Avis Lecture : Etherval, la revue de l’imaginaire (Numéro 12) : Erratum

Édito :

« Lorsque j’ai lancé l’idée d’un thème sur l’Administration, j’ai vu des yeux s’écarquiller, d’abord d’effroi, puis d’une flamme brillante avec un rire contenu. Car, qui n’a pas une histoire à conter avec notre douce administration ? Un récit digne d’un roman d’horreur, d’une course éperdue aux cent rebondissements, d’une pièce de théâtre ubuesque ou d’une tragédie grecque, quand ce n’est pas une référence à Dostoïevski qui surgit à l’esprit. Pourtant, sans ces règles, ces lois, ces hommes et ces femmes de cette Grande Administration qui quelque part est aussi l’âme de notre société, notre monde ne sombrerait-il pas dans le chaos ? Ne seriez-vous pas alors prêt à n’importe quel pacte ou contrat pour sortir de la tête hors de l’eau ? Mais… un contrat honnête où s’enrichissent les deux parties ? Ou l’un de ces pactes avec le surnaturel où le remède est souvent pire que le mal ?
« Amboise le bienséant », de Julie Limoges, se retrouve confronté à l’inconvenance d’une annonce de divorce. Trouvera-t-il une solution honorable au guichet d’une entreprise mafieuse respectable ? « Petit Démon » ou grande ambition, chez Agnès Lamouroux ? En tout cas, une mise en abîme avec un récit où une écrivaine se demande si elle est prête à tout pour voir éditer son premier roman. Le « Ne signe pas ça, Chloé », de Stéphane Croenne, ne vous laissera pas indifférent, car tout sera-t-il à vendre dans nos sociétés de demain ? Un peu d’exotisme s’invite dans « Mauvaise blague », de Stéphane Lesaffre, mais la richesse n’empêche pas de subir bien des déboires, même quand on pense avoir lu toutes les petites lignes de ses contrats. Dans « Ciré Jaune », d’Ina Siel, affrontons les affres de la colocation, mais surtout de la différence et du handicap, quand on se retrouve aveugle à la magie dans un monde où elle abonde. Un administrateur et un voleur mercenaire parviendront-ils à agir « Ensemble » dans une situation d’urgence ? Une aventure spatiale, signée Andréa Deslacs. « Le Prix du désir », de Coralie Avenel, s’élève à combien ? En argent, en âme et aussi en cette avidité qui ronge les cœurs jusqu’à les transformer, et faire disparaître la flamme pure de ce que nous avons été ? « Surchage », de Tarik Kellou, finit notre revue sur une note d’humour rock-and-roll, à la hauteur de l’artiste déjanté qui nous invite à son enterrement.
Etherval, c’est également un article sur notre thème, signé Catherine Loiseau et Rachel Fleurotte, ainsi qu’une présentation du Guide de la SF et de la Fantasy de Karine Gobled.

                                                                                       Andréa Deslacs, rédactrice en chef »

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Mes impressions, un thème surprenant et joliment mis en valeur

Cette revue fut une occasion pour de nombreuses « première fois ». Tout d’abord il fut le premier résultat de ma distribution de « carte de visite » du Blog lors d’un salon. Ensuite, première collaboration avec Madame Deslacs que je remercie encore une fois chaleureusement pour l’envoi (papier et numérique). Première fois également en ce qui concerne la critique d’une revue littéraire et première lecture d’un thème aussi improbable que celui de l’Administration.

Je prends le train assez tard car il s’agit quand même du douzième numéro de cette revue, que je ne connaissais que de vue lors de différents salons que j’ai pu côtoyer ces dernières années. Lorsque la rédactrice en chef me proposa de lire et de chroniquer ce numéro, je n’ai pas hésité. Bien m’en a pris !

Pour cause de Coupe du Monde, j’ai pris beaucoup de retard dans la lecture, mais chaque nouvelle fut une vraie surprise et un délice d’originalité. Je n’ai peut-être pas forcément saisi la fin de l’une ou l’autre nouvelle, mais globalement j’ai pris beaucoup de plaisir à toutes les lire. La créativité est le maître mot sur ce sujet pourtant banal qu’est l’Administration et qui, pourtant, permet d’imaginer mille et unes histoires toutes aussi incroyables les unes que les autres. La plupart des genres de l’Imaginaire se rencontrent autour de ce thème unique. Notons également les illustrations de nombreux artistes qui viennent étayer chaque nouvelle et permettent de se faire une excellente représentation de ce qui se passe dans chacune d’entre elles.

Petit récap !

