernier devra réfléchir à sa place qu’il devra occuper dans un monde qui n’aura bientôt plus besoin de son engeance.

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Le sorceleur rencontrera de très nombreuses personnes au cours de ses péripéties, certaines pour un temps seulement, d’autres qu’il sera amené à recroiser dans de futures aventures et d’autres avec qui il sera lié pour le restant de son épopée. Trois personnages importants se détachent dans ce premier bouquin. Il y a Jaskier, poète et musicien, qui deviendra par la force des choses l’un des meilleurs amis du chasseur de monstre. Yennefer de Vengerberg est également un personnage central de la vie de Geralt et on découvre pourquoi dans ce récit même s’il ne s’agit que d’un texte finalement. Il y a pour finir Nenneke, la prêtresse de Melitele qui s’occupera de Geralt et aura son importance dans la suite des livres.

Les autres sont moins marquants de par leur brièveté dans le livre mais n’en sont pas moins hauts en couleurs. La Pie Grièche, les elfes rebelles, le monstre Nivellen, la Reine Calanthe de Cintra,… on y croisera du monde et de toutes les classes sociales ainsi que d’origines aussi diverses que variées.

Le monde de The Witcher (version anglaise du « Sorceleur ») possède cet atout d’avoir un personnage central très fort et marquant sans délaisser pour autant les intervenants secondaires, leur attribuant des psychés et des historiques solides pour qu’on les retienne. Leur grand nombre peut cependant nous en faire oublier certains lorsqu’ils réapparaissent beaucoup plus tard ou lorsque l’on en fait mention suite à des souvenirs ou autres. Quoi qu’il en soit, les personnages sont un des points forts, que qu’il s’agisse de ce premier tome, de toute la saga ou même des jeux vidéo.

N’oublions pas non plus la jument prénommée Ablette qui suit le sorceleur partout et qui, à l’une ou l’autre reprise, aura son importance.

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Il y a beaucoup, beaucoup de personnages dans The Witcher, tout comme dans les livres. Mais heureusement, Geralt reste le centre commun de tous.

Le récit :
Comme mentionné plus haut, il s’agit d’un recueil de textes centrés sur la personne de Geralt le sorceleur. Il en est le fil conducteur et ses aventures apparaissent à des chronologies différentes. Ci-dessous vous trouverez les différents textes et leur sujet sans que je ne vous en dévoile de trop pour ne pas vous spoiler mais en essayant de vous en dire suffisamment pour vous donner l’eau à la bouche. C’est parti !

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Le sorceleur
Geralt de Riv recherche un lieu où loger à Wyzima. Il attirera très vite l’attention de la garde puisqu’il aura assassiné trois personnes dans une auberge pommée. Conduit jusqu’au burgrave Velerad, sa position de sorceleur lui évitera les ennuis car il est là pour une affaire de la plus haute importance. Le burgrave lui expliquera les détails de l’affaire qui prend des proportions royales. Le ton est tout de suite donné ; inceste royal, malédiction, complots pour renverser le pouvoir, morts atroces et contrat que personne ne veut voir réussir, le sorceleur est tout de suite dans le bain et fera face à l’un des monstres maudits les plus dangereux du Continent : une strige.

Cette nouvelle donne un aperçu direct de ce qu’est un sorceleur, de la mentalité de Geralt, de son arsenal, de ses potions et leurs effets, de ses pouvoirs et des difficultés auxquelles il doit faire face pour réussir ses missions tout en étant rétribué correctement selon le degré de difficulté du contrat. Nous verrons également à quel point il est un chasseur de monstres aguerri, expérimenté et capable de réussir l’impossible.

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Le combat entre la strige et le sorceleur dans le livre est remarquablement adapté dans la cinématique du premier jeu vidéo, sortit en 2007.

