Avis Lecture : Le Roi des Fauves (A.Wellenstein)

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Informations :

  • Édition : Scrineo
  • Parution : 21 mai 2015
  • Nombre de pages :  352 pages
  • ISBN : 9782367403021
  • Prix : 16,90€
  • Récompenses :
    Prix des Halliennales 2015
    Finaliste du Prix Elbakin.net 2015
    Finaliste du Prix des imaginales des lycéens 2016
    Finaliste du Prix des Imaginales catégorie jeunesse 2016
    Finaliste du Grand Prix de l’imaginaire 2016
    Finaliste du Prix des Futuriales 2016
    Sélection du Prix des Lecteurs en Seine 2016

Résumé :

Accusés de tentative de meurtre, Ivar, Kaya et Oswald sont condamnés à un sort pire que la mort. Enfermés dans un royaume en ruines, coupés du monde, il leur reste sept jours d’humanité. Sept jours pendant lesquels le parasite qu’on leur a inoculé va grandir en eux, déformant leur corps et leur esprit pour les changer en monstre. Au terme du compte à rebours, ils seront devenus des berserkirs, des hommes-bêtes enragés destinés à tuer ou être tués sur les champs de bataille. À moins que le légendaire roi des fauves puisse enrayer leur terrible métamorphose ? Mais existe-t-il vraiment ailleurs que dans leur tête ? Commence alors une course contre le temps, où les amis d’hier devront rester forts et soudés, pour lutter contre les autres. et contre eux-mêmes.

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J’ai eu la chance de rencontrer Aurélie Wellenstein aux Halliennales 2016 (entre autres). Elle a pris beaucoup de temps pour dialoguer, pour expliquer sa façon de procéder et pour donner des conseils. Je la remercie pleinement, pour sa disponibilité.

« – J’ai une bonne nouvelle, annonça Oswald.
– Tu as trouvé comment dévisser les barreaux ? questionna Kaya.
– Non, je crois que je suis en train de faire une pneumonie. Je vais mourir avant d’être jugé, c’est sûr.
– Mon pauvre, maugréa Ivar, tu es beaucoup trop malchanceux pour ça… »

Mes impressions, du Young Adult pas si young que ça

Couverture :
Coup de coeur pour la couverture. Qu’on se le dise, elle est magnifique, énigmatique, sombre,… Merci Aurélien Police pour ceci, l’illustration rend vraiment hommage à la noirceur de l’atmosphère du texte. Comme quoi, pour qu’une personne soit attirée par un livre, la couverture a toute son importance.