Les nouvelles

  • Ambroise le bienséant (Julie Limoges) (Illustrations : Anthony Oliveira) : On démarrait fort ce numéro avec une nouvelle étonnante. Bien que l’idée principale soit du déjà vu (je pense forcément à Astérix cherchant le laisser-passer A38 au sein d’une administration qui le fait tourner en bourrique dans les 12 travaux d’Astérix). Mais la créativité de l’auteur et les illustrations mettent en avant un univers riche et doté de coutumes bien étranges et où la bienséance n’est pas un vain mot. Même le meurtre doit être honorable et réalisé dans « les règles ». L’on retiendra des habitudes bien étranges comme le fait de s’excuser 21 fois ou la triple courbette du regret pour que cela semble sincère. Bref, un condensé de bonnes idées porté par une écriture directe et très visuelle. Une de mes favorites.

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  • Petit Démon (Agnès Lamouroux) ( Illustrations : Thierry Nicolson) : Peut-être l’une des plus touchantes nouvelles de cette revue. « Jo », Margueritte de son prénom, essaie de vivre sa vie en ville mais tout s’écroule autour d’elle. Quand un repas asiatique l’amène à rencontrer un démon qui exaucera son vœu le plus cher contre son âme, sa vie bascule. Insouciance, émotion et ironie sont les maîtres mots de ce petit texte qui devrait plaire à tous ceux qui rêvent secrètement (ou ouvertement) de devenir une star de la littérature.
    Pas fan du style des illustrations, elles mettent cependant bien en valeur le texte dans son ensemble.

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  • Ne signe pas ça, Chloé ! (Stéphane Croenne) (illustrations : Koize et Stellie) : Que seriez-vous prêt à vendre pour que les vôtres survivent ? Jusqu’où ira-t-on dans le besoin constant d’acheter, de dépenser et de posséder ? Écrite sous forme de mails échangés et d’un mini-dialogue à la fin, cette nouvelle est de loin la plus glauque de toutes. Même si l’idée paraît plus que loufoque, les excès de l’homme pourrait peut-être un jour nous amener à une situation telle que décrite ici. Quant aux illustrations, le texte est très court et il était difficile de le mettre en avant avec des images qui, ici, n’apportent pas grand chose comme valeur ajoutée (indépendamment de leur qualité).

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  • Mauvaise blague (Stéphane Lesaffre) (Illustrations : Thomas Convers) : L’administration prend des airs orientaux dans cette nouvelle. Le mot blague a un double sens dans ce contexte et il sera compliqué au riche Malwin de faire valoir ses droits lorsqu’on lui aura dérobé un objet précieux. Toujours bien lire un contrat avant de le signer, surtout lorsqu’il s’agit d’une assurance proposée par des mercenaires influents et douteux. Les illustrations sont belles et colorées, mettant en avant de jolie manière le contexte.

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  • Ciré jaune (Ina Siel) (Illustrations : Sarah Feruglio) : Un texte très créatif où une personne ordinaire, appelée plus communément un « ciré jaune », vit dans un monde où règne la magie et où elle essaie tant bien que mal à s’y faire une place. Le protagoniste ne peut voir ou ressentir quoi que ce soit de magique, il est « imperméable ». Quel handicap ! Un texte basé sur la vie en collocation, la différence et ceux qui essaient de profiter de cette différence pour la tourner à leur avantage. Les illustrations de ce texte sont probablement les plus belles de toute la revue, d’une excellente qualité et d’une justesse telle que vous pouvez vous immerger dans le texte sans effort.

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  • Ensemble (Andréa Deslacs) (Illustrations : Thomas Convers) : probablement la nouvelle qui m’a le plus plu (et je ne dis pas ça parce qu’il s’agit de la rédactrice en chef, entendons-nous bien 🙂 ). C’est le texte qui bouge le plus, l’univers bâtit en quelques pages est cohérent et intéressant, les personnages attachants malgré la situation, suspens et action sont au rendez-vous,… Je pense pouvoir dire qu’il s’agit probablement du texte le plus complet de la revue. Et là encore, quelle originalité rien que dans la création du personnage principal, par exemple.
    Les illustrations proposées mettent très bien en valeur le mercenaire ainsi qu’Ernest Tempest, un administratif très au fait des lois qui régissent l’univers et qui pourrait bien être tout aussi utile qu’agaçant.

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  • Le Prix du désir (Coralie Avenel) (Illustrations : Aghda) : La nouvelle, peut-être, la plus poétique et la plus émotionnelle. L’on va suivre les aventures d’une plume magique qui sera recueillie par un certains Kylias, alchimiste sans talent et pour qui la vie va basculer suite à cette rencontre. Mais les bonnes rencontres peuvent parfois en engendrer de mauvaises. Quel prix êtes-vous prêt à payer pour obtenir ce que vous souhaitez ? Et malheur à celui qui n’aurait pas l’intention de signer. Lisez toujours bien votre contrat car chaque mot a son importance. Quant à la soif de pouvoir, elle vous satisfera un temps, jusqu’à corrompre votre âme.
    Des illustrations qui proposent de jolis coloris mais dont le style ne m’a pas accroché.