La Voix de la raison
Divisé en sept parties, « La Voix de la raison » est un intermède entre chaque nouvelle aventure. Elle est la suite directe de la mission avec la strige. Grièvement blessé, Geralt se fera soigner dans le temple de la déesse Mélitele par Nenneke, sa grande prêtresse. S’ensuivront des chapitres où on apprendra à mieux connaître Geralt et la caste des sorceleurs lorsque ce dernier se confie à Iola (avec qui il couche dès le premier chapitre et qui a fait vœu de silence…pratique me direz-vous), ou d’introduire des personnages importants qui colleront à la peau du sorceleur durant toute sa saga comme Jaskier et Yennefer ou encore de se remémorer des aventures passées qui seront contées dans les autres chapitres. Des ennuis avec l’Ordre de la Rose, les chevaliers du Prince local, viendront également prouver une fois encore l’intelligence de Geralt face à une situation désespérée.

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Nenneke, grande prêtresse de Melitele

Un Grain de Vérité
Geralt voyage et tombe sur les cadavres de marchands, en bordure d’un château où il croisera une fille étrange et volatile ainsi qu’un monstre nommé Nivellen. Ce dernier est en fait un humain ayant subi une malédiction. Il commande au château, sait faire apparaître de la nourriture à volonté et récent un profond besoin de se confier au sorceleur. Il espérait rompre le maléfice en puisant dans les contes populaires et de fait, il accueillait l’espace d’un an une jeune pucelle qui, il l’espérait, se prendrait d’une réelle affection pour lui et romprait ainsi la malédiction pour lui rendre son apparence. Mais au fil des ans cette envie s’en alla et il s’accommoda de son existence. Mais l’arrivée de Geralt et l’intuition aiguisée de sa jument Ablette vont tout changer. Au final, le monstre n’est peut-être pas celui qu’on pense.

Ce récit est une réinterprétation, plus sanglante et glauque, du conte de « La Belle et la Bête » et la fin épique est pleine d’émotions. Le final fera réfléchir Geralt sur sa position et il se questionnera sur l’intérêt de parfois mener jusqu’au bout une mission. Pour l’anecdote, le conte de « La Belle et la Bête » fut l’une des missions dans « The Witcher 3 : Wild Hunt », mais Geralt avait alors affaire à un loup-garou, ce qui marchait tout aussi bien et était bien plus flippant.

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Geralt à la table de Nivellen

Le Moindre Mal
Geralt arrive à Blaviken après avoir éliminé une Kikimorrhe (sorte de grosse bête arachnéenne vivant dans les marais). Il espère en retirer un bon prix mais le maire Caldemeyn n’a pas posé de contrat. Il tente sa chance chez le magicien local du nom d’Irion. Ce dernier le reconnaît et l’invite dans son beffroi. Il se trouve qu’il s’agit de Stregobor, un mage dont Geralt a déjà eu affaire par le passé et n’en garde pas un souvenir glorieux. Stregobor lui annonce qu’il est pourchassé par une dangereuse femme nommée la « Pie-Grièche » et demande au sorceleur de l’éliminer.

Geralt sera confronté au problème de sa vie, intervenir dans l’histoire des Hommes ou non. On lui demandera de choisir le « moindre mal » alors qu’il définit le mal pour ce qu’il est, qu’il soit grand, petit, le mal reste le mal et s’il a le choix entre deux maux, il préfère ne pas choisir du tout. Malheureusement, ce ne sera pas si simple et c’est de cette histoire que le sobriquet de « Boucher de Blaviken » lui collera à la peau longtemps encore après ces événements. L’histoire de la Pie-Grièche fait écho à celle de Blanche-Neige, mais en bien plus sombre et un passage rappelle brièvement le conte de Raiponce des frères Grimm.

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La « Pie-Grièche »

Une question de prix
Geralt se retrouve à Cintra où il est invité personnellement par la Reine Calanthe dite la Lionne de Cintra (elle a gagné sa première bataille à quinze ans). Cette dernière organise un banquet en l’honneur des quinze ans de sa fille Pavetta. C’est l’occasion pour les prétendants de la princesse de se faire connaître et Calanthe connaît déjà vers qui sa fille doit se diriger. Elle veut une alliance avec les îles de Skellige pour éviter que les navires des insulaires ne saccagent ses côtes et renforcer sa puissance militaire. Habile sur un champ de bataille avec une épée, la reine fera montre d’autant de dextérité sur le plan des intrigues politiques. Le sorceleur ne veut tuer personne (personne d’humain en tout cas) et la reine justifie sa demande en disant que tout ceci n’est qu’une question de prix. S’ensuivront des événements troublants et dangereux où Geralt devra à nouveau faire montre de tout son talent et de son expérience pour éviter une catastrophe.