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Avis sur le texte :
Si certains peuvent être gênés par le manque d’informations sur le lieu ou l’époque, l’on peut facilement imaginer un monde nordique version Moyen-âge, avec les jarls, la météo, le détails des villages, les châteaux, les berserkirs… Narration centrée sur les trois protagonistes, il n’est pas vraiment nécessaire d’en savoir beaucoup plus car le monde dans lequel ils sont jetés leur est totalement inconnu, comme pour nous. La famine qui frappe les villages est le principal problème et il est interdit de chasser sur les terres des nobles seigneurs pour essayer de survivre, ce que malheureusement, nos héros vont faire.
Le terme « Berserkir » (dans notre réalité « Berserker ») désigne des monstres mi-homme mi-bête, se transformant grâce (ou à cause, c’est selon) à un ver parasite bien moche nommé le « lehrling » qui prend possession de votre âme et vous transforme en bête assoiffée de sang en l’espace de sept jours (plus ou moins).
Nos trois protagonistes que sont Ivar, Kaya et Oswald en feront la terrible expérience lorsqu’un jeune jarl les surprendra à chasser sur ses terres.
Le récit commence piano avec quelques mezzo forte, le tout accelerando pour aller crescendo dans la noirceur, la cruauté et le rythme (oui, avoir joué de la musique aide un peu). Certains passages sont difficiles car l’on souffre avec Ivar (surtout lorsqu’ils essaient de sortir du village pour se rapprocher des menhirs truffés de runes qui leur fait perdre la raison). L’immersion est totale et les espoirs comme les déceptions sont vécues avec intensité. Chaque étape, chaque journée de passée, chaque soirée à guetter, difficile d’être plus sous tension qu’après l’inoculation du ver. Car ce n’est pas parce que vous l’avez que les berserkirs vont vous laisser tranquille, néni mes amis.
Je me suis souvent retrouvé en Ivar, pour le côté lent à la détente sur des faits pourtant évidents. Le pire, c’est que j’étais autant à la masse que lui sur certains points, ce qui confirme que de nombreuses surprises jalonnent le texte. Les personnages de Kaya et Oswald, bien que clichés en certains points, sont très recherchés et leur évolution au fil du temps est vraiment intéressante, voire surprenante.
L’histoire cachée derrière le récit principal (trouver le Roi Fauve pour espérer guérir, et à supposer qu’il existe) est très bien recherchée également et l’on se retrouve avec deux situations qui déchirent Ivar de l’intérieur et qui, au final, se rejoignent dans une logique aussi cruelle qu’étonnante. 
La grande force du récit réside dans cette façon de jouer avec les sentiments du lecteur, de l’embarquer dans chaque chapitre et de lui donner envie de lire le suivant sans se poser de question, tout en gardant un rythme soutenu. L’écriture d’Aurélie est un régal pour ceux qui aiment les lectures intenses.
Bien qu’étant proposé dans la catégorie Young Adult, il y a pas mal de passages qui laissent penser que ce récit dépasse le cadre dans lequel il a été placé, notamment à cause (ou grâce) de certaines scènes que l’on pourrait qualifier de gore. Un parfum de Dark Fantasy flotte dans la lecture.
L’auteur met en parallèle un côté intéressant, celui des berserkirs qui se transforment en monstres dénués de raison et fous de rage sans le vouloir et celui de notre propre rage intérieure, celle qui nous fait pêter les plombs quand des situations nous échappent et que l’on ne trouve rien de mieux à faire qu’à hurler tout son soul de désespoir.
L’une des seules choses qui m’a gêné dans la lecture, c’est l’incroyable résistance des protagonistes à la faim, au froid et aux épreuves qu’ils traversent, même avant que leur soit inoculé le ver (l’une des premières scènes avec Ivar qui est sur le point de tomber dans le ravin mais qui résiste malgré la faim, le gel et une flèche d’arbalète dans l’épaule…). Bah, je suppose que c’est le côté épique de l’aventure qui veut ça. Je m’attendais également à peut-être plus de dangers pour les protagonistes (mon côté sadique qui ressort de nouveau…???) qui passent beaucoup de temps à marcher, à réfléchir, se poser des questions sur le quand et comment ils perdront leur humanité,… Je noterai également que je m’attendais à plus de berserkirs. Mais quand c’est bon on en veut toujours plus, plus loin, plus haut, plus fort ❤ … Ahem… Pardon…
Une fin épique vient couronner le tout, aussi surprenant par endroits qu’il n’est anticipable et réconfortant à d’autres. Un passage de fin est également très satisfaisant mais pas de spoil !

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« Ses bottes s’arrachèrent à l’herbe. La jeune fille tendait les mains dans sa direction – puis son corps éclata, ses organes giclèrent de tous côtés en une explosion géante. Des projections rosâtres et molles éclaboussèrent Ivar. »

Ce que j’ai aimé

  • La couverture, sans aucun doute. Sombre et évocatrice, elle annonce la couleur du texte et représente bien l’esprit du livre. Puis elle est tout simplement superbe !
  • Monde imaginaire, nordique (avec de petites connotations slaves ?), le dépaysement est présent et les décors vous feront frissonner. De plaisir, de froid ou de peur, ça, c’est à vous de voir 😉
  • L’écriture d’Aurélie, grande force de ce livre. La maîtrise de ses personnages et de leur psyché, la fluidité du texte, les moments sanglants sans prise avec des pincettes, utilisation de la tension à son maximum, réflexions sur la nature humaine en dualité avec la monstruosité des bêtes, bref, le kiffe !
  •  Du Young Adult pas si Young car certains passages sont assez violents et une grande noirceur se dégage du texte. On est pas loin du livre d’Horreur sans vraiment l’atteindre pour qu’il soit accessible au plus grand nombre. On pourrait même parler de Dark Fantasy (mais le Senseï Apophis me corrigera peut-être).
  • Les berserkirs sont vraiment bien pensés, et toute la mythologie qui les entoure est crédible et bien distillée.
  • Des protagonistes qui, bien que souffrants de quelques clichés et d’une résistance énervante, vont connaître des évolutions surprenantes.
  • Une fin vraiment sympa et plusieurs revirement de situations qui mettent de l’intensité et nous tiennent en alerte tout au long de notre lecture.

Ce que j’aurai aimé, ce qui m’a dérangé

  • Des héros, comme souvent dans le Young Adult, trop résistants. Mais bon, je suis tatillon.
  • On aurait aimé plus de berserkirs et plus de présences de leur part lors des pérégrinations de nos protagonistes, pérégrinations qui vont devenir parfois longues. Mais lorsque l’action n’est pas présente, c’est le côté psychologique qui prendra la relève pour maintenir le lecteur aux aguets.