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  • Surcharge (Tarik Kellou) (Illustrations : Armelle Le Golvan) : le texte le plus drôle assurément, mais qui prouve que l’administration et les contrats sont des arts à part, qui traversent les frontières et parfois même les cieux. Car les divinités ont des contrats sur les âmes des vivants. Tout dépend de l’état d’ébriété dans lequel se trouve le futur défunt et de la formulation de son contrat. Car n’est pas une rockstar qui veut et même si la mort s’est emparée du grand Nicolas Bolan, il a néanmoins connaissance de toutes les ficelles pour essayer de ne pas respecter les contrats qu’il a contracté auprès de Satan et des autres divinités à qui il a promis son âme. Une chouette histoire mais les illustrations ne sont, à mon sens, pas au niveau du texte. Ici c’est clairement une question de goût personnel et je n’ai pas vraiment d’autres explications. On dénote cependant une ressemblance entre Nicolas Bolan et un certain Jean-Claude Vandamme au niveau du faciès.

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  • Notons également l’Index et Memento De Catherine Loiseau et Rachel Fleurotte qui ont réuni des livres de SFFF où le thème de l’administration est très présent.
  • Présentation d’un livre par Andréa Deslacs. Il s’agit ici du livre : Le guide de la SF et de la Fantasy de Karine Gobled.
  • La revue se termine avec « Les Missives d’Etherval ». Enquête sur le fonctionnement du comité de lecture et de sélection des textes.

Conclusion

Une première pour moi dans le cadre de la lecture et de la critique d’une revue littéraire. Lorsque l’on lit le thème, à savoir l’Administration, l’anxiété vous gagne automatiquement. En effet, le thème proposé n’est pas vraiment la tasse de thé de beaucoup de monde et ce titre aurait pu me rebuter d’entrée de jeu. Et pourtant. Pourtant, le charme a opéré. Comme quoi, ne vous fiez pas uniquement au thème ou au titre d’un ouvrage ! Originalité et créativité sont les maîtres-mots de cette revue aux nombreuses surprises. L’on sera ravi de lire ces textes courts mais bourrés de bonnes idées et agrémentées de superbes illustrations pondues par des artistes talentueux (pour ma part, je regrette qu’il n’y en ait pas eu davantage pour sublimer encore un peu plus les textes mais je suis gourmand de nature ❤ ).
Je ne peux que vous pousser à franchir le pas et de vous procurer cette revue, que cela soit ce numéro ou un autre (car je ne doute pas que les autres numéros soient d’un niveau au moins aussi bon que celui-ci), créée par un collectif d’auteurs bénévoles dont il faut louer la passion et la qualité. Je remercie encore une fois la rédactrice en chef pour l’envoi de cet ouvrage qui fut une belle et intéressante surprise !

Note

8,5/10

Si vous avez apprécié cette critique (ou pas), n’hésitez pas à commenter. Si vous l’avez déjà lu ou si vous avez des questions spécifiques au récit, laissez une trace de votre passage 🙂

 

 

16 réflexions au sujet de « Avis Lecture : Etherval, la revue de l’imaginaire (Numéro 12) : Erratum »

  1. Ça n’a pas de rapport avec la revue Etherval, mais puisque tu évoques la Coupe du Monde en introduction et qu’il est difficile de trouver dans nos milieux littéraires des gens qui ne méprisent pas le foot : je te souhaite un bon match demain soir ! Évidemment, j’espère que les Bleus se qualifieront pour la finale, mais les Diables Rouges feraient aussi de beaux champions du monde. Il y a de sacrés bons joueurs par chez vous !

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    1. Haha ! J’avoue que le foot sur la Blogosphère ou dans le milieu littéraire en général c’est un peu tabou mouahaha !
      Oui je crois que nous aurons droit à un beau match et que le vainqueur sera le probable futur vainqueur du tournoi (tant que c’est la Belgique qui passe… mouahaha !) mais il ne faut pas sous-estimer les anglais et les croates mêmes s’ils seront plus fatigués suite à leurs prolongations. Je pense que la Belgique et la France sont deux équipes aux potentiels d’attaque énormes, nous avons juste des joueurs plus âgés et plus expérimentés (et beaucoup prendront leur retraite après ce mondial et ce sera compliqué pour les remplacer).
      Quoi qu’il en soit, bon match à toi également demain 🙂

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    1. Je fais aussi une parenthèse sur le foot (que j’apprécie, mais chut) : me voilà bien embêté.
      Je passe le WE en Belgique. Je supporte l’équipe de France, mais j’ai une franche sympathie pour nos amis belges (que je souhaitais voir gagner, si la France ne réussissait pas à aller loin). Là, vraiment, quel dilemme !
      Que le meilleur gagne, et j’espère que si la Belgique va en finale, elle ramènera la coupe du monde !

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      1. Aaaahh du fair-play ça fait du bien ^^ lol. Oui que le meilleur gagne (mais comme je dis toujours, tant que la Belgique sorte vainqueur au final haha ! 😀 ). Mais quoi qu’il arrive je crois qu’on aura un très beau match 🙂 Que le meilleur gagne !

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