Une nouvelle malédiction et une récompense qui a pour nom le « droit de surprise », droit qui aura un impact déterminant dans ce texte mais également dans la suite des aventures du sorceleur bien qu’il ne mesurera pas tout de suite l’importance. On apprend que Geralt était lui-même un enfant-surprise et on aborde sans que cela ne soit dit clairement le concept de Sang Ancien (le pouvoir à l’état brut, dont on apprend beaucoup dans le jeu The Witcher 3 car il est au centre de l’intrigue). On fait également mention, brièvement, au conte de Cendrillon. Quant à la reine Calanthe, on observe ici toute son habileté et son intelligence, loin de l’image guerrière et peu finaude que la série Netflix a bien voulu nous montrer d’elle.

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La reine Calanthe, la Lionne de Cintra

Le Bout du monde
Geralt rencontre le troubadour Jaskier qui désire l’accompagner, avant tout pour sauver sa peau des frères d’une donzelle qu’il aurait culbutée, mais surtout pour trouver son inspiration auprès du chasseur de monstres et des aventures qu’ils vivront. Les prémices d’une grande amitié même si cela ne commence pas vraiment dans les meilleures conditions. En quête de travail dans le Sud, ils arriveront dans la Vallée des fleurs (Dol Blathana en elfique) où des paysans voudront engager le sorceleur pour repousser un diabolo. Bien que le diable, qui se trouve être un sylvain, ne leur fait pas de mal, il fait régulièrement peur aux villageois et vole leurs récoltent étonnamment abondante dans cette région.

Une mission qui semble relativement simple jusqu’à l’entrée en scène d’un peuple ancien depuis longtemps repoussé dans les montagnes. Geralt et Jaskier noueront une amitié forte suite à cette expérience et nous découvrons qu’il est possible qu’une mission finisse sans pour autant recourir à la violence.

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Geralt devra résoudre l’énigme de Torque, le sylvain qui effraie la population locale

Le Dernier Vœu
Jaskier se fait encore une fois remarquer en délivrant une masse nuageuse rouge d’une urne qui semblait scellée. Suite à cet accident, Geralt se rend dans la ville de Rinde pour tenter de soigner son ami dont le larynx et les cordes vocales sont atteintes d’un étrange mal. Deux elfes sédentaires lui apprennent qu’une sorcière à la réputation sulfureuse loge actuellement chez un marchand important de la ville mais que nombres de personnes souhaitent la voir partir. C’est ainsi que Geralt fait la connaissance de Yennefer. Ce qu’il ignore, c’est le prix qu’il devra payer pour que son ami guérisse car la sorcière ne fait pas vraiment dans la charité et elle obtient toujours ce qu’elle désire. Mais que désire-t-elle ?

L’un des personnages les plus important de la saga de Geralt est enfin abordé en la personne de Yennefer de Vengerberg, une des plus puissantes magiciennes de son temps et qui se trouvera être l’amour de la vie du sorceleur. C’est cette histoire qui les liera à jamais. On fait également mention de Triss Mérigold pour la première fois, une autre puissante magicienne qui aura son importance dans le futur du sorceleur.

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Geralt et Yennefer, deux destins à jamais liés.

Ce premier tome pose les bases d’un monde au Worldbuilding et à la mythologie impressionnante. Il met en place les premières rencontres qui auront une importance très marquée dans la saga du sorceleur et même si certains textes n’ont pas d’autres objets que de mettre en valeur son métier et les difficultés auxquelles le chasseur de monstre fait face, d’autres sont le commencement d’un projet beaucoup plus important.

Alors, il est évident que ce premier tome ne brille pas par son écriture. On peut mettre cela sur le compte de la traduction que je trouve un peu hasardeuse par moments. Ou on peut pointer du doigt un style pauvre mais qui, peut-être chez les slaves, s’apparente à de la littérature soutenue. Tout est une question de contexte finalement. Publié pour la première fois en 1986 dans un magazine de littérature fantastique polonais de référence, les aventures du sorceleur auront pris de l’ampleur pour devenir une saga incontournable mondialement et ce n’est pas pour rien. Pour moi, nous n’atteignons pas le maître de la création d’univers qu’est Tolkien, mais on s’en approche.