Conclusion

Un véritable coup de coeur lorsque je l’ai lu en voyage à Barcelone fin 2016. Un récit fluide, assez nerveux, proposant une histoire créative et pleine de suspens. Le travail d’écriture d’Aurélie Wellenstein contribue beaucoup à l’appréciation du texte. De mon point de vue, assez peu de points négatifs. On prend vraiment plaisir à lire ce récit qui propose, certes, une quête pour la survie avec des jeunes d’une vingtaine d’années, mais il s’en dégage une certaine maturité. Les éléments naturels rudes, la famine, la lutte permanente pour rester en vie, tout pour forger des êtres humains qui deviendront des monstres aussi rudes que les épreuves qu’ils auront traversés. Il y a également cette course contre la montre qui apporte ce sentiment d’urgence à chaque instant. Et l’animal en lequel vous vous transformerez sera le reflet de votre misérable existence ! … Pardon… Je m’emporte … Donc … Un texte agréable, fluide et rapide à lire, une couverture d’enfer, de la noirceur teintée d’espoir, une fin plus que satisfaisante, tous les éléments sont réunis pour passer une très bon moment de lecture. Je vous le souhaite en tout cas 😉

Note

9,5/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

D’autres avis d’experts, c’est par ici –> Entre deux lignes, Caves de Troll (Célinedanaé), Aelinel, Manon Ombrebones, Les Fantasy d’Amanda, le Bibliocosme, Les pages qui tournent, Walkyrie, Blackwolf, Eleyna, La rivière des mots, Amarüel, Madame Lupin, Pause Earl Grey,…

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24 réflexions au sujet de « Avis Lecture : Le Roi des Fauves (A.Wellenstein) »

  1. Figure toi que tu m’apprends qu’il s’agit normalement de young adult car quand je l’ai lu je pensais découvrir un roman vraiment pour adulte OO c’était si sombre et malsain ! Je l’ai adoré moi aussi. Merci pour le lien d’ailleurs 🙂

    Aimé par 1 personne

    1. Les héros ont la vingtaine donc oui on est dans du YA mais l’univers proposé est très mature ainsi que les persos donc bon, on oublie rapidement qu’on est dans le 1er cas de figure.
      Mais you’re welcome 🙂

      J’aime

      1. Je ne sais pas si seul l’âge des héros compte.. Dans je suis ton ombre de Morgane Caussarieu le personnage principal a une douzaine d’années et pourtant c’est pour adulte :’) pour moi le classement éditorial se fait plutôt par public cible que par l’ âge des perso. Après c’est pas fondamentalement important xD mais je suis en train d’écrire un roman dont le héros a 13 ans et c’est pas destiné spécialement à un public de 13 ans ^^

        Aimé par 1 personne

      2. Mmh, il me semble que l’âge des persos du livre détermine (en partie en tout cas) la catégorie. Après, comme tu dis, je suppose que ça dépend de l’histoire proposée et des éditeurs qui classifient à leur sauce les genres.
        Mmh, qu’est-ce que tu vas nous sortir avec un gosse de 13 ans ? Je sens que ça va être ssoooo Dark 😀

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  2. Normalement l’aspect YA a tendance à m’éloigner du bouquin, même si j’en lis de temps à autre. Ta belle chronique m’incite à y jeter un oeil, surtout que tu confirmes quelques bons retours à la fois sur la plume mais également sur la qualité du récit.

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  3. Je crois que c’est mon préféré d’Aurélie Wellenstein, même si j’ai beaucoup aimé Mers mortes, également. C’est aussi le premier que j’ai découvert d’elle et, depuis, je suis devenue fan ^^.

    Je suis d’accord avec toi sur le côté plus adulte que YA. Franchement, c’est un peu sombre comme univers, un peu dur comme scénario pour le destiner à des jeunes, mais bon… L’éditeur avait sûrement ses raisons 😉.

    Merci pour le lien ! 😉

    Aimé par 1 personne

    1. De rien ^^
      Oui je crois que ça restera notre préféré car si on est sensible à ce type de lecture, elle nous marque (et 1er livre d’une auteure que l’on découvre, si c’est un coup de cœur, on reste sur celui-là quoi qu’il arrive). Va savoir pourquoi ils ont classé cela YA, mais je crois que c’est à cause des 3 protagonistes.

      Aimé par 1 personne

  4. Je ne l’ai toujours pas lu alors que 2 de ses livres sont dans ma PAL mais on a bien discuté avec Hélène et mon chéri lors de la rencontre des nominés du PLIB et des blogueurs, elle est très abordable et intéressante

    Aimé par 1 personne

    1. Oui j’avais lu une partie de ta chronique et je me rappelle que tu n’avais pas du tout été transportée ^^ bah je suppose que le thème ne te transportait pas. Mers Mortes saura peut-être te convaincre ?

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