Toute l’ambiance slave est relativement peu présente, mais l’utilisation de monstres peu connus comme la kikimohrre, la strige ou encore la brouxe, sont de vrais trésors de créativité en plus de la mise en place de la corporation des sorceleurs, si particulière et si bien construite, entre mythe et réalité pour le commun des mortels. D’autres peuples sont abordés comme les insulaires des îles de Skellige, qui représentent un peu les vikings qui terrorisaient nos côtes au Moyen-âge, pour ne citer que ceux-là.

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Beaucoup de diversité dans les paysages où Geralt rencontrera de nombreux dangers.

Il y a quelques détails dans ce tome 1 qui ne prennent pas vraiment beaucoup de sens à la lecture comme le déchaînement de puissance de Pavetta au banquet et l’histoire de « droit de surprise » pour ne citer que cela. Mais si vous avez lu tous les livres et joué aux jeux, beaucoup de détails vous sauteront aux yeux et prendront une toute autre dimension à la relecture. C’est ce qui en fait une force mais également une faiblesse car l’impact de la simple lecture du premier tome est moindre si on ne va pas plus loin dans cet univers. Le traitement des contes populaires pour les tourner façon Dark est très sympa bien que manquant parfois un peu de finesse dans leur utilisation.

En bref, on comprend que les studios polonais CD Projekt aient repris l’histoire du sorceleur pour en faire trois jeux, dont le dernier fut une véritable révélation mondiale aussi bien pour la qualité du contenu que pour les graphismes beaux à pleurer. Les livres gagneront en qualité au fil des aventures de Geralt et ce premier tome est une excellente mise en bouche pour tous ceux qui souhaitent aborder cet univers plus complexe qu’il n’y paraît.

N.B.: je ne ferai pas de comparaison avec la saison 1 de The Witcher sortie récemment sur Netflix sinon l’article sera beaucoup trop long pour vous, mais si certains le réclame je peux en faire l’objet d’un article début 2020.

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The Witcher, c’est plus que des livres ou des jeux. C’est entrer dans une saga qui vous marque pour toujours !

« Je te prenais pour un instrument aveugle et avide de sang, pour quelqu’un qui tue froidement, sans se poser de questions, qui essuie le sang sur sa lame et compte son argent. Mais j’ai compris que le métier de sorceleur est en fait digne de respect. Tu nous défends non seulement contre le Mal tapi dans l’ombre, mais aussi contre celui qui est tapi en nous. »

Ce que j’ai aimé

  • L’univers de The Witcher, un worldbuilding et une mythologie d’une profondeur peu égalée même si on ne mesure pas toute l’ampleur dans ce premier tome.
  • L’histoire d’un chasseur de monstres dans un monde médiéval aux allures slaves, what else ?
  • Chaque bestiole possède ses forces et ses faiblesses (loin des clichés que nous connaissons par chez nous), et les malédictions doivent être traitées différemment à chaque fois, autant dire que les aventures du sorceleur sont aussi nombreuses que variées.
  • Un personnage central fort, désabusé et cynique, tiraillé entre rester dans son coin ou se mêler aux affaires des Hommes, entouré d’autres personnages qui, bien que secondaires, sont tout aussi intéressants, qu’ils soient bons ou méchants.
  • Pas de manichéisme dans The Witcher, pas de bons ni de méchants, les Hommes étant parfois pires que les monstres que le sorceleur chasse. L’univers est gris sombre et chacun tente de tirer son épingle du jeu pour survivre, car il s’agit avant tout d’un jeu de survie.
  • De nombreux thèmes sont abordés comme le racisme, l’expansionnisme, le choix su moindre mal, le monde et ses changements, l’amour, la trahison,… The Witcher c’est bien plus qu’une simple chasse à la goule ou à la harpie.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • L’écriture, loin de faire l’unanimité auprès du grand public. Alors, si on salue naturellement le peu de retenue qu’il y a dans les dialogues (et que j’apprécie tout particulièrement), la traduction ou la façon d’écrire de l’auteur polonais ne rendent pas hommage à l’oeuvre.
  • Les différences chronologiques peuvent un peu perturber le lecteur au début. Au-delà de ce détail temporel, il peut être difficile au lecteur de saisir l’ampleur de certains faits, un peu à l’instar de la série Netflix, ou de la richesse globale de la saga dans ce premier tome, ce qui peut laisser certains lecteurs sur le côté. C’est là que le fait d’avoir joué aux jeux peut se révéler utile dans la compréhension de certains points précis.
  • Le côté slave n’est pas encore très développé (ceux qui ont joué aux jeux savent à quel point on est en plein dedans) et on a du coup un peu de mal à distinguer les inspirations de l’auteur.

Conclusion

Rarement une franchise, qui ne soit ni américaine ni anglaise, n’aura été adaptée sur tous les formats avec autant de succès et entraîner autant d’engouement. Des romans, des bandes dessinées, des adaptations en jeux vidéo et aujourd’hui une série sur l’une des plateformes les plus puissantes du globe (une première série polonaise adaptait le premier livre au début des années 2000), il ne manque plus qu’un film au cinéma, mais ce serait tellement réducteur pour tout ce que ce premier livre a à proposer. Il pose vraiment les bases d’un univers extrêmement riche avec une mythologie très fouillée, même s’il n’est pas aisé d’en saisir toutes les subtilités et les implications que certains événements peuvent entraîner pour  dans le futur. Le style d’écriture peut lui aussi laisser les amoureux de la belle langue soutenue sur le côté, mais est-ce à cause de la traduction ? De la façon d’écrire de l’auteur qui n’a surement pas reçu la même qualité d’éducation littéraire comme dans nos contrées en son temps ? De sa maîtrise stylistique qui ne convient peut-être tout simplement pas à notre appréciation toute occidentale ? Allez savoir… Mais c’est bien peu de choses face à l’immensité du projet qui démarre par un recueil de nouvelles publié pour la première fois dans un magazine polonais de 1986. Nous sommes dans de la « Sword and Sorcery ». Ou comme le mentionne le maître de la taxonomie, Apophis, nous sommes dans de la Fairytale Fantasy pour son appropriation des contes populaires comme la Belle et la Bête ou encore Blanche-Neige et les sept nains. Le sel du livre tient forcément de son personnage principal, Geralt de Riv, sorceleur de métier et donc chasseur de monstre contre paiement en pièces sonnantes et trébuchantes, dont le caractère désabusé teinté d’humour cynique saura charmer les plus insensibles. Des missions risquées, entre monstres et intrigues de cours, des personnages secondaires forts et aux backgrounds intéressants, on se laisse facilement happer dans le filet des aventures du sorceleur. La saga gagne par la suite en qualité et nul doute que vous apprécierez encore plus votre voyage si vous persistez. L’engouement actuel sur la série Netflix devrait vous pousser à au moins tenter l’aventure et/ou à vous lancer dans les jeux vidéo. En tout cas, il s’agit là d’une de mes sagas préférées et l’un des univers qui me fascine le plus. J’espère vous avoir donné envie de tenter l’aventure !

Note

9/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

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D’autres avis d’experts, c’est par ici –> Apophis, L’Ours inculte, Blackwolf, Xapur, Ombrebones, Carolivre, Un zeste de littérature, Moonlight Symphony,…

28 réflexions au sujet de « Sorceleur, Tome 1 : Le Dernier Vœu (Andrzej Sapkowksi), le début d’une saga historique ! »

  1. Je suis très contente de voir que la sortie de la série sur Netflix pousse pas mal de monde à (re)découvrir les aventures de Géralt.
    Pour ma part je suis une grande fan de la saga depuis le premier jeu, et j’ai compulsé les livres un certain nombre de fois ado !
    Tu as raison sur le fait que le style n’est pas parmi les meilleurs, je crois me souvenir que c’est comme cela tout du long.
    Je serai intéressée pour ma part par ton avis sur la série. J’aime beaucoup la nouvelle « Le moindre mal » par exemple et j’ai trouvé son adaptation vraiment bien.

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    1. Oui il y a eu un véritable engouement autour du Witcher et j’en suis heureux. Mais mon article était surtout pour rappeler à beaucoup que la série provenait avant tout des livres. Ah quand on a lu les livres cela donne une toute autre vision aux jeux et ça explique beaucoup de points.
      Pour le style je crois qu’il s’améliore légèrement au fil des tomes. Le moindre mal est très bon en livre, l’épisode manque clairement de finesse à l’image de la reine Calanthe qui dégage beaucoup plus de finesse dans le livre que dans la série.
      Enfin tout ceci n’est que mon avis. Mais la série a ses points forts et il faut les lui laisser.

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  2. Merci pour le lien 🙂 j’avais lu le premier tome pour me préparer au visionnage de la série et si j’avais apprécié, ç’avait été sans plus. J’ ai aimé Geralt, j’ai aimé l’univers mais on survole trop d’éléments pour me donner envie de continuer. Pourtant j’ai adoré la série et c’est elle qui me donne envie d’aller plus loin. À voir donc ^^

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    1. Joue aux jeux ou tout du moins mate le film des jeux sur Youtube 😀 lol. Je suis content que la série t’ai donné envie de continuer les livres, j’espère que tu apprécieras de plus en plus au fil des tomes. À partir du tome 3 c’est vraiment en roman et non plus des nouvelles.

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  3. Mon Dieu, je me rends compte que je l’ai lu il y a plus de 15 ans…. Le temps passe vite.
    Je ne pensais pas qu’il s’agirait d’une œuvre qui défierait le temps et l’espace, mais après tant de temps, je m’aperçois que Géralt de Riv marque le lecteur.

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    1. Je pense que lorsqu’on a lu les livres et joué aux jeux, cela prend un sens différent et nous amène à beaucoup plus apprécier l’histoire et surtout l’univers du Sorceleur, mais je peux me tromper.
      Un soucis ? Comment ça ?

      J’aime

  4. On me l’a offert pour la fin d’année, et je suis justement en train de le lire. Pour l’instant j’aime bien, même si ce n’est pas « une claque » (et ça m’incite plus à essayer les jeux qu’à regarder la série, même si je la regarderai probablement)

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    1. Tu apprécieras d’autan plus les jeux en ayant lu les livres car tu sauras de quoi ça parle et ça donnera sens à pas mal d’événements. Si tu as apprécié les jeux et les livres, tu auras peut-être plus de mal avec la série car tu auras des attentes bien spécifiques, du moins c’est ce que je pense.

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  5. Je t’avoue que je passe complètement à côté de ce phénomène. Je n’ai pas vraiment envie de lire les livres et comme je n’ai pas Netflix… Si le DVD sera disponible dans le réseau des bibliothèques de ma ville, peut-être que je me laisserai tenter. Maintenant, les amateur(trice)s de SFFF ne vont pas se plaindre car cela permet d’attirer du monde vers notre genre de prédilection! Il paraît que le livre est en cours de ré-impression.

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  6. Hello,
    j’ai une nette préférence pour les couvertures récentes de Bragelonne. Je les trouve tellement belles que j’ai d’ailleurs commencé à les acheter alors que je les ai tous en ebooks ^^’
    J’ai adoré ce livre. Mais j’ai vu la série avant, ça m’a permis de ne pas être trop perdue par la chronologie. L’écriture m’a un peu dérangé au début. Ce n’est pas très bien écrit et un peu trop vulgaire. Mais par la suite ça ne m’a plus embêté, soit l’auteur s’est amélioré, soit je m’y suis habituée…
    Moi je suis très intéressée par un article de comparaison entre la série Netflix et les livres 😀

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    1. Oui les nouvelles couvertures sont très sympas mais cette surabondance de réédition me dérange dans la politique éditoriale.
      Je pense qu’il est préférable de regarder la série avant de lire le livre sinon la comparaison est trop forte (dans le mauvais sens, on veut trop que la série ressemble au livre). Il s’améliore un peu au fil des livres si je me rappelle bien par rapport à l’écriture.
      Je vais réfléchir à ça bientôt alors 🙂
      Merci pour ton passage sur le Blog !

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